«Tous les problèmes de code viennent du manque de compétences des individus.» C’est le constat dressé par Laurent Py, le tout frais patron de Promyze, une startup bordelaise qui s’attèle à dépoussiérer le partage de connaissances et de bonnes pratiques du code pour les équipes de développement.

Lancé en 2016, la société a pris un nouveau départ cette année pour s’adapter aux mutations du marché. Ce dernier représente un terrain de jeu attractif pour l’entreprise tricolore puisqu’elle estime qu’il pèsera 640 millions de dollars d’ici la fin de l’année, avec une croissance annuelle de 30 %.

«On ne travaille pas sur le code, mais sur l’individu»

Aux yeux de Laurent Py, entrepreneur français qui a notamment lancé Smartesting et HipTest (société rachetée en 2018 par SmartBear), la nécessité pour les développeurs de monter en compétences est encore plus cruciale depuis l’euphorie déclenchée par ChatGPT autour de l’IA générative. «Cela va créer de gros problèmes de conformité, car le code créé par l’IA générative n’est pas contextualisé dans le projet. Or on va très vite se retrouver avec plusieurs dizaines de lignes de code produites par l’IA générative et ça peut rapidement tourner à la catastrophe. Si on s’éloigne du chemin, cela peut aboutir à des incohérences et à un code hétérogène de mauvaise qualité. Il est impératif de cadrer le développement du code pour éviter une sortie de route», analyse celui qui a rejoint le board de Promyze en début d’année avant de prendre les rênes de la société en octobre. «Notre mission est de s’assurer que les développeurs aient accès aux connaissances nécessaires pour générer du code de bonne qualité avec une bonne vélocité. Promyze est un copilote pour coder», ajoute-t-il.

Dans ce cadre, la startup bordelaise entend proposer une plateforme qui facilite le partage de connaissances auprès des développeurs. Elle ambitionne d’aller plus loin que des outils traditionnels comme Confluence et Notion pour faciliter la diffusion des meilleures pratiques de programmation, notamment en intégrant directement des retours en temps réel dans les environnements de développement (IDE). «On rend la connaissance actionnable et accessible depuis des outils comme GitHub», résume Laurent Py. Avant d’ajouter : «Ce qui me plaît dans ce projet, c’est qu’on ne travaille pas sur le code, mais sur l’individu. A l’avenir, la qualité des développeurs sera plus importante que la quantité.»

Une levée d'amorçage de 935 000 euros

Cette vision a convaincu 27 business angels de prendre part à une levée de fonds d’amorçage de 935 000 euros. Parmi ces derniers, on retrouve notamment Romain Raffard (Bergamotte), Edouard de Raulin (Adyen), Eric La Bonnardière (Evaneos) ou encore Thibault Lougnon (Sézane). La société aurait pu lever bien davantage, mais elle ne veut pas se précipiter dans son développement. «Construire une entreprise sans valider ses hypothèses business, c’est construire une maison avec du sable», estime Laurent Py.

Néanmoins, cela n'empêche pas le patron de Promyze de se montrer ambitieux pour l'avenir. «Nous allons devenir une entreprise SaaS à 100 %. Ce financement va permettre d’accélérer l’exécution de notre roadmap produit et d’être plus offensif sur le plan marketing pour croître rapidement sur le marché. Nous visons notamment un déploiement rapide aux États-Unis, où sont effectuées un peu plus de 50 % des dépenses mondiales autour des dev tools. Nous n’avons pas d’autre priorité que de se confronter au marché», assure-t-il. A ce jour, l’entreprise tricolore revendique une quinzaine de clients, dont Axa et Qonto.