“On trouve six fois plus d'eau dans l'air que dans toutes les rivières au monde”. Alors pourquoi ne pas utiliser cette ressource ? C’est exactement ce que parvient à faire la startup franco-tunisienne Kumulus Water, qui présentait ses dernières innovations lors du salon VivaTech à Paris. “On extrait l’humidité qui est dans l’air en condensant, puis on filtre à plusieurs reprises et ensuite on minéralise”, explique Iheb Triki, cofondateur et CEO. Pour cela, la machine utilise de l’électricité, qui peut évidemment être issue de panneaux solaires.

Une prouesse technologique qui permet d’apporter de l’eau sur les territoires qui en manquent mais aussi de s’adresser aux usines, bureaux ou hôtels. “A Barcelone, dans les usines Seat, 300 à 600 litres d’eau en bouteille sont consommés tous les jours par les 300 ouvriers”, raconte Iheb Triki. “On va remplacer tout ça par 5 à 10 machines Kumulus. Moins de plastique, moins de logistique. Et c’est 30% à 50% moins cher comparé aux bouteilles d'eau en plastique”.

La France n'est pas prioritaire pour Kumulus Water... pour le moment 

Pour servir ses ambitions, Kumulus Water vient de sécuriser 3,1 millions d’euros, dont près de 2 millions d’euros levés auprès notamment de Bpifrance, des fonds de capital-risque régionaux (PlusVC, Khalys Venture, Flat6Labs), des family offices d’Europe et d’Afrique du Nord et Spadel, l’un des leaders européens de l’eau minérale en bouteille. Et ce n’est pas fini : Kumulus Water prévoit déjà une nouvelle levée de fonds plus importante en 2026 pour développer le Titan, une machine permettant de produire 1000 à 3000 litres d’eau par jour. “On va pouvoir fournir de l’eau aux industriels et pour l’agriculture”, ambitionne Iheb Triki.

Parmi les marchés prioritaires de la startup, l’Espagne, la Tunisie, le Maroc ou encore l’Arabie Saoudite. “Là où il y a un stress hydrique, un besoin d’eau, et en même temps une consommation élevée des bouteilles d'eau en plastique”, argumente le fondateur de Kumulus Water. La France n’est en revanche pas une priorité. “L'eau du robinet est déjà très bonne à Paris, Marseille ou Nice. On vise plus Bordeaux où l’eau est de très mauvaise qualité, ou les îles comme Porquerolles”, détaille Iheb Triki. 

Néanmoins, l’Hexagone pourrait avoir de nouveaux besoins dans un futur proche. “Notre pronostic, c'est que, dans les prochaines années, on va malheureusement déployer de plus en plus de machines en France à cause du stress hydrique et de la pression énorme sur nos aquifères”, explique-t-il. “Il y aura de plus en plus de pollution dans nos bouteilles d'eau, dans nos robinets et donc les gens auront besoin d’une meilleure qualité d’eau. Notre eau est produite le jour même, elle n’a pas été conservée sur une longue période, il n’y a pas de PFAS, pas de microplastiques, c'est une eau qui est naturelle”.

Des projets humanitaires avec de grands donateurs

Si Kumulus Water a pour objectif de s’étendre au niveau mondial, elle n’oublie pas sa vocation humanitaire. “En Tunisie, 25% des écoles n’ont pas accès à l’eau. Nous allons voir les grands donateurs comme Sanofi, Orange ou PwC, pour financer l’installation de machines”, rappelle le cofondateur. “Grâce à l’ambassade britannique, nous avons installé plus de 22 machines dans 7 écoles, plus de 1500 élèves ont maintenant accès à l’eau. C’est mieux pour la santé, ça réduit l’absentéisme et ça donne de l’espoir à ces enfants”.