Tomorrowland est considéré comme le meilleur festival de musique électronique du monde depuis de nombreuses années, si ce n’est le meilleur festival tout court. Et pour cause, les organisateurs de cette fierté belge, nichée entre Anvers et Bruxelles, ne lésinent pas sur les moyens pour en mettre toujours plus plein la vue aux 400 000 festivaliers qui fréquentent le domaine De Schorre, à Boom, chaque année durant les deux derniers week-ends de juillet.
Tomorrowland est né il y a 20 ans sur une idée de deux frères, Manu et Michiel Beers, qui souhaitaient offrir une nouvelle expérience pour vivre la musique électronique. En quelques années, le festival a pris une envergure colossale, attirant ainsi des milliers de visiteurs du monde entier. Lasers et feux d’artifice dans tous les sens, sens du détail absolument partout, régulation des flux… L’équipe de Tomorrowland s’est taillée une sacrée réputation dans le monde des festivals, jusqu’à en devenir une référence mondiale.
«ChatGPT est trop lent pour ce que nous faisons !»
Pour rester à la pointe des dernières tendances technologiques et continuer à impressionner les festivaliers, les organisateurs s’appuient sur l’expertise de plusieurs startups. Maddyness a pu en rencontrer quelques-unes en marche de l’édition 2025 de Tomorrowland. Dans le village médias du festival belge, nous avons ainsi pu échanger avec Jurgen Nuytemans, co-fondateur d’Areal et à la tête du pôle R&D de Tomorrowland. Présent depuis le tout début du festival, l’entrepreneur belge s’est attelé avec Areal à trouver un moyen d’offrir le meilleur son possible aux festivaliers sans pour autant faire mal à leurs oreilles. De cette réflexion, c’est une innovation qui est née pour convertir du son stéréo en audio 3D immersif en temps réel avec une latence comprise entre 6 et 8 millisecondes en fonction de la connectivité.
Baptisée «Upmix», cette technologie vise ainsi à rendre le son live plus immersif pour proposer au public une nouvelle manière d’écouter la musique, qui soit plus optimale peu importe où l'on se trouve sur le terrain du festival sans faire grimper le nombre de décibels. «Nous avons développé un algorithme propriétaire mais ce n’est pas de l’intelligence artificielle. ChatGPT est trop lent pour ce que nous faisons !», sourit Jurgen Nuytemans. Testée en 2019 sur la scène Atmosphere à Tomorrowland, cette technologie est désormais présente sur la majorité des scènes de Tomorrowland, à l’image des impressionnantes Freedom Stage et Core Stage, ou encore de Planaxis et Crystal Garden.
«Sortir du mode startup pour se tourner vers une nouvelle génération de produits»
Si cette technologie réservée aux professionnels de l’industrie musicale se cache dans un boîtier imposant, la société a voulu la miniaturiser dans un casque pour offrir une expérience audio spatiale d’un nouveau genre aux producteurs de musique et aux passionnés de nouvelles expériences sonores. Idéal quand vous mixez à Tomorrowland devant des milliers de personnes !
Après cette édition 2025 du festival, Areal s’apprête à entrer de plain-pied dans sa phase de commercialisation, avec la mise sur le marché du moteur «Upmix» en septembre, puis celle du casque en novembre. Mais Kristof Jeuris, directeur commercial de la jeune pousse belge qui ne compte sur trois personnes dans ses rangs à l’heure actuelle, voit déjà plus loin. «Je veux sortir du mode startup pour que l’on se tourne vers une nouvelle génération de produits», assure-t-il.
Au-delà de méga-structures comme Tomorrowland, Areal veut en effet toucher une clientèle un peu plus modeste, comme les bars, les clubs et les restaurants. Et plus la société sera en mesure de passer à l’échelle industrielle, plus elle pourra abaisser ses coûts de production. Un défi de taille à relever pour une scaleup en devenir.
Connexion intime entre le son et la lumière
Si le son est évidemment une pièce maîtresse du festival belge, il est cependant intimement lié aux visuels employés pendant les sets des DJs pour en mettre plein la vue aux fans de musique électronique. Mais avec des dizaines voire des centaines d’appareils à connecter entre eux et à configurer, la mise en place des jeux de lumière peut rapidement tourner au casse-tête. «Encore aujourd’hui, la norme est de configurer manuellement les appareils ou de passer trop de temps à configurer des paramètres complexes», observe ainsi Vincent Jacobs, ingénieur du son qui présente la technologie de KLSTR à Tomorrowland.
Pour changer la donne, la société belge a développé une application qui détecte automatiquement tous les appareils en fonction de leur ordre de câblage, ce qui permet donc de s’affranchir de l’attribution manuelle d’adresses IP pour chaque appareil. «Cela permet de tout mapper en identifiant chaque élément de jeux de lumière de la scène. C’est une technologie ouverte à la collaboration avec le DJ. Il peut vraiment jouer avec les éléments», se réjouit Vincent Jacobs.
Le potentiel de cette technologie s’est pleinement exprimé durant ce Tomorrowland 2025 sur la Freedom Stage, qui était dotée d’une spectaculaire structure mobile au plafond comprenant 210 panneaux LED motorisés. Un véritable «ciel flottant» pour impressionner les milliers de festivaliers. Et bien sûr, sur les scènes extérieures comme la Main Stage, des feux d’artifice en pagaille étaient tirés à la nuit tombée pour ajouter une couche de féerie à un univers qui brillait déjà par sa magie.
Une résilience à l’épreuve du feu
Si Tomorrowland a su se sublimer depuis sa création il y a 20 ans pour devenir la référence mondiale des festivals électro, les organisateurs ont également fait la démonstration de la résilience qui les habitait. D’abord pendant la pandémie de Covid-19 durant laquelle ils ont remplacé deux éditions physiques par des éditions virtuelles où les festivaliers en manque de Tomorrowland pouvaient expérimenter un peu de la magie du rendez-vous belge sur l’île imaginaire de Papilionem puis dans l’univers «The Amicorum Spectaculum». Une expérience sur laquelle a capitalisé l’équipe de Tomorrowland en lançant un métavers avec la startup Caliverse. L’occasion d’offrir un monde virtuel aux fans du festival pour prolonger leur expérience même quand ils sont loin de Boom.
La résilience des organisateurs a été également mise à l’épreuve du feu en marge de l’édition 2025 de Tomorrowland. Et pour cause, un terrible incendie a ravagé la Main Stage à seulement deux jours de l’ouverture du festival. Mais plutôt que de s’apitoyer sur son sort, l’équipe de Tomorrowland s’est mise en quête d’une solution de secours alors que les pompiers étaient encore mobilisés pour éteindre les dernières flammes qui ont réduit en cendres Orbyz, un univers magique entièrement fait de glace qui avait été retenu comme thématique de cette édition. En une nuit, ce sont ainsi plus de 200 personnes qui se sont activées pour faire naître une nouvelle scène devant les vestiges de sa grande sœur incendiée, avec l’aide du groupe Metallica qui a envoyé du matériel pour que ce «miracle» puisse se produire.
Désormais, les organisateurs vont pouvoir souffler et faire le bilan de cette édition 2025 qui restera dans toutes les mémoires. Mais pas le temps de se reposer longtemps, car la planète Tomorrowland ne s’arrête jamais. Une résidence annuelle à Ibiza, une édition au Brésil à l’automne, une édition hivernale à l’Alpe d’Huez en France, des shows à la Sphère de Las Vegas dans quelques semaines et même bientôt une édition asiatique en Thaïlande… L’agenda est bien rempli !
Pour continuer d’innover pour la prochaine édition et ses différents événements, Tomorrowland peut aussi désormais compter sur une structure atypique : le Lab of Tomorrow, un hub d’innovation dédié à l’entertainment. Maddyness a pu le visiter et nous allons très bientôt vous le présenter !