À peine créée et déjà une levée de fonds conséquente. La startup Fipto, lancée seulement en 2022, est parvenue à récolter 15 millions d’euros, a-t-elle annoncé ce jeudi 14 septembre. Un exploit ou presque dans un contexte morose, les levées de fonds dans l’univers du Web3 ayant chuté de 78% au premier semestre, par rapport à la même époque l’année dernière, selon RootData.

"Nous avons obtenu un apport de 3 millions d’euros de Bpifrance, la Banque publique d’investissement", précise Patrick Mollard, CEO et cofondateur de l’entreprise. Mais la majeure partie des sommes levées l’ont été auprès du family office Motier Ventures et, surtout, du fonds de capital-risque Serena, qui a déjà investi dans de nombreuses startups comme Dataiku, Cheerz ou encore iBanFirst, le spécialiste du paiement à l’international dont sont justement issus les trois cofondateurs de Fipto.

Déjà enregistré Psan, mais pas encore reconnu comme établissement de paiement

Leur jeune pousse se situe exactement sur le même segment, dans la mesure où elle propose aux entreprises une “solution de paiements B2B à l’international”. À la différence près qu’elle recourt de son côté à la blockchain pour faciliter les transferts d’argent. "Cette technologie permet d’accélérer de façon significative les flux et de gagner en transparence", assure Patrick Mollard. La blockchain se présente effectivement comme un grand registre décentralisé, au sein duquel sont répertoriées et horodatées les différentes transactions. Elle peut aussi permettre des paiements à moindre coût, dans la mesure où elle se passe d’intermédiaire comme les banques.

Déjà enregistré comme prestataire de services sur actifs numériques (Psan) auprès de l’Autorité des marchés financiers, Fipto entend à présent être reconnu comme un établissement de paiement par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), afin de pouvoir pleinement exercer son activité. "L’expérience unique, l’ambition et la connaissance approfondie que possède l’équipe en matière d'établissements bancaires et de l’univers des paiements (...) permettront à Fipto de devenir l’acteur de référence mondial des services financiers aux entreprises basés sur la blockchain", estime dans un communiqué Bertrand Diard, partner au sein de Serena.

Constitution d’une équipe pour la vente et le marketing

Dans son équipe d’une trentaine de salariés, la startup revendique notamment un ancien de Coinhouse, le premier courtier en cryptomonnaies à avoir vu le jour en France. Sa solution doit être compatible avec les principales cryptos du marché, comme le bitcoin et l’ether, ainsi que les stablecoins USDC et USDT, dont l’objectif est de répliquer le cours du dollar.

Pour les entreprises recourant à ses services, les paiements pourront s’effectuer en cryptos mais aussi en monnaies traditionnelles. "Un client peut nous envoyer des euros pour un paiement au Mexique, par exemple. Dans ce cas, nous convertissons les euros en stablecoin, pour les envoyer ensuite sur une plateforme d’échange crypto locale, qui procèdera alors à la conversion et au paiement en peso mexicain", explique Patrick Mollard.

Fipto revendique une petite dizaine de clients pour le moment, mais compte sur la levée de fonds pour accélérer le développement de son produit et sa commercialisation en Europe. "Nous sommes en train de constituer une équipe ventes et marketing", confie son patron.

Après une version bêta de son logiciel lancée en juin, une nouvelle version doit voir le jour à l’automne. "Idéalement, nous souhaiterions intégrer notre API dans les logiciels que nos clients utilisent déjà", ajoute Patrick Mollard. Une façon d’encourager l’adoption de son outil par les entreprises.