Pourquoi lancer un podcast sur les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ? Pour Benjamin Chemla, fondateur de Shares, l’intuition de départ est simple : derrière cette profession souvent méconnue du grand public, se cachent des trajectoires entrepreneuriales inspirantes. « Ce sont des histoires d’hommes et de femmes qui montent leur boîte, sans lever de fonds, en partant de rien. Ils me rappellent les débuts de l’entrepreneuriat tech, mais avec une obsession de la rentabilité immédiate », confie-t-il.
Avec Cash Cash, produit en partenariat avec Maddyness et l'équipe ETF de BNP Paribas Asset Management, Shares souhaitait donner la parole à ces professionnels qui, à leur manière, transforment la relation à l’argent. « Le podcast s’est imposé naturellement. C’est un format accessible, propice à l’intime, et il n’existait rien de vraiment dédié à ce segment », explique Benjamin Chemla. Résultat : une série qui conjugue pédagogie financière et récits de terrain. Voici les trois grandes leçons à retenir.
1. Une profession en voie de structuration
Ce qui ressort d’abord, c’est le paradoxe du secteur : une multitude de créations de cabinets indépendants, et, en parallèle, une concentration des encours autour de quelques grands groupes comme Crystal ou Group Premium. « Aujourd’hui, 10 cabinets gèrent 50 % des encours, quand 4000 autres se partagent l’autre moitié », affirme Benjamin Chemla.
Ce mouvement s’explique en partie par la pression réglementaire croissante : questionnaires d’adéquation, traçabilité, conformité, etc. « Le métier s’est professionnalisé à vitesse grand V. Sans outils adaptés, il devient parfois très complexe d’exercer seul », résume Benjamin Chemla. D’où un double mouvement : consolidation pour certains, maintien d’un modèle artisanal pour d’autres.
2. Un rôle d’utilité sociale face à l’anxiété financière
Cash Cash met aussi en lumière un malaise profond : l’angoisse des Français face à l’investissement. « Beaucoup de gens héritent, parfois pour la première fois, et ne savent pas comment gérer cet argent. Ils ont peur de perdre », souligne le fondateur de Shares.
Dans ce contexte, le CGP devient un repère. À mi-chemin entre le conseiller et le confident, il accompagne des choix de vie, bien au-delà du simple rendement. « C’est un métier de proximité. Certains parlent de leurs clients comme d’un voisin ou d’un cousin. Ils créent une vraie relation de confiance », commente Benjamin Chemla. Un rôle essentiel, à l’heure où l’éducation financière devient un enjeu de société.
3. Une démocratisation rendue possible par la tech
Si le CGP veut rester accessible à des patrimoines modestes, la technologie devient un levier indispensable. « Aujourd’hui, certains outils datent de vingt ans. Ils impliquent des procédures lourdes, de la paperasse, des allers-retours incessants avec le client », dénonce Benjamin Chemla.
Shares veut casser cette inertie. « On veut apporter une expérience fluide, comme dans une néobanque. Si on permet à un professionnel de créer un compte en 4 minutes et de souscrire un plan en 10, alors le conseil devient viable, même pour 10 000 euros », explique-t-il. La tech devient un accélérateur d’impact… et un facteur de rentabilité.