Décryptage par Maddyness, avec AFP
14 février 2022
14 février 2022
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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FemTech : ces startups qui accompagnent la santé des femmes

Des technologies pour suivre son cycle menstruel ou diagnostiquer l'endométriose : les FemTech, des sociétés dédiées à la santé des femmes, connaissent un bel essor, en répondant à des besoins qui n'avaient pas encore été adressés jusqu'ici.
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Contraction de "female" et "technology", le terme de FemTech -assez fourre-tout-, regroupe les sociétés ayant développé des technologies destinées à améliorer la santé et le bien-être des femmes. Et le moins qu'on puisse dire de ce marché émergent, c'est que la palette de sujets et de problèmes adressés est large.

Un foisonnement de solutions

À Lille, dans le nord de la France, la société Lattice Medical travaille ainsi à la reconstitution mammaire de femmes ayant subi une ablation du sein, en raison d'un cancer. La startup, créée en 2017, a ainsi développé un implant qui régénère les tissus adipeux de la patiente. "Nous proposons une alternative à l'implant en silicone : un implant imprimé en 3D, qui utilise un biomatériau entièrement résorbable" , explique Julien Payen, cofondateur de la société, qui table sur un essai clinique d'ici à la fin de l'année.

D'autres startups ont dans leur viseur l'endométriose comme Ziwig. Co-fondée et présidée par l'entrepreneur Yahya El Mir, la société travaille sur un un test salivaire qui permet, dit-elle, la détection précoce de toutes les formes d'endométriose, chez des femmes souvent en errance médicale. Ce test repose sur la technologie du séquençage à haut débit et fait appel à l'intelligence artificielle. Ziwig a également mis en place une plateforme de suivi pour les patientes. "Nous sommes en discussions avec les autorités de santé en France" , indique Yahya El Mir, qui reconnaît "une sensibilisation du public, grâce au travail des associations de patients" .

Le cycle menstruel fait aussi l'objet de nouvelles applications, destinées à déterminer le moment de l'ovulation par exemple. Sans oublier les solutions post-accouchement. La jeune pousse strasbourgeoise, Fizimed, a ainsi développé une sonde de rééducation du périnée, connectée à une application mobile, qui permet à chaque femme de faire ses exercices "chez elle, en toute intimité, avec un aspect ludique pour favoriser sa motivation" , détaille Emeline Hahn, sa fondatrice. Cette sonde, déjà commercialisée, est même remboursée en Allemagne.

Si ces solutions semblent répondre à des besoins réels parfois peu pris en compte par les entreprises médicales, elles ne font pas toute l'unanimité. L'application de contraception Moonly et son homologue suédoise Natural Cycles ont fait l'objet de vives critiques de la part du corps médical et même d'une enquête de l’agence suédoise du médicament pour la seconde.

En faire des sujets de société

L'émergence de ces sociétés marque un changement de mentalité, mettant en lumière des thèmes négligés jusqu'à très récemment : les particularités de la santé des femmes. "C'est un mouvement qui démarre, il y a un changement de braquet sur ce sujet. On parlait plus de cancer de la prostate que d'endométriose" , analyse Chahra Louafi, directrice d'investissement spécialisée dans la santé pour Bpifrance, la banque publique d'investissement française. "La parole s'est libérée."

Le marché représenterait 50 milliards de dollars en 2024, selon le cabinet américain Frost & Sullivan, de quoi donner envie à certains investisseurs de se pencher dessus. Si les estimations varient, ce secteur concerne potentiellement la moitié de l'humanité. De son côté, Julien Payen se dit optimiste : "Il existe de plus en plus de projets qualitatifs dans ce secteur" qui attire de plus en plus d'investisseurs, estime-t-il. Mais il reste du chemin, admettent les entrepreneurs.

"Les FemTech utilisent des mots peu utilisés, comme vagin, utérus. Or, tout le monde ne va pas à la même vitesse" , remarque Emeline Hahn. Sur des plateformes de vente en ligne aux États-Unis, "certains dispositifs de rééducation du pelvis sont considérés comme des "produits pour adultes" , regrette-t-elle. Ou quand les produits de santé sont transformés en godemichés par les algorithmes des géants du net... "Il reste beaucoup à faire" , abonde Yahya El Mir, notant que les investisseurs "vont habituellement sur des pathologies classiques qui drainent beaucoup d'investissements. Sur la santé des femmes, il y a peu d'acteurs" . Une question d'argent, mais pas seulement, juge-t-il. "Le financement est un élément important, mais ces questions doivent être un projet de société."  Afin de lever de trop nombreux tabous qui empêchent encore de soigner correctement des femmes, avec ou sans l'aide des startups.

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Crédit : Priscilla du Preez