«Atos is back !» C’est par ces mots que Philippe Salle a introduit la présentation du plan stratégique pour redresser Atos après une longue traversée du désert pour cet ancien fleuron français de l’informatique. Baptisé «Genesis», il fixe le cap à suivre jusqu’en 2028, année où le chiffre d’affaires devrait atteindre entre 9 et 10 milliards d’euros. Précédemment, Atos visait plus de 10 milliards d’euros de revenus à l’horizon 2027. En attendant, le chiffre d’affaires est attendu à 8,5 milliards d’euros en 2025, au lieu des 9,5 milliards souhaités en septembre dernier.
Après une décennie sous la houlette de Thierry Breton, le groupe tricolore avait plongé dans une crise inédite marquée par une gouvernance chaotique (6 DG en 5 ans), une scission de ses activités (Tech Foundations, qui regroupe ses activités historiques d'infogérance en perte de vitesse, et, Eviden, qui rassemble ses activités fructueuses comme la cybersécurité, les serveurs de haute performance et supercalculateurs, et le conseil en digitalisation des entreprises) et des discussions de vente avortées avec le milliardaire Daniel Kretinsky et Airbus. Dans ce contexte, Philippe Salle, arrivé à la tête d’Atos en début d’année, est attendu aux tournant.
Une nouvelle branche IA créée
Après avoir dirigé des groupes comme Altran, Elior ou encore Emeria, le nouveau PDG devra déplacer des montagnes pour redonner des couleurs à l’entreprise tricolore. Dans ce sens, le dirigeant a définitivement enterré le projet de scission du groupe. Dorénavant, Eviden concentrera ses produits et Tech Foundations, dont le nom disparaît pour faire place nette à la marque Atos, les services.
Cette dernière branche sera structurée autour de six activités, avec un fort accent mis sur la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Pour mieux tirer profit des opportunités offertes par l’IA, une nouvelle entité baptisée «Data & AI» a été créée. Celle-ci compte un peu moins de 2 000 personnes, mais les effectifs devraient rapidement s’étoffer. «On va essayer de monter à 10 000 personnes», a ainsi indiqué Philippe Salle à Maddyness. «Nous avons de grandes ambitions sur cette ligne business», a-t-il ajouté.
Pour monter en puissance dans l’IA, Atos pourra aussi s’appuyer sur l’arrivée d’un nouveau CTO à la rentrée. Seuls indices donnés par le patron du groupe sur son identité : «C’est un Américain basé sur la côte ouest des États-Unis, il vient du monde de l’IA.» Fin du suspense d’ici quelques mois.
Des investissement en direct dans des startups
En parallèle, Atos entend s’appuyer sur l’écosystème des startups pour accélérer sa transformation. C’est une enveloppe de 100 millions d’euros qui est ainsi prévue pour investir dans des jeunes pousses. L’objectif est principale de miser sur des startups de l’IA et de la cybersécurité en seed. Pour ce faire, Atos ne prévoit pas de mettre sur pied un CVC ou une structure pour gérer son portefeuille. «Ce seront des investissements en direct», a confirmé Philippe Salle, avant d’aller parler cet après-midi aux investisseurs qui attendent des gages de confiance après cinq années noires pour Atos. En fonction du potentiel des startups soutenues, Atos n’exclut pas d’en acquérir certaines pour se renforcer.
Cela vient s’ajouter à d’autres initiatives lancées par le passé pour collaborer avec l’écosystème des startups. Ainsi, le groupe avait lancé à l’été 2020, en pleine pandémie de Covid-19, «Scaler, the Atos Accelerator», un programme d’accélération pour les startups et les PME afin de co-construire des solutions répondant aux besoins des clients d’Atos.
Atos se trouve «à un point d’inflexion déterminant»
Pour rassurer ces derniers, Philippe Salle s’attèle à les rencontrer aux quatre coins du monde. Pour montrer patte blanche, le nouveau PDG d’Atos n’a d’ailleurs pas hésité à investir personnellement dans le groupe, en sortant 9 millions d’euros de sa poche. Il songe d’ailleurs à doubler la mise. «En 2007, je me suis promis de ne jamais être PDG d’une entreprise sans être investisseur», a-t-il assuré. Une manière de démontrer aux salariés, aux clients et aux investisseurs qu’il est convaincu de la réussite de son plan de redressement.
S’il reconnaît volontiers que «le groupe a été blessé ces dernières années» et que «la marque a été très abîmée», Philippe Salle estime qu’Atos repart de l’avant désormais. «Le groupe se trouve à un point d’inflexion déterminant», a-t-il assuré. Dans ce contexte, 2025 devrait constituer l’an 0 de la nouvelle ère du groupe, avec des mesures pour réduire les coûts partout où cela est possible, notamment en fermant les pays «qui ne sont pas très rentables». Une réorganisation qui pourrait conduire à une réduction des effectifs. Dès lors que celle-ci sera achevée, Atos, qui n’a plus le juteux contrat des JO dans sa besace, tentera d’afficher un visage davantage conquérant pour tourner définitivement la page de la pire crise de son histoire.