Jusqu’à présent, la plupart des recherches se concentraient sur le venture-capital américain, un marché significativement plus gros et plus mature. Il était donc difficile de comprendre l’aspect rationnel derrière certaines décisions d’investissement et les valorisations de l’écosystème européen.

Mais aujourd’hui, comment les fonds décident-ils d’investir ? Comment valorisent-ils une startup ? Voici des questions auxquelles tente de répondre l’étude “Inside the mind of European VC” menée par Speedinvest, fonds de capital-risque européen et l’Université technique de Munich, auprès de 437 investisseurs à travers l’Europe.

Les investisseurs européens accordent beaucoup d’importance à l’équipe de management

En Europe, quand il s’agit de trouver des startups dans lesquelles investir, le réseau reste le nerf de la guerre. Presque un tiers des deals viennent du réseau personnel. Ensuite, quand on arrive à la décision d’investissement, 49 % des investisseurs de capital-risque indiquent que l'équipe dirigeante d'une startup est le facteur le plus important.

Un critère qui arrive loin devant le business modèle, qui n’est cité que par 5 % des dirigeants, ou le produit et la technologie qui n’arrivent qu’en 3ᵉ position, cité par 14 %. Et la première impression compte ! 42 % avouent prendre une décision instinctive dès leur première rencontre avec l'équipe dirigeante.

Mais quelles sont les caractéristiques d’une bonne équipe de management ? Les investisseurs interrogés citent le potentiel, les capacités, la passion et l’expertise entrepreneuriale. S’ils y accordent autant d'importance, c’est parce qu'ils pensent qu’au bout du compte, c’est l’équipe qui fait le succès ou l’échec d’une startup.

Chiffre surprenant, 13 % des investisseurs n'analysent pas du tout les données financières lorsqu'ils prennent une décision d'investissement. Néanmoins, avec les dernières secousses, il semblerait que l’intuition cède un peu de terrain à la rationalité. Speedinvest observe que les priorités sont en train de changer. La valorisation et le business modèle prennent de plus en plus d’importance.

Un point d’accord : les valorisations actuelles ne sont pas réalistes

Qu’ils aient investi ou non dans des licornes, 84 % des investisseurs interrogés estiment que les licornes sont surévaluées. Un constat qui rejoint celui du marché, puisque au cours des derniers mois, beaucoup de grosses scale-ups dans le monde ont vu leurs valorisations chuter considérablement.

Selon l’étude, les facteurs qui influencent le plus la valorisation sont les possibilités de sortie, l’envie d’entrer au capital et la valorisation d’investissements comparables.

US vs Europe

Les sociétés de capital-risque européennes se concentrent principalement sur les startups en phase de démarrage, tandis que les États-Unis mettent davantage l'accent sur des startups plus matures. Les Américains veulent en moyenne une plus grosse part du gâteau, et vise 23 % des parts pour un deal contre 13 % pour les Européens. Enfin, le rapport indique que 87 % des investisseurs considèrent que l'Europe est un environnement fragmenté, ce qui rend l'investissement plus complexe.