Alors qu’en 2010 les datas centers s’évertuaient à se débarrasser de la chaleur produite par les serveurs informatiques, Qarnot Computing faisait figure de précurseur en cherchant à valoriser cette énergie : " Un mégawatt-heure d’énergie consommé par un serveur engendre en moyenne 53 % d’énergie consommée en plus pour évacuer la chaleur ", précise Paul Benoit, président et cofondateur de Qarnot Computing.

Anticipant la croissance du nombre de centres de données et l’augmentation de leur taille, la startup évalue qu’actuellement 3 à 5 % de l’électricité mondiale et française est consommée par ces structures. " D’ici 2030, cela devrait représenter 10 % de l’électricité consommée. Ce chiffre double tous les cinq ans depuis la création de l’informatique. ". Face à une situation énergétique tendue, collectivités et industriels cherchent à réduire les coûts tandis que la technologie imaginée par Qarnot Computing ne nécessite aucun climatiseur pour refroidir les sites et qu’elle récupère la chaleur résiduelle de la consommation.

Un positionnement stratégique

" On déploie nos data centers sur des lieux consommateurs de chaleur. Nous la récupérons sous forme d’eau chaude valorisable, revendue à un réseau de chaleur ou un industriel pour réduire la facture de l’utilisateur du data center. ". Les QBX de Qarnot Computing, des châssis qui embarquent la puissance informatique et la technologie de récupération de chaleur, se veulent une solution à la fois économique et écologique. Les pays scandinaves, moteurs sur l’énergie de récupération, et la Finlande en particulier, ont testé le concept sur un réseau de chaleur dans lequel Qarnot Computing injecte une énergie constante.

À Nantes, la solution est en cours de déploiement en partenariat avec GRDF. " Nos centres de données sont installés sur des sites dont l’emplacement est sélectionné pour leur pertinence. Cela peut être à côté d’une industrie gourmande en eau chaude, d’une piscine pour chauffer un bassin ou à deux pas d’un réseau de chaleur avec des contrats de 15 à 20 ans. ". Du côté du data center, Qarnot Computing peut tout aussi bien dédier ses serveurs à du cloud longue durée qu’à du cloud à la demande.

Une levée pour changer d’échelle

Pour répondre aux grandes entreprises désireuses de déployer des infrastructures informatiques et récupérer entre 500 kilowatts et 3 mégawatts d’énergie, Qarnot Computing doit passer à l’échelle de l’industrialisation. Pour y parvenir, elle vient de lever 35 millions d’euros auprès de Société Générale Ventures, Demeter à travers le Climate Infrastructure Fund, ADEME Investissement, Colam Impact et la Banque des Territoires pour le compte de l’État dans le cadre de France 2030. Sur cette levée, 12,5 millions d’euros en equity se destinent au développement commercial, technique ainsi qu’à la recherche avec des recrutements, la jeune pousse prévoyant de passer de 60 à 100 personnes d’ici la fin d’année 2023. " 22,5 millions d’euros seront consacrés au développement des infrastructures et à l’investissement dans les sites. ". Forte de cette levée, Qarnot Computing entend séduire des clients en France mais aussi dans les pays scandinaves, en Suisse et en Allemagne.