Top départ pour l’appel à candidatures du Next 40/French Tech 120 ! Lancé en 2019 par la Mission French Tech, le programme qui vise à épauler les entreprises à fort potentiel de l’écosystème revient pour une 6e édition. Les sociétés qui souhaitent postuler peuvent le faire jusqu’au 28 avril.

A l’occasion de cette nouvelle sélection, Maddyness a échangé avec Julie Huguet, la directrice de la Mission French Tech, pour dresser le bilan de cette initiative, qui déchaîne parfois les passions dans l’écosystème, et évoquer l’évolution des critères de sélection après la refonte opérée l’an passé. Le Next 40/French Tech 120 avait notamment fait l’objet d’un décalage dans le calendrier pour prendre en compte les performances financières les plus récentes.

A l’aube de la nouvelle sélection, le Next 40 peut-il prétendre à devenir un vivier d’entreprises qui basculent vers le CAC 40 ?

Éléments de réponse avec Julie Huguet.

MADDYNESS – Le programme Next 40/French Tech 120 à été lancé en 2019. Quel bilan dressez-vous de cette initiative 6 ans plus tard ?

JULIE HUGUET – Depuis sa création, le Next 40/French Tech 120 est devenu un indicateur clé de l’écosystème startup français, reconnu en France et à l’international. Intégrer ce programme, c’est être identifié parmi les 120 champions de la French Tech et démontrer un fort potentiel de leadership mondial. C’est une véritable marque de confiance et un gage de performance.

Concrètement, les entreprises lauréates témoignent d’un impact direct : une attractivité renforcée sur le marché du recrutement avec un nombre de candidatures doublé voire triplé, ainsi qu’un accès facilité aux prospects et partenaires, qui reconnaissent en elles des acteurs clés de l’innovation française.

Le programme a accompagné la croissance de nombreuses success-stories telles que OVHcloud, Deezer, BlaBlaCar, Doctolib, et plus récemment Verkor, Electra, Back Market ou Mistral AI. Chaque année, il illustre la diversité des secteurs d’excellence en France : numérique, santé, industrie, intelligence artificielle, transition écologique…

Au-delà de cette reconnaissance, le Next 40/French Tech 120 joue un rôle moteur dans l’écosystème économique : les entreprises de la promotion 2024 génèrent plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et ont créé 40 000 emplois directs, dont près des trois quarts en France.

Enfin, ce programme d’accompagnement évolue pour s’adapter aux nouveaux défis de ces entreprises en forte croissance. Aux enjeux de recrutement et de financement, s’ajoutent désormais des actions pour faciliter leur entrée en Bourse (IPO), leur accès aux grands marchés publics et privés ainsi que l’adoption de l’intelligence artificielle. Autant de leviers essentiels pour faire émerger des leaders technologiques français de rang mondial.

L’an passé, les critères avaient été revus. Des modifications supplémentaires ont-elle été apportées pour la sélection de la future promotion ?

Les critères d’intégration au Next 40/French Tech 120 ont toujours été objectifs : une entreprise candidate doit être une entreprise française innovante, non-cotée, âgée de moins de 20 ans et affichant une forte croissance. L’an dernier, nous avons d’ailleurs apporté des modifications significatives à ce dernier point.

Année après année, les entreprises évoluent : nous sommes passés d’un modèle où les startups investissaient avant tout dans l’innovation, à un modèle où elles savent aussi commercialiser ces innovations. C’est pourquoi, en 2024, nous avons ajusté nos critères de sélection. Désormais, la moitié des entreprises intégrant le Next 40/French Tech 120 est sélectionnée en fonction de la confiance accordée par leurs investisseurs (levées de fonds), et l’autre moitié sur la base de la confiance de leurs clients (chiffre d’affaires).

Nous avons également tenu à ce que les lauréats intègrent pleinement les enjeux ESG. Ainsi, nous leur demandons d’effectuer un bilan carbone sur les scopes 1, 2 et 3 et de nous transmettre leur score à l’Index Egapro. Nous les encourageons également à signer le Pacte Parité. Ces évolutions ont été largement saluées par l’écosystème, et nous choisissons de les stabiliser cette année.

Enfin, pour la sélection 2025, nous porterons une attention particulière à la capacité d’innovation des entreprises candidates. Elles devront justifier de leurs projets de R&D en cours, notamment via l’utilisation de dispositifs comme le crédit d’impôt recherche ou innovation, ou l’obtention d’aides publiques dédiées à l’innovation.

«De nombreuses entreprises du French Tech 120 ont déjà atteint des dimensions comparables à celles des entreprises du SBF 120»

Que manque-t-il encore aux membres du Next 40 pour faire la bascule vers le CAC40 ?

Ce n’est sans doute qu’une question de temps ! La majorité des entreprises du Next 40/French Tech 120 affichent encore en 2024 des taux de croissance élevés, et tout porte à croire que cette dynamique va se poursuivre.

Près de 90 % d’entre elles sont déjà implantées à l’international et disposent d’un fort potentiel de croissance. Pour les accompagner dans cette expansion, nous mobilisons les correspondants French Tech au sein de plus de 60 administrations, ainsi que nos Capitales et Communautés French Tech, qui jouent un rôle clé dans leur développement à l’international. Nous avons également mis en place le programme «Je choisis la French Tech», visant à faciliter leur accès aux grands comptes, qu’ils soient publics ou privés.

Il y a quelques mois, Younited, présent dans le Next 40 depuis le lancement du programme, a rejoint Euronext Paris. Plusieurs autres entreprises du Next 40 envisagent une entrée en bourse. Nous travaillons étroitement avec Euronext pour les informer et les préparer, notamment grâce au programme IPOReady. Nous organisons aussi régulièrement des rencontres avec des dirigeants d’entreprises déjà cotées.

Êtes-vous toujours convaincu que le French Tech 120 a le potentiel pour devenir le futur SBF120 ? Si oui, à quel horizon ?

De nombreuses entreprises du French Tech 120 ont déjà atteint des dimensions comparables à celles des entreprises du SBF 120. En outre, chaque année, le French Tech 120 devient de plus en plus exigeant : en 2024, pour en faire partie, il fallait avoir levé au moins 40 millions d’euros au cours des trois dernières années ou générer un chiffre d’affaires d’au moins 40 millions d’euros. Certaines de ces entreprises génèrent plusieurs centaines de millions d’euros de revenus, des montants qui, jusqu’en 2023, étaient réservés au Next 40. Bien qu’il soit difficile de prédire un moment précis, on peut raisonnablement penser que plusieurs entreprises du French Tech 120 puissent bientôt envisager une introduction en Bourse, peut-être dès 2025, voire d’ici 2026.