Actus par Maddyness avec AFP
11 novembre 2021
11 novembre 2021
Temps de lecture : 3 minutes
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Le salon du "Made in France" accaparé par les prétendants à l'Elysée

Le salon du "made in France" se déroulera du 11 au 14 novembre à Paris. Un rendez-vous éminemment politique en 2021 alors que les thèmes de souveraineté et de réindustrialisation dominent la pré-campagne présidentielle.
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Ludovic MARIN / AFP

Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et le polémiste Eric Zemmour sont attendus jusqu'à dimanche au salon du "made in France" pour une édition très politique à quelques mois de l'élection présidentielle.  Un débat sur le thème du patriotisme économique réunira plusieurs d'entre eux vendredi à 14h00 dans l'enceinte du salon. Fait unique, Arnaud Montebourg, fervent défenseur du "Made in France" lorsqu'il était ministre de l'Industrie à Bercy, sera à la fois présent en tant que responsable politique et en tant qu'exposant, avec son miel de repeuplement "Bleu Blanc Ruche".

La manifestation accueillera 830 exposants contre 570 lors de sa dernière édition en 2019, et moins de 80 lors du premier salon, en 2012. Pour sa fondatrice Fabienne Delahaye, la crise sanitaire a rendu "aveuglant" le manque de production française et la désindustrialisation dont souffre le pays "depuis 40 ans". "Souvenez-vous lorsqu'il y a un an, tout le monde se battait sur les tarmacs pour avoir des masques chirurgicaux importés, ou cherchait partout des respirateurs, et même du doliprane", dit-elle à l'AFP. Elle se réjouit qu'Emmanuel Macron ait capté ce signe des temps et organisé depuis deux ans à l'Elysée une exposition du "Fabriqué en France" pour promouvoir les savoir-faire d'entreprises qui ont choisi de maintenir leur production sur le territoire national.

Une demande de relocalisation

"C'est désormais une demande générale, et même mondiale, les Italiens veulent plus de made in Italy et les Américains plus de made in USA, mais il se trouve qu'en France on a particulièrement désindustrialisé en envoyant toutes les usines en Asie" , note-t-elle. Exemple frappant, le textile, où le nombre d'emplois est passé de 600 000 à 60 000 en vingt ans. Chaque année, 88 millions de jeans sont vendus en France, dont "à peine 100 000 sont fabriqués en France", dit-elle.

Le salon accueille plusieurs résistants du denim, dont la startup 1083 ou les jeans des Cévennes Tuffery, installés à Florac en Lozère. "Il n'y a pas que des conséquences sur l'emploi, mais aussi sur la balance commerciale: plus nous fermons d'usines plus nous importons de marchandises, et plus le déficit commercial s'accroît" , relève Fabienne Delahaye, soulignant que "ce qui coûte cher c'est le made in ailleurs".

À cinq mois des présidentielles, et alors qu'Emmanuel Macron a appelé mardi soir les Français à "résister au nationalisme" , l'organisatrice du salon balaie d'avance toutes les critiques sur le protectionnisme économique qui l'accompagne parfois et menace la liberté du commerce mondial. "Nous avons beaucoup de marge avant que tout le pays se referme, en 30 ans, la France a perdu 30% de ses emplois industriels et il s'agit de pertes qui ont un coût collectif pour les salaires, les cotisations sociales, pour le climat aussi" , dit-elle.

De nombreux jeunes entrepreneurs viendront montrer leurs créations telles "Bob le lave-vaisselle" le plus petit lave-vaisselle existant sur le marché, les chaussettes Archiduchesse ou le "crayon d'assaisonnement" lancé par OCNI (objet culinaire non identifié). Le salon accueille également des prothésistes dentaires venus défendre leur métier face aux importations à bas coût. Pour la première fois, il s'est aussi ouvert au secteur des services, lui aussi menacé par les délocalisations, après l'industrie. Il accueille ainsi une agence de communication, une société spécialisée dans les cartes-cadeaux ou les assurances à la personne.