«Nous avons constitué tout un écosystème qu’on met au service de nos startups dans tous les sujets d’innovation sociale environnementale. Cet écosystème peut aussi bénéficier aux associations», explique Anne-Sophie Gervais, co-head de Raise Sherpas, la fondation du groupe d’investissement Raise. Raise Sherpas dévoile aujourd’hui un projet sur lequel elle travaille déjà depuis un an : Raise Sherpas Association, un «accélérateur philanthropique d’associations françaises et européennes». Cette nouvelle entité va soutenir financièrement et stratégiquement, en moyenne, 6 startups par an. 

Côté financier, les associations sélectionnées pourront bénéficier de 30 000 à 40 000 euros par an, pendant trois ans, sous forme de subventions non fléchées. Chaque projet pourra donc allouer l’argent reçu comme bon lui semble. «Nous faisons confiance aux associations pour financer les projets qui ont du sens et qui vont les aider à changer d’échelle», souligne Anne-Sophie Gervais. Les associations doivent avoir un budget annuel de 400 000 euros au minimum, pour éviter une trop grande dépendance à la dotation Raise Sherpas. Cela représente 70 000 euros par an de budget pour Raise Sherpas Associations. La co-head précise : «Nous avons un peu moins de deux millions d’euros de dotation pour Raise Sherpas Associations car nous venons de commencer mais l’objectif à terme est que ce montant grandisse.» 

«Aider les associations à scaler»  

Deux appels à projets seront lancés par an pour sélectionner les startups qui bénéficieront du soutien de cet accélérateur d’un nouveau genre. Elles pourront être françaises ou européennes. «On sélectionne les associations un peu comme on sélectionne les startups», raconte Jérôme Sussfeld qui codirige la fondation Raise Sherpas avec Anne-Sophie Gervais. «Nous prenons des associations de petite ou de moyenne taille sur lesquelles on identifie un potentiel de développement et pour lesquelles nous pouvons proposer des apports complémentaires à l’équipe. On décide d’utiliser exactement les mêmes leviers ou recettes de réussite qu’on met en place auprès des startups depuis 10 ans», complète le co-directeur. 

Cet accompagnement est triple : du mentorat avec un réseau d’entrepreneurs qui ont réussi ou des membres de comex de grands groupes, des clubs de rencontres entre pairs pour les startups, que les associations peuvent rejoindre, ou des cercles spécifiques créés pour elles, et enfin tout l’écosystème Raise. Raise Sherpas Associations a notamment créé des binômes entre les dirigeants des associations accompagnées et des entrepreneurs pour un partage de bonnes pratiques, avec toujours cet objectif de passage à l’échelle. L’équipe donne cet exemple : le dirigeant de J’Accueille, une émanation de l’association Singa, David Robert, est accompagné par Philippe de Chanville, directeur général de ManoMano

Créer des ponts entre startups et associations 

«Notre objectif est de créer des ponts entre ces deux écosystèmes, le monde de la tech et le monde association, et que chacun s’apporte mutuellement», développe Anne-Sophie Gervais. D’après une étude Raise Sherpas et Opinion Way, réalisée à l’occasion du lancement de Raise Sherpas Associations, 39% des associations n’ont jamais envisagé de partenariat avec des startups. Pourtant, celles qui l’ont fait, et le retour est le même côté jeunes pousses, partagent un impact positif à 99%. «Il y a un vrai retard dans l’utilisation des outils, c’est quelque chose que le monde de la tech peut vraiment apporter pour accélérer, faire moins de tâches chronophages et que les associations puissent se concentrer sur leur cœur de métier.»

6 projets ont déjà été soutenus par Raise Sherpas Associations parmi lesquelles l’ONG technologique de Paul Duan, Bayes Impact. L’accélérateur d’associations garde les deux domaines d’interventions du groupe : la protection de l’environnement et l’inclusion sociale. Et comme pour le financement de startups à impact, l’activité historique de Raise Sherpas, cette nouvelle entité est financée par le don de 50% de leur carried par les investisseurs du groupe Raise. En 2022, le groupe a lancé Phiture, un fonds philanthropique qui doit reverser «100% de son return pour le bien commun.» Ces plus-values pourront aussi bénéficier aux associations. «Nous essayons toujours d’avoir ce mix entre la générosité de nos équipes d'investissement et d’autres sources de financement et d’innover de cette façon», commente Anne-Sophie Gervais. Raise Sherpas Associations projette également d’explorer de nouvelles manières de financer le secteur associatif.