LIRE L’ARTICLE

Course de fonds : comment (bien) financer la Deeptech ?

Financer les jeunes pousses de la Deeptech nécessite une approche spécifique en raison de la nature complexe et souvent long terme de leurs innovations. C’est pourquoi, dans ce nouvel épisode de notre série Course de Fond(s), en partenariat avec Banque Populaire et Dynergie, Maddyness souhaite décrypter cet écosystème si particulier qui implique des innovations de rupture.
NEWSLETTER
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.
JE M’INSCRIS

La Deeptech représente un enjeu majeur pour l’Europe et pour notre pays. Avec le lancement du plan Deeptech en 2019, l’État s’est ainsi donné pour ambition la création de 100 licornes et 500 startups Deeptech par an pour rejoindre les premiers succès emblématiques que sont Alice & Bob, Exotec, Lhyfe, Ynsect... Pour y parvenir, l’ensemble des acteurs se mobilisent : l’État a doté le plan Deeptech de trois milliards d’euros et les levées de fonds dans les Deeptech françaises ont continué de croître, en nombre comme en montant. Enfin, en 2023 (contrairement à la French Tech), l’État a complété son arsenal fiscal avec la création du statut de Jeune Entreprise d’Innovation de Rupture.

Qu’est-ce que la Deeptech ?

Pour comprendre les spécificités de financements des Deeptech, il convient de revenir à leur définition. « Une Deeptech s’appuie sur une innovation technologique majeure, issue de la recherche, ayant atteint un stade de maturité lui permettant d’imaginer un marché et un modèle économique », explique Cédric Curtil, Directeur Exécutif de CentraleSupélec Venture.

Mais l’enjeu de la Deeptech est aussi d’apporter une réponse aux défis économiques, sociétaux et climatiques pour les dix ans à venir.

Suivant cette définition, une Deeptech se caractérise donc : par un lien très fort avec la recherche scientifique, par une très forte intensité en R&D, par un temps de développement et un accès au marché longs et par une forte incertitude quant à sa réussite du fait de l’ampleur des transformations qu’elle engendre sur son marché, son écosystème, voire nos modes de vie. Autrement dit, une Deeptech se caractérise par un besoin de financement conséquent et par un besoin d’accompagnement spécifique par les acteurs du financement.

« Quand nous analysons une demande d’emprunt, nous regardons la capacité qu’a l’entreprise à générer du chiffre d’affaires et des revenus pour rembourser sa dette. C’est pourquoi l’innovation d’une Deeptech doit correspondre à un marché bien identifié », explique Jérôme Lamotte, Directeur des Entreprises et des Ingénieries Banque Populaire.

Spécificité de l’écosystème et des financements

Face à ces spécificités, l’écosystème Deeptech français s’est progressivement structuré.

En amont de la création de la startup

« Il faut le voir comme un circuit, qui commence par les acteurs locaux, qui interviennent en amont du projet », (de création de la startup) précise Jean-Philippe Zoghbi, Directeur Associé Innovation chez UI Investissement. Les membres des nouveaux Pôles Universitaires d’Innovation (Universités, Grandes Écoles, SATT, CHU, OTT, incubateurs…) se retrouvent ainsi en première ligne. Ils favorisent la création de startups Deeptech en agissant à tous les niveaux. D’abord en identifiant les projets à fort potentiel. Puis, en sensibilisant les chercheurs aux enjeux de l’entrepreneuriat et en facilitant le transfert des compétences business vers les laboratoires. Enfin, ils financent les premières phases, dites de pré-maturation, du processus de transfert.

Bpifrance, en tant qu’acteur pivot de l’innovation en France, intervient dès ces premières phases, en amont de la création de la startup. Sur ces phases, l’intervention de Bpifrance vise d’abord à développer et renforcer l’écosystème Deeptech, en accompagnant les PUI. Elle vise ensuite à dynamiser le transfert de compétences vers les projets et startup Deeptech, via notamment les programmes Tandem, Tango et Mercato. Elle vise enfin à orienter les jeunes docteurs vers l’entrepreneuriat et à financer les travaux préparatoires à la création de startup, via le concours i-PhD et la Bourse French Tech Lab.

Une fois la startup créée (financement des phases de développement)

Ces deux dispositifs (i-PhD et BFT Lab) constituent les portes d’entrée du large continuum de financement et d’investissement proposé par Bpifrance aux startups Deeptech. Pascale Ribon, Directrice du pôle Deeptech chez Bpifrance, embraye ainsi : « À partir du moment où la startup est créée, il y a de multiples dispositifs qui s’offrent à elle. Nous en opérons un certain nombre. » Ces dispositifs visent le développement (bourse French Tech Émergence, concours d’innovation I-Lab, aide à l’innovation ou au développement Deeptech, appels à projets France 2030) ou le déploiement (appels à projets I-Démo et Première Usine du programme France 2030) des innovations Deeptechs. « Avec les prêts, les aides à l’innovation et les appels à projet pour le compte de France 2030, nous avons mobilisé près de 700 millions d’euros autour de la Deeptech pour près de 200 entreprises en 2023 », révèle ainsi Pascale Ribon.

De manière similaire, l’Europe a fait le choix de soutenir les projets et startups Deeptech grâce à un continuum de financement et d’investissement - EIC pathfinder, EIC transition et EIC Accelerator – dédié mais aussi plus largement à travers les dispositifs proposés dans le cadre du programme Horizon Europe.

Comme évoqué précédemment, les besoins de financements des startups Deeptech, que ce soit pour se développer ou se déployer, sont conséquents. Pour accompagner efficacement les projets Deeptech, le secteur privé doit se mobiliser conjointement au public. Comme le précise Jean-Philippe Zoghbi, Directeur Associé Innovation chez UI Investissement, le circuit mène alors naturellement les startups Deeptech aux acteurs plus étoffés comme les fonds d’amorçage. Et Pascale Ribon, d’abonder : « assez rapidement, ces startups ont besoin de lever des fonds et c’est là qu’intervient tout l’écosystème du capital risque, comme les business angels ou le Fonds National d’Amorçage

Cependant, il est alors important de trouver les interlocuteurs qui comprennent à la fois les défis spécifiques de ce secteur et la complexité de sortir une innovation de rupture sur le marché. « En tant qu’investisseur, on ne peut pas prévoir toutes les implications de ces nouvelles technologies, explique Cédric Curtil. Il faut poser des questions, croiser les approches et décrypter le modèle économique. Nous acceptons de perdre la totalité de notre investissement. C’est pourquoi nous avons beaucoup de critères de sélection pour nous protéger : confiance dans la technologie, dans le business model et surtout dans l’équipe qui porte le projet. Il faut que l’argent qu’on apporte à la startup fasse effet de levier pour la faire grandir. »

Enfin, pour soutenir le marché du capital investissement, notamment auprès des Deeptech françaises, des mesures complémentaires ont été mises en œuvre. En particulier, le dispositif de l’IR PME (dynamisé par la création du statut fiscal de Jeune Entreprise d’Innovation de Rupture) permet d’encourager les particuliers à investir dans les startups Deeptech, tandis que les obligations convertibles du French Tech Seed permettent d’abonder une levée de fonds en amorçage.

Privilégier les effets de levier

« Un bon dossier de Deeptech, c’est un plan de financement articulé entre le haut de bilan, les subventions et le prêt bancaire. Et chacun doit avoir son rôle. Car le risque de la banque, c’est de soutenir un projet qui manque de financements et qui ne pourra donc pas voir le jour. Tout l’écosystème doit ainsi être mobilisé autour de votre projet », enseigne Jérôme Lamotte.

Finalement, c’est bien la richesse de cet écosystème qui permet aux entrepreneurs de trouver des financements pour développer leurs projets sur le long terme. Pour cela, ils doivent déclencher rapidement des effets de leviers entre tous les acteurs du financement de l’innovation. « L’élément nouveau des dernières années, c’est qu’un capital de 500.000 ou un million d’euros en amorçage est assez facilement doublé, voire triplé avec des financements non dilutifs, exprime Jean-Philippe Zoghbi. Notamment avec les emprunts, les aides européennes, ou les subventions nationales. C’est la raison pour laquelle nous sommes en capacité de financer ces projets au temps long, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. »

Maddyness, partenaire média de Banque Populaire et Dynergie.

Maddynews
La newsletter qu'il vous faut pour ne rien rater de l'actualité des startups françaises !
Article écrit par Maddyness avec Banque Populaire et Dynergie
(nos) newsletters

Envie d'être au courant en avant-première des dernières informations de l'écosystème ?