Jamais le système de santé français n’avait fait face à une telle crise. Les chiffres du dernier rapport sénatorial et de la DREES sur le sujet sont accablants. Un tiers de la population française vit dans un désert médical. 11% de la population n’a pas accès à un médecin traitant, aggravant ainsi les ruptures de soins et les délais d’attente, parfois supérieurs à 6 mois pour certaines spécialités. Des difficultés telles que près d’1,6 millions de Français iraient même jusqu’à renoncer aux soins chaque année.
En tant que médecin généraliste et urgentiste dans un milieu semi-rural, cette réalité Benoît Bourre n’a malheureusement eu que trop souvent l'occasion de la constater. "C'est ce postulat qui nous a amenés à fonder Hocoia en 2022 avec Gustavo Acosta, directeur général, et Clément Pallière, CTO : d'une part, les distances invraisemblables parcourues pour accéder aux soins ; d'autre part, le manque de prévention due au manque de temps des médecins", explique le cofondateur de la startup Hocoia. "Nous avons donc cherché une solution pour nous rapprocher des lieux de vie de ces publics, tout en tenant compte de l'impossibilité d'y déployer physiquement davantage de médecins", ajoute-t-il.
Des bus santé connectés partout sur le territoire
Pour mener à bien leur mission, les trois cofondateurs ont décidé d’allier mobilité et technologie et ont développé des médicobus uniques : des cabinets médicaux mobiles ultra-connectés qui se déplacent directement dans les zones en tension médicale. “Les Médicobus Hocoia offrent bien plus qu'une simple téléconsultation ou une cabine de télémédecine dépourvue de lien humain. Conduits par des infirmiers, des orthoptistes ou encore des manipulateurs radio, ils permettent, en présence d'un soignant, de réaliser toute une série d'examens allant de l’échographie à l’électrocardiogramme, en passant par l’examen ophtalmologique ou dermatologique tout en connectant le patient au médecin quand l’échange en simultanée est nécessaire. Notre particularité c’est qu’on ne se limite pas à la médecine générale. Nous disposons par exemple d’un Mammobus Hocoia , spécialisé dans le dépistage du cancer du sein. Et d’autres Médicobus spécialisés verront le jour dans les mois à venir, notamment un doté d’un scanner", détaille Benoît Bourre.
Pour permettre aux soignants de gagner encore davantage de temps et ainsi leur offrir la possibilité de prendre en charge un plus grand nombre de patients, la startup n’exclut pas d’implémenter des briques d’IA en collaborant avec des medtech notamment dans le domaine du traitement de l’imagerie médicale.
La démarche de Hocoia s’inscrit dans la même logique que la récente initiative lancée par l’association Médecins solidaires qui invite tous médecins généralistes motivés et en capacité d’exercer, jeune ou retraité, à consacrer une semaine ou plus de leur emploi du temps aux consultations dans les centres de santé Médecins Solidaires pour pallier le manque dans des territoires abandonnés. “Notre démarche est vraiment complémentaire”, assure le cofondateur d’Hocoia.
Une énorme traction commerciale pour les Médicobus Hocoia
Après avoir mis en circulation le premier Médicobus Hocoia fin 2022, la startup a désormais déployé 7 cabinets médicaux mobiles qu'elle propose selon divers modèles de vente et de location. “Cinq Médicobus ont été vendus, tandis que deux sont exploités directement par nous. Nous recevons d’ores et déjà des commandes très spécifiques, équipées de matériel particulier, destinées, entre autres, à des hôpitaux”, explique le CEO.
Soucieux de ne pas facturer un service supplémentaire et d'éviter ainsi une double peine pour les patients déjà pénalisés par le manque d'accès aux soins, et désireux d'inciter les médecins à participer massivement à cette initiative en ne les commissionnant pas, Hocoia a choisi d'impliquer un tiers payeur dans son modèle d’affaire. “Il peut s’agir des communautés de communes, des agglomérations, des départements ou encore des Agences régionales de santé (ARS), qui peuvent financer les Hocobus pour le compte des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)”, explique Benoît Bourre. “Du côté privé, ce sont les entreprises qui financent ce service pour leurs salariés. Les tiers payeurs peuvent également être des acteurs sanitaires tels que des hôpitaux ou des cliniques. On leur vend le bus ou on le met à leur disposition comme un service sous forme d’abonnement mensuel ou pour quelques jours seulement.”
Une campagne de financement sur Sowefund
À ce jour, près de 4 000 patients ont pu bénéficier de ces cliniques mobiles. "Nous avons lancé notre activité dans le Grand-Est, mais nous opérons désormais également en Centre-Val-de-Loire et en Île-de-France. Notre stratégie est territoriale," détaille le cofondateur d'Hocoia. Aujourd’hui en pleine croissance, Hocoia a de grandes ambitions: “D’ici 3 ans, nous espérons pouvoir déployer une centaine de bus et ouvrir d’autres marchés à l’international”, souligne Benoît Bourre.
La startup lance aujourd’hui une campagne de financement participatif sur la plateforme Sowefund. “Des business angels et des groupements de business angels dans la santé se sont déjà positionnés sur cette campagne. Ces fonds, qu’on espère de minimum 1,5 million d’euros, nous permettront de déployer nos solutions partout en France. Nous comptons d’ailleurs sur ces investisseurs particuliers pour devenir de véritables ambassadeurs d’Hocoia”, souligne le cofondateur.
Pour devenir investisseur et contribuer à la résorption des déserts médicaux, c’est par ici.