Balderton, le fonds londonien créé il y a une vingtaine d’années, annonçait en novembre 2021 le lancement de son 8ème fonds de 600 millions de dollars, dédié aux startups en amorçage. La société souhaite contribuer à créer la prochaine génération de startups tech internationales nées en Europe et mise en particulier sur la France. Maddyness s’est entretenu avec Zoé Mohl, investisseur pour le marché français.

Balderton, à la conquête des plus belles réussites européennes

En 23 ans, Balderton a levé 4,5 milliards de dollars, dont 1,3 milliard en 2021, à travers 10 fonds. La société peut se targuer d’avoir investi relativement tôt dans des startups qui comptent aujourd’hui parmi les plus belles réussites européennes comme Revolut et les françaises Aircall ou Vestiaire Collective : "Au total, nous avons pris des participations dans 28 des actuelles licornes européennes", ajoute Zoé Mohl.

Le siège de Balderton est à Londres et regroupe l’essentiel des 65 salariés. Aux manettes, des partners aux profils variés, ex-entrepreneurs comme investisseurs. Un tiers travaille dans l’équipe d’investissement et les deux tiers accompagnent les sociétés du portefeuille. Zoé Mohl, elle, opère depuis Paris. "On a une compréhension fine de l’Europe et des différences culturelles entre les pays. L’avantage quand on se lance depuis un pays européen, c’est qu’on connait ces différences et qu’on doit très vite s’y confronter. On est conscient des difficultés, ce qui est moins le cas des startups américaines qui veulent s’étendre à l’Europe. Une fois qu’on a su gérer cette complexité, on est armés pour aller conquérir d’autres marchés", analyse la franco-américaine, arrivée il y a 5 mois chez Balderton pour couvrir la France.

Si Balderton est réputé pour l’early stage, le fonds a la capacité d’accompagner les startups jusqu’à leur introduction en bourse. Les IPOs représentent 15 % des 41 exits effectués. La société déploie aujourd’hui un véhicule early stage de 600 millions d’euros qui investit des tickets de 1 à 20 millions de dollars et un fonds growth de 680 millions de dollars, qui investit des tickets de 20 à 60 millions de dollars. Balderton est un fonds généraliste et a investi dans des secteurs tels que le SaaS B2B, la Fintech et la HealthTech. "Nous sommes constamment en train de regarder de nouvelles problématiques. En ce moment, nous regardons beaucoup la Climate tech et l’IA générative". Sur cette dernière thématique, le fonds a par exemple investi dans Photoroom ou Supernormal.

La France, deuxième marché le plus représenté dans le dernier fonds

"Historiquement, la France a toujours été un marché important pour Balderton et c’est encore plus le cas aujourd’hui. En 5 ans, nous avons triplé nos investissements sur ce marché, qui est aujourd’hui le plus représenté, après le Royaume-Uni, dans notre dernier fonds", souligne Zoé Mohl. Au sein des portefeuilles, on retrouve 15 investissements actifs dans des startups françaises, dont deux licornes : Vestiaire Collective et Aircall.

Avec un tiers des équipes de culture francophone, le fonds a une sensibilité particulière pour l'Hexagone. "Nous sommes très positifs sur la France. Aujourd’hui, on voit beaucoup d’initiatives entrepreneuriales lancées par des anciens de grosses scale-ups de la tech. Il y a toujours les anciennes mafias et on en voit d’autres se former, avec des business angels très actifs qui déploient d’importants tickets en amorçage. En plus de cela, la France bénéficie d’un soutien réglementaire et gouvernemental non négligeable", commente Zoé Mohl. "La France a toujours eu d’excellentes formations d’ingénieurs, et pour ces profils, l’entrepreneuriat est devenu l’une des voies de carrière les plus prisées", ajoute–t-elle.

Balderton maintient le rythme

De manière générale, Balderton a maintenu le rythme avec 20 investissements en 2022. "Nous étions bien conscients des niveaux de valorisations et des perspectives macroéconomiques, mais tout en maintenant notre approche rigoureuse et disciplinée, nous avons trouvé de bonnes opportunités d’investissement", explique Zoé Mohl.

Dernier investissement français en date via le fonds growth, Brigad, la plateforme de mise en relations entre les entreprises et les indépendants des secteurs de la restauration, du sanitaire et du médico-social.