Depuis deux ans, nous vivons une véritable effervescence autour de l’IA générative. Cet engouement touche tous les pans de la société : les usages personnels, les expérimentations professionnelles, et bien sûr les débats stratégiques au sein des Comités de Direction. La génération Prompt s’est emparée des LLM (Large Language Models) comme d’un nouvel assistant, au même titre que la calculatrice ou le tableur pour les générations précédentes. Étudiant(e)s, jeunes recrues et profils aguerris se forment à grande vitesse, parfois de manière autodidacte, souvent de façon empirique.

Mais l’enthousiasme de cette période formidable n’est pas sans revers. Car après l’expérimentation vient l’heure de la mise en production — et c’est là que les choses se compliquent. Fuites de données, blocages syndicaux (souvent liés à un CSE mal informé), résistances internes après une communication anxiogène... Autant d’écueils qui peuvent saboter une dynamique pourtant bien amorcée. L’euphorie du début laisse parfois place à une désillusion brutale. Or, l’IA n’est pas un épiphénomène. Elle s’installe, durablement. Reste à savoir comment.

De l’IA de confiance… à la transformation confiante par l’IA

Le terme d’IA de confiance est désormais bien installé : il désigne une IA éthique, transparente, sécurisée, respectueuse des droits fondamentaux. Un cadre nécessaire, mais pas suffisant. Car la vraie question n’est pas seulement celle du quoi : elle est aussi celle du comment.

Pour cela, parlons de transformation confiante. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter de l’IA à l’existant, mais de transformer l’organisation en profondeur — de manière systémique. Cela suppose d’agir de concert sur les volets humain, organisationnel, processus et système d’information. Cela touche tous les secteurs et tous les domaines de manière forte.

Créer les conditions fertiles de l’adoption

Une transformation IA ne se décrète pas. Elle s’ancre dans un écosystème de confiance, qui engage toutes les strates de l’organisation : dirigeant(e)s, managers, collaborateurs et collaboratrices.

On se pose souvent la question : quel modèle de langage (LLM) choisir pour l’entreprise ? Faut-il développer un GPT sur mesure ? Mais ces considérations techniques ne doivent pas faire oublier l’essentiel : comment impliquer les équipes et assurer l’adoption de l’outil ? Car une IA mal adoptée est une IA inutile.

L’analyse de l’impact de l’IA sur les métiers et les compétences a révélé des transformations majeures. Le verdict est clair : certains métiers sont appelés à évoluer en profondeur, d’autres à disparaître, tandis que beaucoup nécessiteront une montée en compétences accélérée. C’est cette transition qu’il faut accompagner.

L’épanouissement, levier-clé de l’engagement

On ne peut pas ordonner l’engagement. En revanche, on peut créer les conditions de l’épanouissement. Et c’est là que se joue l’adoption réussie de l’IA. Concrètement, nous analysons l’impact de l’IA autour de quatre axes principaux. Grandir : comment l’IA transforme les savoir-faire, et modifie les interactions. Santé & sécurité : dans quelle mesure elle allège les tâches répétitives ou, au contraire, génère un nouveau stress. Réussite : comment elle enrichit ou dénature le travail, et modifie les relations internes ou avec les clients. Plaisir et accomplissement : les collaborateurs conservent-ils une marge de manœuvre ? L’IA favorise-t-elle l’innovation ? quel est l’impact environnemental ?

Il est primordial d’accorder une attention particulière aux managers, qui sont les relais naturels, rouages essentiels, de la transformation — mais qu’il faut aussi accompagner, former et soutenir.

Et après le diagnostic : agir

Le diagnostic n’est qu’une première étape. Encore faut-il passer à l’action, sans oublier les acteurs clés : RH, directions métiers, managers… ni les parties prenantes institutionnelles comme le CSE, sous peine de blocage brutal, comme ce fut le cas récemment dans une organisation de santé sanctionnée pour manque de concertation.

Une IA bien adoptée, c’est une IA qui crée de la valeur avec des collaborateurs engagés. Pas des utilisateurs passifs, mais des praticiens, des ambassadeurs...

L’enjeu est immense, mais le mouvement est lancé. À nous, collectivement, de faire en sorte que cette transformation soit confiante, partagée, durable.