Présentée comme l’une des plus grosses révolutions technologiques de ces dernières années, l’informatique quantique suscite l’appétit de plus en plus d’acteurs, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Dans ce contexte, plusieurs startups françaises tentent de tirer dans l’épingle du jeu dans le sillage de Pasqal, fer de lance du secteur dans l’Hexagone, qui a bouclé une levée record de 100 millions d’euros en début d’année.

Parmi elles, on retrouve notamment SiQuance, une jeune pousse qui développe une solution de calcul quantique. Pour financer son développement, celle-ci annonce un premier tour de table de 19 millions d’euros. L’opération a été menée par Quantonation, fonds d’investissement spécialisé dans l’investissement en amorçage dans les technologies quantiques, Bpifrance, Supernova Invest et Innovacom.

Des acteurs bancaires, à l’image de Crédit Agricole Alpes Développement, Caisse d’Epargne Rhône Alpes et BNP Paribas, ainsi que CEA Investissement ont également participé à cette levée de fonds, qui est la plus importante réalisée à ce jour par une entreprise européenne du quantique. A cette occasion, SiQuance change de nom pour devenir Quobly, compression de Quantum et Grenoble, la ville où est basée la jeune pousse.

Vers "une révolution technologique et industrielle d’ampleur" ?

Issue du CEA et du CNRS, qui sont présents à son capital, la startup a vu le jour en novembre 2022. Fondée par Maud Vinet, Tristan Meunier et François Perruchot, elle cherche à concevoir un ordinateur quantique qui repose sur des technologies de micro-électronique et qui s’appuie sur les capacités de production des usines de semi-conducteurs françaises et européennes. "Cela ouvre la perspective à la fabrication des millions de bits quantiques pour permettre le calcul tolérant aux fautes", explique la société.

Avec ce financement, Quobly souhaite doubler sa R&D (recherche et développement), ce qui passe par le recrutement de spécialistes des technologies de silicium et de l’ingénierie quantique. La startup entend ainsi compter une cinquantaine de salariés d’ici fin 2024. Ce tour de table doit également permettre à l’entreprise de simplifier la mise en place de partenariats stratégiques pour renforcer son écosystème. "Cette première levée va nous permettre d’accélérer nos développements technologiques : à la fois en mettant en place les liens avec les acteurs industriels de la micro-électronique et en réalisant les démonstrations scientifiques qui vont nous positionner en leader technologique", estime Maud Vinet, co-fondatrice et présidente de Quobly.

De son côté, Damien Bretegnier, directeur d’investissement chez Supernova Invest, pense que "l’approche de la société va provoquer une révolution technologique et industrielle d’ampleur, fruit de nombreuses années de recherche menées par le CEA et le CNRS". Une prédiction forte qui devra se confirmer dans les prochaines années alors que la course à la suprématie quantique fait rage de l’autre côté de l’Atlantique, notamment entre Google et IBM qui dépensent sans compter pour décrocher ce Graal. Cela signifiera alors qu’un ordinateur quantique est capable d’effectuer des calculs impossibles à réaliser pour des machines traditionnelles.