La filière française du New Space veut ajuster sa trajectoire pour accroître son rayonnement. Dans ce sens, le collectif des Assises du New Space, qui représente toutes les composantes du spatial français, a formulé 12 propositions pour renforcer la compétitivité et la souveraineté du secteur. Ces recommandations visent à mettre à jour les propositions retenus en 2022 afin de s’adapter aux mutations du marché et au nouveau contexte géopolitique.

Ces nouvelles propositions, dévoilées en marge des Assises du New Space organisées à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris les 8 et 9 juillet, visent à poursuivre la structuration de l’écosystème tricolore du New Space pour lui permettre de briller davantage face aux États-Unis et la Chine qui ont un appétit d’ogre dans le spatial. Les pépites françaises rêvent d’un destin digne de SpaceX, qui a démontré qu’il était possible de construire une nouvelle voie dans le spatial pour remettre en question un modèle qui était à bout de souffle.

Qui sera le «SpaceX» français ?

Quand Elon Musk déclarait il y a vingt ans vouloir envoyer des hommes dans l’espace, la Nasa et l’ESA étaient hilares. Ce n’est plus du tout cas le cas aujourd’hui, dans la mesure où SpaceX, avec sa capsule Crew Dragon, constitue aujourd’hui la principale solution pour assurer la navette avec la Station spatiale internationale (ISS). Aujourd’hui, la valorisation de SpaceX tourne autour de 350 milliards de dollars et pourrait bientôt grimper à 400 milliards à la faveur d’une nouvelle levée de fonds.

Si elles sont encore bien loin d'une telle valorisation, des startups françaises du New Space montent sérieusement en puissance. On a pu le constater ces derniers mois, notamment avec The Exploration Company, qui a annoncé en novembre dernier une levée de fonds de 150 millions d'euros, soit la plus importante série B de la filière en Europe, pour fabriquer des capsules spatiales réutilisables. On peut aussi citer Loft Orbital, startup franco-américaine qui est devenue une licorne en début d’année avec une série C de 170 millions d’euros, ou encore Kinéis qui vise 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2030 avec sa constellation de nanosatellites. Une belle dynamique que le collectif des Assises du New Space souhaite amplifier.

Voici ses 12 propositions pour faire franchir un nouveau cap à l’écosystème tricolore :

  1. Créer un Conseil national de l’Espace
    Cette structure viserait à aboutir à une gouvernance plus cohérente et agile du secteur spatial français, rassemblant acteurs publics et privés.
  2. Créer un Fonds souverain d’investissement spatial
    L'idée est de mettre sur orbite un fonds d'un milliard d'euros pour soutenir l’investissement privé dans l’industrie spatiale française et accélérer l’innovation.
  3. Former une nouvelle génération de talents
    Cela passe par la mise en avant de profils variés et adaptés aux enjeux du New Space, de la formation technique à l'intégration de compétences issues des sciences humaines.
  4. Renforcer le rôle du monde académique dans le secteur spatial
    Cela permettrait de faciliter un transfert rapide et continu des savoirs et des technologies entre la recherche et les acteurs industriels pour favoriser l'innovation.
  5. Soutenir l’autonomie stratégique
    C'est une condition sine qua non pour renforcer l’indépendance technologique de la France en matière d’accès à l’Espace et de souveraineté nationale.
  6. Créer une Fondation spatiale
    Cette institution aurait vocation à promouvoir la culture spatiale auprès du grand public, et financer des projets éducatifs et sociétaux en lien avec l’Espace.
  7. Renforcer les partenariats internationaux 
    Cela signifie développer des collaborations intergouvernementales pour favoriser l’émergence d’opportunités commerciales accessibles, en particulier hors des États-Unis.
  8. Harmoniser les normes environnementales
    Cette proposition vise à simplifier et standardiser les réglementations européennes relatives à l’environnement et à intégrer pleinement la donnée spatiale dans les actions environnementales.
  9. Décloisonner le marché du New Space
    Pour atteindre cet objectif, il faut encourager une plus grande interaction entre les acteurs du spatial et les clients finaux pour élargir l’offre et accélérer l’adoption des technologies spatiales.
  10. Flécher la commande publique pour accélérer le développement d'un New Space souverain
    Cela revient à adopter une logique de soutien à un New Space «made in France» et à l’échelle européenne, dans l’esprit d’un Small Business Act, afin de stimuler l'innovation et la compétitivité du secteur.
  11. Créer un label «startup souveraine»
    Il permettrait d'offrir un soutien renforcé aux startups du New Space dans leurs phases d'innovation et d'industrialisation, en simplifiant les normes et en créant des incitations fiscales adaptées.
  12. Renforcer la visibilité et l’accessibilité de la donnée spatiale
    Cela passe par la promotion de la libre circulation des données spatiales pour encourager l’innovation dans les services publics, la recherche et l’industrie privée.