La BrainTech représente l'une des plus grandes opportunités de cette décennie. Lors d'un AVC, chaque minute est cruciale : 1,9 million de neurones disparaissent, augmentant le risque de paralysie ou de décès. Pour faire face à cette urgence, la start-up Brainomix, issue d’Oxford, s’appuie sur l’intelligence artificielle pour détecter avec précision les caillots sanguins sur les images cérébrales. Cette technologie permet aux médecins de cibler immédiatement la zone touchée et d’intervenir avec une efficacité accrue. Résultat : le temps de diagnostic est réduit de plus d'une heure, triplant ainsi les chances de survie et de rétablissement des patients.

Cet exemple souligne la manière dont les innovations technologiques transforment la médecine moderne. En effet, l’histoire a été marquée par trois grandes révolutions. L’ère de la chimie et des molécules, qui a vu l’émergence de leaders comme Servier, Sanofi et Pierre Fabre, l’essor des dispositifs médicaux, grâce aux avancées en miniaturisation et en puissance de calcul, donnant naissance à des entreprises telles que Medtronic, Roche ou Siemens et l’avènement des biotechnologies, avec le développement des anticorps monoclonaux par des pionniers comme Genzyme et Amgen.

Les neurosciences, tournant majeur de l'histoire de la médecine ?

Cependant, les investissements massifs des géants du numérique n'ont pas encore porté leurs fruits. L'erreur a été de considérer la médecine sous un prisme « grand public », sans impliquer suffisamment les professionnels de santé. Une approche centrée sur les besoins des médecins, tout en restant accessible aux patients, semble être la clé du succès. Des entreprises comme Cardiologs, rachetée par Philips, montrent que des solutions répondant aux exigences médicales peuvent connaître un succès clinique et commercial.

Cette dynamique s’observe également dans des secteurs en pleine croissance, notamment celui des neurosciences. À l’image des grandes révolutions médicales passées, elle pourrait représenter un tournant majeur dans l’histoire de la médecine. Les maladies cérébrales, telles qu'Alzheimer ou Parkinson, ainsi que les troubles du neurodéveloppement, comme le trouble du spectre de l'autisme, représentent un défi majeur tant pour les individus que pour les systèmes de santé. Parallèlement, la hausse du stress chronique et des troubles de l’attention rend urgente la nécessité de solutions technologiques adaptées. La BrainTech, en tirant parti des avancées en logiciels et en intelligence artificielle, offre de nouvelles perspectives pour la prévention, le diagnostic et le traitement de l’ensemble de ces troubles neurologiques et psychiatriques.

Des startups dynamiques incarnent déjà ce potentiel. MindMaze, en Suisse, utilise la réalité virtuelle pour la rééducation post-AVC. Inside Therapeutics, en France, développe des dispositifs permettant aux molécules de traverser la barrière hémato-encéphalique. Soihtu, en Finlande, conçoit un jeu vidéo thérapeutique contre la dépression, basé sur un moteur de décision médical développé en collaboration avec les universités de Glasgow et Helsinki.

Les investisseurs doivent occuper une position stratégique pour la BrainTech

Pour que cette transformation réussisse, un écosystème collaboratif est essentiel. Des initiatives notables ont émergé, comme la création de l’Institut du Cerveau en 2010, le Human Brain Project en 2013 et la fondation Idée à Lyon en 2016. Plus récemment, le biocluster Brain & Mind, financé par France 2030, marque une avancée vers l’application industrielle des découvertes en neurosciences. Ce hub rassemble plus de 50 acteurs, incluant instituts de recherche, hôpitaux universitaires et entreprises, accélérant ainsi la mise sur le marché de nouveaux produits.

Cependant, sans une puissance de frappe financière ciblée en Europe, ces avancées risquent de marquer le pas. Les investisseurs dans le domaine du capital risque doivent occuper une position stratégique : au-delà de leur apport en capitaux, leur expertise est essentielle pour naviguer dans un environnement complexe, façonné par des réglementations strictes et des modèles économiques spécifiques aux systèmes de santé.

Dans ce contexte, le capital-risque joue un rôle déterminant. Son engagement, soutenu par une spécialisation, une équipe dédiée et une communication ciblée, pourrait être le moteur essentiel de la révolution médicale portée par la BrainTech. Il permettrait non seulement d’accélérer l’essor d’acteurs capables de transformer durablement le secteur, mais aussi d’inciter les entrepreneurs à se tourner vers les neurosciences. Là où les capitaux affluent, l’innovation suit, ouvrant ainsi la voie à la création de nouvelles entreprises dédiées à ce domaine en pleine expansion. Le cercle vertueux est déjà en marche. Il est temps d’accélérer. Car la BrainTech n’est pas qu’un simple marché émergent : c’est une révolution aux implications technologiques et sociétales majeures, touchant potentiellement une personne sur trois au cours de sa vie.