60% des CVC déclarent que leur top management est satisfait, voire très satisfait, des performances de son CVC, d’après le baromètre 2024 des CVC français d’Aster Fab. Ce cabinet de conseil en stratégie, adossé au fonds d’investissement Aster Capital, accompagne de nombreux fonds adossés à des corporates et des grands groupes dans la création de leur véhicule d’investissement. Alors les CVC échappent-ils à la crise ? Pas vraiment. Après une vague de création de CVC, survenue entre 2015 et 2020, avec un pic à 2017, année de création de ZeBox du groupe CMA CGM, des fonds de la Macif, la RATP, du groupe ADP ou encore d’EDF, le métier acquiert en technique.

«Les CVC ont tendance à se professionnaliser, comme les acteurs du VC, notamment dans la définition de leur stratégie de liquidités», souligne Hélène Maxwell, manager chez Aster Fab et rédactrice du baromètre. 37% envisagent la vente partielle ou totale de leur portefeuille, souligne le rapport. Ce chiffre est révélateur de deux tendances. D'abord, les CVC redessinent leurs stratégies d’investissement pour se rapprocher des intérêts d’investissements de leur corporate, notamment dans la décarbonation. Ensuite, certains acteurs arrivent au bout d’un cycle et pourraient stopper leurs activités. Par ailleurs, les équipes sont de plus en plus crédibles et la qualité des dealflows s’améliore, confie Hélène Maxwell.

Un outil stratégique pour les grands groupes

Le baromètre des CVC relève que 56% des groupes concentrent sur des investissements alignés avec leur coeur de business, pour explorer les innovations dans leurs secteurs et les opportunités de long terme. Ils ne sont que 8% des structures d’investissement à prioriser stratégiquement leur rendement financier. «Les CVC sont très souvent l’outil pour se tourner vers l’avenir», explique Hélène Maxwell. «Et qui dit avenir, dit très souvent décarbonation.» En effet, c’est aussi un moyen pour les grands groupes d’avancer vers leurs objectifs greens.

46% des fonds corporates fonctionnent avec une équipe réduite, de 5 personnes ou moins. Une très large majorité, 68%, sont complètement intégrés à leur corporate. Ils ne sont que 4% à être totalement indépendant. Près de la moitié des CVC français ont entre 100 et 500 millions d’euros sous gestion. Leur ticket moyen : 3 millions d’euros, en speed et en série A. «Les CVC ont tendance à démarrer avec des petits montants et à ensuite augmenter. Généralement, les fonds qui se lancent ont 25 à 50 millions au départ», analyse la manager d’Aster Fab. Rien d’étonnant à ce que la moitié des CVC soit au-dessus des 100 millions au vu de leur maturité, la plupart ayant été créés entre 2015 et 2020.

Un cycle de vie de 4 ans

Les fonds d’investissement corporates ont, en moyenne, un cycle de vie de 4 ans. Les structures dépendent du bon vouloir de la direction du corporate qui les a créé. «Ils sont très liés à la stratégie du groupe et aux cycles de vie des CEO.» Certains sont sensibles à l’investissement dans les startups et la tech, d’autres moins. «Pourtant, le CVC est une porte vers l’extérieur, une manière de préparer le futur», insiste Hélène Maxwell. Impossible de ne pas prendre en compte le contexte actuel difficile pour les investisseurs comme pour les grands groupes. Ce climat pèse également sur les CVC et certains pourraient mettre la clé sous la porte dans les prochains mois. Trois fonds corporates très important seraient dans cette situation quand d’autres se préparent à des opérations secondaires importantes. Lorsque ce cas se présente, l’une des solutions est de vendre l’entièreté de son portefeuille à un autre fonds d’investissement classique.

Certaines structures, au contraire, résistent : elles sont 28% à avoir recruté et 39% à ne pas avoir ressenti de ralentissement de leurs activités. D’autres fonds d’investissements pourraient voir le jour. Décathlon a déjà annoncé son projet de fonds dans le retail : Décathlon Pulse. Mais il pourrait être rejoint par des émanations de grands groupes dans le transport ou la construction. A suivre !