Souvenez-vous : en septembre 2021, il y a seulement quatre ans, la startup Sorare, qui propose des cartes de sportifs en NFT, est au firmament. Elle annonce une levée de fonds fracassante dans la French Tech de 680 millions de dollars, soit la plus grosse levée de fonds de l’histoire de l’écosystème à l’époque. Au tour de table, on retrouve le Japonais SoftBank, le Londonien Atomico, les Français Partech et Eurazeo ou l’Américain Accel Partners. Bref, que du beau monde. Il faut dire que l’argent coule à flot : des taux d’intérêt au plus bas, pas de guerre en Ukraine, et une reprise économique post-Covid extrêmement vigoureuse.

Mais où en est la startup quatre ans après ? Selon L’Informé, l’activité de Sorare est en chute libre depuis trois ans. Son chiffre d’affaires aurait baissé de 59% en 2023 pour s’établir à 59 millions d’euros. Puis, il aurait diminué de 27% l’année dernière pour se situer à 43 millions d’euros. L’entreprise prévoit cette année une activité seulement de 42 millions d’euros. Plus inquiétant encore : l’ex-champion de la French Tech perd plus de 220 millions d’euros en 2023, puis environ moitié moins l’année dernière. Malgré ces chiffres, la startup se veut résiliente, comme nous l'expliquait il y a deux mois son cofondateur Nicola Julia : "aujourd'hui, nous avons un horizon de retour à la profitabilité dans les 12 à 18 mois. Notre plan ne repose pas à un recours à une éventuelle série C". 

Sorare, fer de lance d'un secteur en berne

Afin de réduire au maximum ses pertes, et dans ce contexte, l'ex-fleuron de la French Tech décide donc de couper au maximum dans ses dépenses. L'année dernière, l’entreprise réduit ses effectifs de 13% en licenciant des salariés basés à New York. De plus, interrogée par L'Informé, elle affirme qu’elle a aussi « réussi à diviser (ses) coûts de licencing annuels avec les ligues sportives par cinq, tout en maintenant le même portefeuille de partenaires ». Pourtant, en quelques années, Sorare s’était imposé comme un champion mondial du «fantasy sport» et des NFT. Après avoir séduit des clubs de football comme le Paris Saint-Germain, l’Olympique de Marseille et le Real Madrid, l’entreprise tricolore avait changé d’envergure en nouant des partenariats avec la NBA et la MLB aux États-Unis. Cette année, Sorare est sortie du French Tech 120, le classement des 120 startups françaises les plus prometteuses. 

La raison principale de cette diminution drastique d’activité : un marché des NFT et du Web 3 en berne. Ainsi, les investisseurs français n’ont participé qu’à 33% des levées fonds en séries B et C dans le Web 3 en 2024, selon l’Adan, qui représente les acteurs du secteur. Il faut dire que la forte médiatisation dont bénéficie les technologies liées à l’intelligence artificielle ces derniers mois tend à faire de l’ombre au Web 3, globalement perçu comme étant moins disruptif pour le grand public et attirant moins d’investisseurs.