Selon le GIEC, chaque degré Celsius supplémentaire devrait entraîner une diminution d’au moins 5 % du rendement des cultures mondiales. Pour faire face à cela, le secteur agricole doit opérer sa transformation. D’autant plus, qu’en parallèle, la population mondiale à nourrir ne cesse de croître. En compilant des données issues de différents organismes, Finres estime que pour réussir la transition agricole, il faudrait investir 1,3 trillion d’euros par an dans l’agriculture jusqu’en 2050, ce qui représente une augmentation de 40% par rapport aux niveaux d’investissement actuels.

Une charge qui ne peut être complétement assumée par les institutions publiques. Les acteurs privés ont donc un rôle majeur à jouer, mais, ils sont confrontés à deux forces opposées : la volonté de contribuer et le risque que présentent ces investissements.

L'IA au service de la transition agricole

Finres est une startup scientifique qui vise à soutenir les institutions bancaires, commerciales et publiques, les organisations internationales et les gouvernements dans leurs investissements dans le secteur agricole, afin de renforcer la résilience au changement climatique. La jeune pousse a été fondée en 2019 par Florent Baarsch, ancien chercheur au Potsdam Institute for Climate Impact Research, puis économiste senior à la Banque mondiale et au Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations unies.

“Lorsqu’elles prêtent de l’argent à des projets agricoles, les banques doivent évaluer les risques financiers et climatiques. C’est aujourd’hui un début d’obligation volontaire, mais cela va devenir réglementaire”, explique Florent Baarsch. Sa startup propose une plateforme digitale de prise de décision assistée par l’intelligence artificielle pour guider la prise de décision vers les investissements agricoles les plus résilients. “Nous leur offrons une solution qui permet de répondre beaucoup plus rapidement à leurs questions, et ce, de manière scientifique”, commente Florent Baarsch qui a commencé à tester son algorithme, il y a de ça trois ans.

Finres offre une souscription de prêt en temps réel qui tient compte des risques climatiques et des risques de prix pour tous les types de culture, partout dans le monde. La plateforme suggère également des investissements prioritaires dans les technologies et les pratiques agricoles selon une logique de rentabilité et de robustesse, et évalue ex-ante l’impact positif des investissements. L’objectif final est clairement affiché : garantir la souveraineté et la sécurité alimentaires en mobilisant davantage de ressources en faveur d’une agriculture résiliente, y compris de la part d’acteurs financiers privés.

La startup a déjà accompagné 1,3 milliard d’euros d’investissement à travers 32 pays pour le compte de clients tels la Banque mondiale, les Nations unies et l’Agence française de développement (AFD) ou la plus grande banque de Tanzanie. Elle vise, à terme, 100 milliards d’euros d’investissements accompagnés.

4,1 millions d’euros pour accélérer partout dans le monde

Ce tour de table de 4,1 millions d’euros a été mené par Speedinvest, aux côtés d’autres investisseurs, dont Illuminate Financial, Alliance for Impact Ventures, Kima Ventures, Plug&Play, Raise Sherpas, Tiny VC, et Better Angle, ainsi que les business angels Anna Katharina Alex, Michael Diguet, Renaud Visage, et Valentine Baudouin.

Ce financement permettra à Finres d’accélérer le lancement de sa plateforme, ResADM, et de se déployer vers de nouveaux clients et partenaires à travers le monde entier. “Jusqu’à présent, nous nous étions vraiment concentrés sur la science et l’algorithmie et nous partagions l’information sous forme de rapports PDF. Avec les fonds levés, nous allons pouvoir entièrement automatiser le processus, et donner accès à nos clients à une plateforme interactive avec différents modules tels que l’évolution climatique, le risque ou la priorisation des technologies et pratiques agricoles”, partage Florent Baarsch.

“Nous allons donc passer d’un modèle ou nous partagions de l’information statique, à un modèle Data as a Service, auquel nos clients pourront souscrire grâce à une licence”, ajoute-t-il.