Trop de data tue la data, surtout si la data collectée est de mauvaise qualité. Face à ce constat, Salma Bakouk s’est associé en 2021 avec Wajdi et Wissen Fathallah pour créer Sifflet, une startup spécialisée dans l’observabilité des données. Celle-ci annonce une nouvelle levée de fonds de 16 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques EQT Ventures et Mangrove Capital Partners. A cette occasion, Capmont entre au capital de la société. Cette dernière avait bouclé une série A de 12 millions d’euros en mars 2023.

C’est durant son expérience chez Goldman Sachs en Asie que Salma Bakouk a pu constater à quel point le déficit de connaissances des entreprises sur la qualité des données pouvait avoir un impact négatif sur leur activité, avec souvent des pertes colossales à la clé. «La qualité des données était un vrai bloqueur d’innovation. Mais c’était une période où l’industrie de la data était assez intéressante car les entreprises commençaient à investir dans des infrastructures dédiées. Et dans ce marché de la data en pleine croissance, je voyais que l’IA était le prochain type de produit du secteur», explique Salma Bakouk, co-fondatrice et CEO de Sifflet.

Détecter les anomalies qui gangrènent la data

Par conséquent, elle s’est attelée avec ses associés à concevoir un logiciel permettant de détecter les anomalies pour fiabiliser les données. Pour cela, l’entreprise remonte même jusqu’à la métadonnée pour scanner l’ensemble de la chaîne de valeur de la data (volume, format, moment où la data est ingérée, infrastructure…) pour être en mesure d’identifier la source d’un problème et ainsi informer le producteur de la donnée et celui qui la consomme pour que chacun puisse réagir avant qu’elle ne se propage à tout le système. «Avec notre solution, on veut être l’arbitre de la donnée dans les entreprises. On distribue les cartons jaunes et les cartons rouges», résume Salma Bakouk.

Avec son approche, Sifflet a séduit des entreprises comme Carrefour, CMA CGM et Saint-Gobain. Si 85 % de ses clients sont des grands groupes, la société ne se ferme aucune porte. «On cible toutes les entreprises avec un certain degré de maturité», indique Salma Bakouk. Sifflet compte d’ailleurs Criteo, Dailymotion ou encore The Fork parmi ses clients. En un an, l’entreprise a triplé sa base de clients ainsi que son chiffre d’affaires.

Un bureau ouvert à New York

Forte de cette bonne traction commerciale, la startup tricolore entend s’appuyer sur son tour de table de 16 millions d’euros pour tisser encore davantage sa toile à l’international, notamment sur le marché américain où elle a récemment ouvert un bureau à New York. «L’Amérique du Nord est un marché sur laquelle la demande est très forte. Il est très mature et il y a peu de concurrents», se réjouit Salma Bakouk. Cette dernière pense déjà la prochaine étape de cette expansion, vraisemblablement en Asie, «peut-être à la fin de l’année», pour prendre prendre encore plus d’envergure à l’échelle internationale. «Avec une levée comme celle-ci, on devient plus sérieux aux yeux du marché international. Nous avons attiré l’attention des investisseurs, surtout à l’aune de l’IA. L’IA générative est en train de transformer toute l’industrie software», ajoute la dirigeante.

Dans ce contexte, Sifflet a dévoilé il y a quelques semaines sa feuille de route pour déployer de nouveaux agents IA au cours du deuxième semestre. Ces derniers doivent permettre de récupérer des métadonnées et d’émettre des suggestions de stratégies de monitoring, de détecter un problème avant qu’une application ne tombe en panne, ou encore de proposer une solution pour résoudre un incident. «Ces agents sont un game changer. On avance vers un monde où ces agents vont pouvoir libérer de la bande passante aux équipes data», estime la CEO de l’entreprise.

En parallèle, la société, qui compte actuellement 50 collaborateurs, prévoit d’étoffer ses effectifs avec le recrutement de 25 personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année. Elle s’est notamment attachée les services de Rémi Bastien (ex-Contentsquare) pour piloter la stratégie de changement d’échelle, et Romain Doutriaux (ex-Pigment et Dataiku) pour conduire les opérations marketing. Deux renforts de poids pour accélérer la stratégie go-to-market. Et pour cause, Sifflet ne veut pas perdre la moindre seconde pour se tailler le plus belle part du gâteau sur un marché qui pourrait peser 10 milliards de dollars dans le monde d’ici trois ans.