15 juillet 2022
15 juillet 2022
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
10087

Thecamp cherche à industrialiser son modèle pour devenir rentable

Plein d’ambition lors de son ouverture en 2017, Thecamp a connu une sombre période qui a mené la structure à un plan de session. C’est finalement Kevin Polizzi, figure de la French Tech Aix-Marseille et président d’Unitel group qui en devient le seul actionnaire. Un nouveau chapitre s’ouvre pour le campus qui s’est fixé comme mission de devenir rentable.
Temps de lecture : 4 minutes
Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.
Légende photo :
Crédit : thecamp, de nuit

Fonder un campus de 7 000m2 au coeur de la nature, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour imaginer, penser et développer la ville intelligente de demain et le futur du travail. Le projet semble fou, mais Frédéric Chevalier réussit à lui donner vie en 2017 avec pour ambition d'en faire un lieu majeur de l'innovation et d'idéation. Mais la disparition de son fondateur, dans un tragique accident de moto, frappe le projet encore pleine structuration. Repris, celui-ci est "géré comme une startup" avec des gestionnaires qui "dépensent sans compter" , analyse Kevin Polizzi. Un modèle qui vise la croissance avant tout et va subir de plein fouet la pandémie et ses confinements qui vont geler son activité.

Les difficultés financières de la structure commencent à être évoquées dans la presse mi-juillet 2020, la société serait proche de la faillite selon certains médias. Quelques mois plus tard, Thecamp fait l’objet d’un plan de cession. "Il y avait beaucoup de concurrence internationale pour récupérer le campus" , confie le président d’Unitel. Il faut avouer que le lieu ne manque pas d’attrait et la région non plus - tant pour les salariés que les entrepreneurs qui disposent désormais d'un écosystème solide et d'un soutien de la région pour s'implanter. "Il fallait absolument que le site reste notre propriété nationale" , poursuit Kévin Polizzi, qui rappelle qu’Unitel a déjà pris plusieurs dizaines de participations dans des entreprises innovantes ou traditionnelles et que cette acquisition vient parfaitement compléter sa stratégie et sa vision. 

Pivoter pour mieux revenir à l’idée de base

Avec son actionnaire unique et une nouvelle tête - Stéphane Soto et Francis Papazian prennent respectivement les postes de président et directeur général - Thecamp ouvre un nouveau chapitre de son histoire.

Pas question pour autant de repartir de zéro. "Nous allons continuer à promouvoir l’idée originale de Frédéric Chevalier visant à faire de thecamp un laboratoire de la ville intelligente et du futur du travail" , tient à préciser Kevin Polizzi. Avec néanmoins quelques changements à la clé et surtout un objectif clair et précis : devenir un rentable.

À l’avenir, Thecamp proposera un programme de formation aux transformations digitales, environnementales et managériales. "Jusque là, rien de très innovant, glisse le président d’Unitel qui s'empresse d'ajouter, nous ajoutons deux briques technologiques avec la 5G, l’IA et la cybersécurité d’un côté et la réalité augmentée, la réalité virtuelle et le métavers de l’autre."

L’objectif de la nouvelle direction sera de réussir à industrialiser ces formations pour les rendre accessibles au plus grand nombre et non à quelques privilégiés. Entrepreneurs, entreprises, sous-traitants mais aussi collectivités publiques sont donc attendus par la structure. Pour attirer des talents, Thecamp a déjà commencé à nouer des partenariats avec des organisations territoriales, mais aussi des clusters parisiens. "Il faut décloisonner la formation" encore trop centralisée à Paris, regrette t-il.

Se réorganiser avant la rentrée 

Une proposition qui répond aussi à une envie des salariés, de plus en plus nombreux à vouloir quitter la capitale, et pousse les scaleups à ouvrir des bureaux en région. "Nous allons ouvrir un espace de coworking de 400m2 pour ces scaleups justement qui veulent offrir un espace de travail et d’innovation à leurs salariés."

Avec sa nouvelle vision, Thecamp vise évidemment les sociétés nationales, mais pas seulement. "Nous ciblons le bassin méditerranéen, la zone Sud de l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique" , détaille t-il.

Maintenant que cette reprise et ce changement de tête ont été annoncés, il est temps pour l’équipe de se mettre en action. "Nous allons réoganiser la structure cet été. Je reçois un à un les 100 collaborateurs de la structure, poursuit Kevin Polizzi. Il y aura des décisions difficiles à prendre" mais nécessaires. L’idée est d’aller le plus rapidement possible pour enclencher ce nouveau chapitre. D’où la sélection d’un entrepreneur à la tête de la structure et d’un expert en management de transition avec Francis Papazian. "Je crois que c’est ce qui a surtout manqué à Thecamp" , avoue t-il. 

Deux hommes qui auront en charge trois grands chantiers dans les prochaines mois : rendre accessible l’offre, augmenter la qualité des services et apporter de l’innovation dans la structure.