La France compte 350 000 « auto-consommateurs solaires » pour 17 millions de maisons individuelles. Aux Pays-Bas, un foyer sur quatre produit sa propre électricité grâce à des panneaux photovoltaïque. « Le potentiel est donc énorme dans l’Hexagone », souligne Ondine Suavet. Pour inciter les Français à produire leur propre énergie, cette cheffe d’entreprise a créé en 2014 la société mylight150, avec son frère. Spécialisée dans la gestion de l’énergie pour l’autoconsommation, la société, qui travaille principalement avec des particuliers, promet à ses clients de maximiser leurs économies.

« Lorsqu’on installe des panneaux solaires, tout l’enjeu est de consommer l’électricité quand on l’a produit. Nous avons donc mis au point une solution permettant de contrôler les gros consommateurs de la maison. Le chauffe-eau, par exemple, est souvent réglé pour fonctionner à partir de 23 h. Lorsqu’il y a du soleil, nous faisons en sorte qu’il consomme plutôt vers 14h », précise la dirigeante. Pour aller plus loin, la startup a lancé en 2021, une « batterie virtuelle », qui comptabilise les électrons produits et non consommés par ses clients, pour leur redistribuer plus tard. « En tant que fournisseur d’énergie et développeur d’algorithmes, nous sommes capables de revendre cette énergie sur les marchés puis de la racheter au moment où nos clients en ont besoin afin de leur éviter d'être facturés », indique Ondine Suavet.

Une croissance de 40 % en un an

Et si la France est un peu à la traîne par rapport à certains de ces voisins, l’engouement pour l’autoconsommation a bondi ces deux dernières années, avec la flambée des prix de l’énergie. « 150 000 foyers se sont équipés cette année, ce qui représente une croissance de près de 40 % en un an », souligne la cofondatrice.

Pour profiter de ce momentum et accélérer dans l’Hexagone, mylight150 annonce une levée de fonds de 100 millions d’euros auprès d’Eiffel Investment Group, Azora Capital et Andera Partners, avec la participation de son investisseur historique Elevation Capital Partners. La société de 250 salariés, qui a déjà multiplié par cinq son chiffre d’affaires ces trois dernières années veut rester sur cette lancée, notamment en étoffant son offre.

« Nous allons lancer une solution pour gérer les pompes à chaleur, car c’est le futur poste important de la facture d’électricité. Mais également pour les bornes de recharge, qui connaissent une croissance importante et devrait faire gonfler les factures de 20 % en moyenne ces prochaines années », indique Ondine Suavet. Pour la startup, l’objectif est de générer des économies sur 80 % de la facture d’électricité d’ici mi-2024. Les 20 % restants concernent les plaques de cuisson, le four ou les ampoules, que mylight150 ne cherche pas à contrôler « pour ne pas impacter le confort » de ses clients.

Connecter plus de 1000 maisons en Espagne

Autre enjeu de cette levée de fonds : se déployer à l’international. « Nous avons déjà une équipe en Espagne depuis 3 ans, nous y avons fait la preuve du concept, désormais notre ambition est de s’y déployer », souligne la dirigeante. Fin 2024, la société espère connecter plus de 1000 maisons à sa solution. « C’est un marché quasi vierge en matière de panneaux solaires et cela fait partie des pays qui ont connu les plus fortes hausses de prix de l’électricité », complète Ondine Suavet. La startup cible par ailleurs la Suisse, « qui a un grand plan de déploiement des pompes à chaleur » mais également la Roumanie, « où le prix de l’électricité a doublé en 2022. »

A terme, l’ambition de mylight150 est de s’implanter un peu partout en Europe. « Nous sommes sur un marché extrêmement porteur, le photovoltaïque devient très compétitif. Et nous allons continuer à connaître des hausses de prix. » D’où l’intérêt de gérer au mieux ses factures.