Crème de la Crème sort du schéma classique des levées de fonds pour entamer une nouvelle page de son histoire. En effet, la startup, qui s’est positionnée sur le segment du freelancing premium, annonce une réorganisation de son capital pour financer ses prochaines étapes de développement. Dans ce sens, la société s’est associée au fonds Mindstone, lancé par l’entrepreneur Christophe Eberlé (Optimind), pour réaliser un LBO.
Cette alliance doit permettre à Jean-Charles Varlet, le patron de l’entreprise, et ses associés de remonter au capital de la société et d'entamer une stratégie de build-up. Celle-ci sera rendue possible par l’obtention d’une ligne de dette de 10 millions d’euros. «Avec Mindstone, nous souhaitons nous imposer comme la référence du freelancing premium et amorcer un projet de croissance externe autour de notre plateforme», souligne Jean-Charles Varlet. Avant d’ajouter : «Je veux faire de l’entreprise un groupe qui sera toujours là dans 30 ou 40 ans. J’ai une vision forte sur le freelancing et je veux que l’on devienne le ‘Adecco’ de demain.»
Un pivot décisif en 2018
Fondée en 2015 par Jean-Charles Varlet, Théo Drop et Romain Abidonn, la startup Crème de la Crème avait bouclé un tour de table de 3 millions d'euros en juin 2018. L’opération avait été menée par Alto Invest et des business angels, comme Christophe Courtin, fondateur du groupe Santiane, Fabrice Berger-Duquene, co-fondateur de Webedia et de Teeps, ou encore Loïc Le Meur, fondateur de Leade.rs, y avaient également pris part.
Cette levée de fonds actait alors le nouveau positionnement de la société. Alors qu’elle permettait initialement aux entreprises de faire appel aux étudiants issus des meilleures écoles françaises Polytechnique, HEC…) pour des missions (étude de marché, business plan…), la plateforme est montée en gamme pour ne proposer que des profils d’experts dans leur domaine. Un pivot pour permettre à Crème de la Crème de toucher les grands groupes du CAC 40 et du SBF 120.
Ce virage s’est accompagné d’une approche optimisée pour sa plateforme Freelancer Management System (FMS) afin d’amortir les coûts. «Cela nous a permis de digitaliser et d’automatiser toutes les actions de notre secteur secteur d’activité pour aller chercher de la rentabilité. L’apport de l’intelligence artificielle a été déterminant dans ce cadre, c’est la clé de voûte pour automatiser et être rentable. Durant la pandémie en 2020, notre activité a explosé. Nous avons connu une croissance moyenne de 140 % par an entre 2020 et 2022», indique Jean-Charles Varlet.
Plusieurs acquisitions à venir
Cette période faste a permis de mettre Crème de la Crème sur les rails d’une croissance viable. «La boîte est rentable depuis 2020, nous avons réussi à craquer le modèle. Depuis le Covid, nous avons changé de dimension. Nous sommes désormais connus dans tout le CAC 40», se réjouit le patron de la société. De quoi permettre à la société d’aiguiser ses ambitions alors qu’elle réalise désormais 50 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une cinquantaine de collaborateurs.
«Nous sommes assez matures pour consolider. Nous nous apprêtons donc à lancer un plan de croissance externe», indique Jean-Charles Varlet. L’entrepreneur entend ainsi racheter des «mini-Crème de la Crème» pour se positionner en plateforme de consolidation du marché. «Nous visons au moins une acquisition cette année, puis plusieurs par an», précise le dirigeant. Ce dernier souhaite effectuer des rachats permettant à la société de se renforcer sur les verticales de la cybersécurité, du management de transition, du cloud, de l’IA et de la data.
«Je suis content d’être sorti de l’univers des levées de fonds»
Avec son approche, la société compte bien tirer profit d’un marché du recrutement et du consulting qui continue d’exploser malgré deux dernières années difficiles. Deux facteurs incitent Jean-Charles Varlet : il devrait y avoir 1,3 million de freelances sur le marché en France d’ici 2026 et le secteur de l’IT dans l’Hexagone pèse plus de 65 milliards de dollars. Comme Crème de la Crème se positionne à la croisée de ces deux marchés, tous les voyants semblent au vert pour une forte croissance dans les prochaines années.
D’où la réorganisation du capital de la société pour mieux saisir les opportunités à venir. «Je suis content d’être sorti de l’univers des levées de fonds. Nous n’en avons plus besoin. Il y a tellement de chemins de croissance plus vertueux. La Startup Nation a pris un coup, mais l’écosystème grandit et c’est tant mieux. On cherche plutôt de l’Ebitda aujourd’hui», indique Jean-Charles Varlet. Avant de conclure : «On va créer un mastodonte dans le temps, je ne veux pas faire un coup flash pour vendre la boîte.» Le marché est prévenu.