Fondée en 2016 par deux entrepreneurs espagnols, José del Barrio et Eduardo Diez-Hochleitner, Samaipata investit en amorçage dans les éditeurs de logiciels européens. En 2020, Maddyness avait rencontré Aurore Falque Pierrotin, l’associée qui dirige leur bureau parisien. Deux années se sont écoulées depuis, le fonds gère aujourd’hui 150 millions d’euros et sa thèse d’investissement s’est affinée.

À la recherche des effets de réseaux

Samaipata, qui avait historiquement beaucoup investi dans les places de marché, est aujourd’hui un spécialiste du logiciel. Le fonds recherche des startups qui construisent leur proposition de valeur autour des effets de réseau. C’est, à leur sens, l’un des mécanismes les plus puissants pour créer de la valeur sur le long terme : "On parle d’effets de réseaux quand l’usage d’un produit ou d’un service accroît sa valeur pour l’ensemble des utilisateurs. Prenons l’exemple des VTC : plus il y a de chauffeurs, plus le temps d’attente diminue sur la plateforme. La valeur du service augmente et le nombre d’utilisateurs aussi", explique Aurore Falque-Pierrotin.

L’effet de réseau le plus simple à comprendre est celui qui agit sur l’offre et la demande d’un service, mais les effets de réseaux peuvent se situer à plusieurs niveaux. "Nous avons investi dans Allisone, une aide au diagnostic dentaire. Plus les dentistes l’utilisent, plus il y a de données renseignées, mieux l’algorithme de l’intelligence artificielle fonctionne. C’est un exemple d’effet de réseau sur la donnée, mais on peut aussi en avoir au niveau de l’infrastructure ou du protocole", partage Aurore Falque-Pierrotin.

Un fonds européen spécialisé en amorçage

Samaipata cherche les futurs leaders mondiaux, avec a minima des ambitions européennes. Pour cela, le fonds s’est spécialisé en amorçage avec une approche multi locale, opérant depuis Paris, Londres et Madrid. "En amorçage, la proximité est clé. On a besoin de se réunir physiquement et de se comprendre culturellement. Nous sommes l’un des rares fonds en amorçage qui aide opérationnellement les startups à s’implanter sur d’autres géographies européennes", commente Aurore Falque Pierrotin. "Nous sommes deux à Paris, et nous couvrons exclusivement la France, du sourcing à l’investissement, jusqu’à l’accompagnement. Sur les décisions d’investissement, nous avons toute la latitude. Notre comité d’investissement est européen, mais il sert plus de garde-fou et de sparring partner", poursuit-elle.

Le fonds investit en lead des tickets de 1,5 à 2 millions dans des startups qui ont déjà lancé un produit, mais qui n’ont pas encore forcément trouvé leur product market fit. "C’est un moment charnière, où nous pouvons vraiment les aider à préparer la phase d’accélération", explique Aurore Falque Pierrotin. Samaipata met à disposition de ses startups, une équipe de soutien opérationnel et un réseau d’experts opérateurs, venant de scale-ups comme Sorare, Qonto et Blablacar. Ils accompagnent les fondateurs sur des sujets tels que le recrutement, le développement commercial et le marketing.

Une quinzaine d'investissements et un troisième fonds pour 2023 ?

Samaipata est aujourd'hui en train de déployer son deuxième fonds de 110 millions sous gestion et envisage d’en lever un troisième en 2024. Déployé depuis 2020, le second fonds a déjà investi dans 16 startups dont 6 françaises et prévoit une quinzaine d’investissements pour 2023. Le dernier en date est Carbon Maps, une plateforme qui permet aux acteurs de l’agroalimentaire de calculer leur empreinte environnementale. Samaipata fait à nouveau confiance à Patrick Asdaghi, le fondateur de FoodChéri, l’une de ses premières participations, rachetée en 2018 par le groupe Sodexo.

Ce dernier investissement a donné le ton, et le fonds regarde de plus près les sujets de la traçabilité et de Climate Tech. C’est l’un des 3 thèmes phares pour 2023 avec l’intelligence artificielle et le Web3. "On pense que c’est le bon moment pour investir dans le Web3, l’écosystème est plus mature, le marché assaini, la régulation plus sérieuse et les cas d’usages plus clairs", explique Aurore Falque-Pierrotin. De manière générale, la responsable du bureau de Paris est enthousiaste sur 2023 : "Nous sommes très analytiques et cela nous a préservés quand tout allait trop vite et que les valorisations atteignaient des sommets. Aujourd’hui, les valorisations sont plus basses, le rythme plus raisonné et la concurrence plus faible, c’est idéal pour déployer !", conclut-elle.