« La principale difficulté des professeurs, c’est le temps passé à corriger des copies. Plus encore que l’hétérogénéité des niveaux dans une classe, ou la faible rémunération des enseignants », estime Joachim Lebovits, cofondateur de Pyxiscience. Pour soulager les professeurs et leur faire gagner du temps, sa startup a mis au point une solution « d’apprentissage adaptatif. » Et à peine deux après sa création, en juillet 2023, Pyxiscience annonce sa première levée de fonds de 2 millions d’euros auprès de Newfund, INCO Ventures, BPI France, ainsi que des investisseurs issus du monde enseignant.

« Pyxiscience est née d’une frustration. En tant que professeur, je ne pouvais pas encadrer mes étudiants comme je voulais car leurs niveaux étaient extrêmement différents. On sait que pour faire progresser des élèves, il faut multiplier le nombre de devoirs. Or, les corrections sont très chronophage et lorsqu’on a 400 étudiants, c’est tout simplement impossible », estime Joachim Lebovits, qui a souhaité confié cette tâche à un ordinateur.

Deux modèles économiques

Grâce à l’IA, les étudiants peuvent désormais s’entraîner sur sa plateforme tandis que les enseignants y trouvent les contenus dont ils ont besoin. Ils peuvent également y générer des devoirs et, surtout, les corriger automatiquement. Pyxiscience, qui emploie quatre salariés, envisage d’étoffer ses équipes en recrutant au moins six personnes dans les cinq mois à venir, grâce à sa levée de fonds. Dans le même temps, la startup souhaite s’implanter rapidement sur le marché américain « où le potentiel est important », souligne Joachim Lebovits. « Notre objectif est de nous déployer dans les universités américaines les plus prestigieuses. En France, nous ciblons en premier lieu les écoles privées, mais nous espérons nous étendre rapidement dans les universités et les lycées. D’abord en Île-de France puis un peu partout », détaille Jacques Lévy Véhel, le cofondateur. La startup se concentre aujourd’hui sur les mathématiques mais souhaite, à termes, s’étendre à toutes les disciplines scientifiques. Avec deux modèles économiques distincts. En France, l’outil est financé par les institutions et mis à disposition des enseignants et des élèves. Aux Etats-Unis - où les étudiants sont habitués à payer pour leurs études supérieures - les élèves s’abonnent directement à la plateforme.

Six heures par semaine à corriger des copies

Comme Pyxiscience, les startups qui s’appuient sur l’intelligence artificielle pour corriger les copies des enseignants se multiplient ces dernières années. Créée en septembre 2024, Ed.ai a annoncé il y a un mois une levée de fonds d’1,7 million d’euros en avril dernier pour permettre aux enseignants d’accompagner leurs élèves via des parcours personnalisés. Grâce à l’IA, Ed.ai identifie les lacunes des élèves via la correction de leurs devoirs et permet aux professeurs de personnaliser les apprentissages.

Dans le second degré, un enseignant consacre en moyenne six heures par semaine à la correction des copies, selon le ministère de l'Education. L’idée est donc d’utiliser ce temps pour aider les élèves à progresser. Ed.ai, disponible pour les mathématiques, le français et l’histoire-géographie est en cours d’expérimentation dans 40 établissements de l’académie de Lyon. Grâce à sa levée de fonds, la startup veut mettre l’accent sur le développement commercial en s’implantant dans une centaine d’établissements d’ici la rentrée 2025. Avant de lancer sa solution dans l’enseignement supérieur et de s’étendre à l’international.

Examino ou Gingo se sont également positionnés sur le marché de la correction de copies grâce à l’IA. La première, fondée en 2024, propose aux enseignants d’importer les copies pour « optimiser le processus de correction tout en fournissant des retours détaillés et constructifs aux élèves. » Pour Gingo, la promesse est également « des devoirs qui se corrigent seuls. » Des outils qui devraient transformer en profondeur l’apprentissage du collège à l’université. Mais qui pourraient rapidement être trop nombreux sur le marché...