Fondé en 2022 par Anthony Bourbon, le Blast.Club affiche une croissance insolente. Le club d’investissement revendique 80 millions d’euros levés, l'année dernière, pour les startups auprès de ses membres, 8 000 utilisateurs actifs, plus de 70 événements privés et une équipe de 40 personnes. Anthony Bourbon annonce avoir atteint 13 millions d’euros d’EBITDA et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2024, deuxième année d’activité de Blast.
« Nous sommes impatients pour l’année 2025 », déclare le fondateur. « Nous visons entre 130 et 150 millions d’euros investis pour l’année 2025. » Anthony Bourbon investit personnellement dans tous les projets aux côtés des membres du club. « C’est la promesse. Les seuls deals que je fais à côté sont ceux de Qui Veut Être Mon Associé, (l’émission de M6 dans laquelle il est jury investisseur qui revient pour une cinquième saison, le 5 février 2025, ndlr), car on ne doit pas mélanger Blast et QVEMA », précise l’entrepreneur. «Chez Blast, nous investissons dans des deals pointus.» Parmi les startups soutenues par le club deal, on retrouve aussi bien du consumer comme La Belle Vie & Frichti, groupe de livraison de repas et de courses, que de la deeptech, avec l’investissement le plus emblématique du club, la pépite du New Space Latitude, ou Biomemory, qui développe une solution de stockage de données en séquence d’ADN, et de la fintech comme Deltablock, qui améliore la visibilité et la liquidité des entreprises cotées.
12 000 membres actifs l’année prochaine
Blast a réuni 8 000 membres actifs en 2024. L’année prochaine, le club d’investissement vise les 12 000 membres. Un objectif qui ne devrait pas être trop difficile à atteindre d’après son fondateur. « Nous avons la chance d’avoir une liste d’attente importante. Nous allons en prendre 4 000 au drop pour être aux alentours de 12 000. Il y a toujours un peu de churn. » Le drop, c’est une soirée où les membres peuvent s’inscrire et entrer dans le club privé, cela arrive une fois par an et ce sera en mars annonce Anthony Bourbon. Le reste de l’année, seuls quelques privilégiés sont acceptés « au compte-goutte ». La liste d’attente est saturée d’après l’investisseur : « Il n’y a pas si longtemps, il y avait 40 000 membres en attente. Il y a toujours de la perte mais notre taux de transformation est assez élevé car nous avons un système de comité, les membres doivent faire une lettre de motivation, des vidéos, il y a différentes étapes. L'équipe relations-investisseurs nous présente ensuite les profils. »
N’importe qui ne peut donc pas devenir investisseur du Blast.Club. Anthony Bourbon et son équipe sont régulièrement attaqués sur ce point dans l’écosystème. « Il arnaque la pharmacienne de province », peut-on entendre. « On filtre les candidatures. Cela nous arrive parfois d’avoir une vieille dame de 65 ans qui nous dit ‘j’ai 5 000 euros, je veux investir avec vous, j’ai vu Anthony, je l’adore’. Nous refusons, on sait qu’elle ne se rend pas compte des risques et qu’elle peut perdre ses 5 000 euros d’économies. » Anthony Bourbon poursuit : « Nous vérifions vraiment qui on a en face de nous, c’est pour cela que nous avons une équipe de dix personnes rien que pour les relations investisseurs qui passent beaucoup de temps en amont de l’adhésion et même après. Cela nous permet d’éviter tout problème puisque les gens ont la tête sur les épaules. Ils savent où ils mettent les pieds. » Le club limite également les investissements pour s’assurer que les membres diversifient leurs portefeuilles. Le risque est régulièrement rappelé sur le site et à chaque étape de la prise de décision.
Les qualités de la communauté sont confirmées par Paul Lê, co-CEO de La Belle Vie et de Frichti, qui a levé 2,8 millions d’euros auprès de Blast. « Ce sont des gens qui savent investir. » Lorsqu’un projet est soumis aux membres de la communauté pour un investissement, le fondateur ou le CEO peut discuter avec eux lors d’un chat vidéo, d’événements organisés par le club et sur un canal Discord, ouvert deux semaines avant la clôture de la levée. « Ce sont des mindsets d’investisseurs, qui investissaient dans la pierre, mais qui ne pouvaient pas avoir accès aux meilleurs dossiers. Ils posent des questions auxquelles j’ai répondu avec un niveau d’analyse de fonds classiques. » Hugues Péribère, CEO d’Overseed, qui a récolté 3,1 millions d’euros auprès de Blast, insiste : « C’est une communauté d’investisseurs extraordinairement impliquée. Ce sont aussi des gens qui apprennent réellement ce qu’est une startup. »
Investir dans une cinquantaine de startups
En 2025, le Blast Club projette d’investir 130 à 150 millions d’euros dans 30 à 50 startups. « Nous investissons entre 3 et 5 millions d’euros par startup. Notre agrément AMF nous plafonne à 5 millions d’euros mais il y a plusieurs possibilités que nous sommes en train d’étudier », explique Anthony Bourbon. Le club d’investissement n’a pas de critères de stades de développement : « Nous allons du très early-stage au pré-IPO. » « Comme la plupart des investisseurs, nous nous concentrons sur l’humain et la qualité des fondateurs. Il faut qu’ils soient inspirants et engagés », détaille-t-il. « Nous regardons évidemment la taille du marché puisque, comme la plupart des VC, nous voulons faire des multiples assez conséquents. Et puis les chiffres, nous voulons des business models qui sont sains. »
Les projets sont également soumis à un audit approfondi. « Nous prenons l’avis de key opinion leaders, d’experts. Nous avons plus de 100 points de contrôle qui aboutissent à un audit ultra poussé qu’on partage évidemment avec nos membres. Ils ont accès à toutes les études, au business plan, au deck, etc. » Hugues Péribère témoigne : « Leurs process sont à l’identique de ce qu’on a pu voir dans d’autres fonds d’investissement. » Paul Lê acquiesce également : « L’audit que nous avons eu n’a rien à envier aux fonds de VC de la place. Audit des comptes, due deal, ce sont exactement les mêmes process. Nous avons dit que nous avions atteint l’Ebitda, ils ne nous ont pas lâchés la-dessus. »
Blast a également lancé une plateforme de secondaire pour ses membres. Désormais, il leur est possible de revendre leur part des sociétés dans lesquelles ils ont investi à d’autres membres. Une fonctionnalité qui a déjà un grand succès : « Il y a plus d’un million d'échanges avec des x3 en moyenne. Les membres ont aussi pu revendre leur participation Blast. Il y en a beaucoup qui ont donc pu matérialiser leurs gains », assure Anthony Bourbon.
«Un vrai fonds avec une vraie ambition»
Blast compte désormais une quarantaine de collaborateurs et n’a pas pour projet de recruter. « Avec Samuel Guez, directeur général, nous avons fait en sorte d’avoir des gros profils. Nous avons une moyenne d’âge de 35, 36 ans », explique le fondateur. D’après les profils Linkedin que nous avons consultés, les membres de l’équipe sont passés par l’organisation de VivaTech, par les fonds d’investissement Karot Capital ou OneRagtime, Deloitte et le BCG ou encore la scaleup Lydia.
Malgré des frais importants, Anthony Bourbon revendique 75 % de reconduction d’abonnement, « 90 % pour les abonnés Gold (qui payent 3 000 euros par an seulement pour l’adhésion, ndlr) ». Les abonnés payent des frais d’adhésion, compris entre 1 000 et 10 000 euros par an mais ce n’est pas tout. Il y a également des frais de structuration prélevés sur les investissements, entre 3 et 5 %, et sur la plus-value « éventuellement générée » de 20 %. Anthony Bourbon se défend en mettant en avant les qualités et les services proposés par Blast : en plus d’avoir accès à des deals pour investir dans des startups, les membres peuvent se former sur l’investissement au sens large, 100 heures de formation sont proposées par le club, des Discord pour avoir accès aux fondateurs et aux autres membres du club, des événements organisés dans toute la France… « A ceux qui disent que nous sommes trop chers, je leur réponds : allez voir nos avis Trustpilot, nous sommes 4,9 sur 5 et il y a plus de 1 000 avis », répond Anthony Bourbon.
Effectivement, Blast recueille une note de 4,9 sur 5 sur 862 avis. Les avis une étoile représentent moins de 1% des commentaires laissés et critiquent majoritairement les frais du club. Les 5 étoiles, au contraire, comptent pour 90% et saluent l’offre du club. « Ce que je comprends, c’est qu’on prend tous les dossiers sympas, en ce moment, parce qu’on est capable de payer très vite. Je comprends que ça frustre quand tu vois que nous avons fait 40 millions d’euros de cash out sans avoir levé un euro, que nous sommes auto-financés, que nos membres vont faire ou ont déjà fait x3 et feront x6 dans trois mois. Cela fait trop mal, je comprends », répond l’entrepreneur aux critiques. « C’est un vrai fonds, avec de vraies ambitions », conclut Hugues Péribère.