Ingénieur docteur en nanophysique appliquée aux biotechnologies, Jean-Christophe Cau était, il y a sept ans, régulièrement confronté à la lithiase (formation de calculs rénaux). Ce problème chronique, en raison des douleurs aiguës qu'il engendre, le conduisait fréquemment aux urgences. Là, l'identification de certains biomarqueurs venait confirmer le diagnostic, permettant ainsi d'engager un traitement approprié.
"Las de ce schéma répétitif et soucieux de ne pas encombrer une fois de plus le service des urgences, j'ai cherché une solution qui m'éviterait de réitérer cette mésaventure. J'ai alors pris conscience qu'une étude de l'urine permettait de constater la présence de calculs rénaux et d'influer sur leur développement en ajustant son alimentation et son hydratation. Au-delà de la lithiase, l'urine permet de suivre sa nutrition dans d’autres maladies rénales chroniques, mais aussi des maladies cardiovasculaires et même lors de traitements en oncologie", explique Jean-Christophe Cau, cofondateur de la startup Iki.
Aidé de ses collègues Stéphane Lebrun et Cyril Cauchois, il fait de cette lutte personnelle l’élément déclencheur d’une aventure entrepreneuriale et fonde Iki en 2021, une medtech qui développe Uriki, une solution connectée d’analyse urinaire pour un suivi précis, instantané et régulier.
Une bandelette urinaire 2.0
Les professionnels de santé, dans une logique préventive et dans le cadre d’un rééquilibrage nutritionnel, invitent les patients à devenir acteurs de l’amélioration de leur santé en s’appuyant sur la solution URIKI. Cette dernière se présente comme un lecteur connecté auquel le patient, à son domicile, vient plugger une bandelette urinaire 2.0. Cette dernière permet de voir un certain nombre de biomarqueurs analysés par le lecteur et retranscrites dans une application mobile éponyme.
"Quatre minutes suffisent à analyser les résultats, qui sont ensuite stockés dans le lecteur et l'application. En réitérant l'opération, cela permet de suivre l'évolution de son état sur plusieurs jours ou plusieurs semaines. L'application permet par ailleurs de tenir un journal alimentaire en enregistrant les photos de ses repas. Un système algorithmique corrèle ensuite ces derniers aux variations nutritionnelles détectées par le lecteur”, explique Jean-Christophe Cau.
Les professionnels de santé - des diététiciens dans 80 % des cas - traduisent ensuite pour les patients les données recueillies et étudient avec eux l'impact des aliments consommés sur les variations des biomarqueurs pour leur conseiller des alternatives. “L’application collecte également des données sur l’état psychosocial du patient et son niveau d’éducation thérapeutique”, ajoute le cofondateur.
Un premier partenariat avec l’AP-HP pour Iki
Commercialisé auprès des établissements de santé, le dispositif Uriki a récemment valu à la startup un premier partenariat avec l’AP-HP. Elle entend suivre 180 patients atteints de maladies rénales chroniques à un stade avancé, mais pas encore dialysé. L’objectif étant de retarder au maximum cette étape qui altère considérablement la qualité de vie des malades. À l’instar de celui-ci, 6 autres projets d'ampleur sont en cours en milieu clinique et 4 autres devraient bientôt voir le jour. Au total, près de 2000 patients devraient progressivement être intégrés au suivi Uriki et plus de 75 centres de néphrologie/urologie intéressés par la solution.
“Nous mettons également Uriki directement à disposition des diététiciens sous forme de location dans un modèle B2B2C qui, dans le cadre de suivi diététique de leur patient, peuvent à l’aide de notre lecteur connecté proposer un programme toujours plus complet, explique Jean-Christophe Cau., Pour libérer un maximum de temps aux professionnels de santé, nous prenons en charge toute la partie logistique d’envoi du kit au patient et résolution des éventuels problèmes techniques.” En intégrant leur solution aux parcours de soins et programmes d’éducation thérapeutique des patients, Iki espère constituer des revenus récurrents.
Une campagne de financement participatif pour ajouter une dose d’IA
Iki avait déjà réalisé une première campagne de financement participatif à hauteur de 410 000 euros sur la plateforme Sowefund en août 2023 pour financer les phases d’expérimentation clinique et financer la R&D. La startup lance maintenant une nouvelle opération d’ equity crowdfunding de 500 000 euros, toujours sur la plateforme.
"Adossée à une aide de Bpifrance et à un peu de dette, cette campagne de crowdfunding va nous aider à ajouter une dose d'IA pour corréler toutes ces données entre elles, créer des données supplémentaires, notamment dans l'analyse des aliments présents dans le journal alimentaire, et personnaliser et automatiser les recommandations nutritionnelles en fonction des pathologies", détaille Jean-Christophe Cau.
Ces fonds - qui cumulés avoisineront 1,5 millions - devraient par ailleurs permettre à la medtech de développer d’autres solutions pour mesurer de nouveaux biomarqueurs. “Uriki en mesure 10 et un nouveau module en développement nous permet actuellement d’en mesurer cinq nouveaux pour élargir le spectre des problématiques accompagnées”, ajoute-t-il.
Pour devenir actionnaire d’Iki et contribuer à la transformation du suivi des maladies chroniques, c’est par ici.