Nouveau visage à la tête du Web Summit. En effet, c’est l’Américaine Katherine Maher qui a été choisie pour diriger la célèbre conférence tech européenne, organisée chaque année à Lisbonne. Sa nomination intervient seulement deux semaines avant la prochaine édition, qui se déroulera du 13 au 16 novembre dans la capitale portugaise. A cette occasion, ce ne sont pas moins de 2 300 startups et 70 000 participants qui sont attendus.

Âgée de 40 ans, Katherine Maher a fait ses études à l’université américaine du Caire ainsi qu’à l’université de New York. Après avoir travaillé pour le compte de la Banque mondiale, de l’Unicef ou encore de l’ONG Access Now, elle a rejoint en 2014 la Wikimedia Foundation, l’organisation à but non lucratif qui chapeaute le développement de Wikipédia. D’abord aux manettes de la communication, elle a dirigé cette structure durant cinq ans entre 2016 et 2021.

Désormais, elle est la présidente du conseil d’administration de la fondation derrière l’application de messagerie chiffrée Signal. Katherine Maher a également rejoint l’an passé le Foreign Affairs Policy Board, un conseil du département d’État américain. En parallèle, elle mène des recherches mêlant technologies et démocratie pour l’Atlantic Council. Elle apporte aussi sa contribution au Truman National Security Project pour renforcer la sécurité nationale américaine.

Une nomination après les propos polémiques de Paddy Cosgrave

Forte de ce riche parcours, Katherine Maher arrive à la tête du Web Summit dans un contexte particulièrement agité pour l’un des plus gros événements tech européens. «Ces dernières semaines, le Web Summit a été au centre de la conversation, plutôt que d'en être l'hôte. Son objectif a été éclipsé par les commentaires personnels de son fondateur et ancien directeur général, Paddy Cosgrave», a-t-elle d’ailleurs relevé dans un billet de blog annonçant sa nomination.

Et pour cause, Paddy Cosgrave s’est retrouvé au cœur d’une polémique après des commentaires sur le conflit qui oppose actuellement Israël au Hamas. «Je suis choqué par la rhétorique et les actions de tant de dirigeants et de gouvernements occidentaux, à l'exception notamment du gouvernement irlandais qui, pour une fois, fait ce qu'il faut. Les crimes de guerre restent des crimes de guerre, même lorsqu'ils sont commis par des alliés, et doivent être dénoncés pour ce qu'ils sont», avait-il ainsi écrit sur X (ex-Twitter).

«Aujourd'hui, le Web Summit entre dans une nouvelle phase»

Cette position du co-fondateur du Web Summit a été particulièrement mal perçue, au point que plusieurs participants de la conférence tech ont réagi en annulant leur venue à Lisbonne. Parmi eux, on retrouve Garry Tan, le patron de l'incubateur californien Y Combinator, David Marcus, ex-président de Paypal et ancien responsable du projet de cryptomonnaie de Meta, qui a lancé une startup crypto, ou encore Ori Goshen, co-fondateur de la société israélienne AI21 Labs. Des entreprises comme Alphabet, Meta, Amazon, Intel et Stripe ont également décidé de renoncer à leur participation au Web Summit.

Malgré ses excuses publiées le 17 octobre, la pression sur les épaules de Paddy Cosgrave a fini par être trop forte. Il a ainsi quitté ses fonctions quelques jours plus tard. C’est donc à Katherine Maher que revient la responsabilité de refaire parler de la conférence lisboète pour les bonnes raisons. «Aujourd'hui, le Web Summit entre dans une nouvelle phase», assure-t-elle. Avant d’ajouter : «Notre tâche immédiate consiste à recentrer l’attention sur ce que nous faisons le mieux : faciliter les discussions entre toutes les personnes impliquées dans le progrès technologique.» Il lui reste deux semaines pour y parvenir.