Désolé de plomber l’ambiance en ce mois de rentrée 2025. Mais à force de fermer les yeux, on finit par se prendre le mur. Appelons un chat un chat : la France est bel et bien entrée en crise économique. Aucun média ne le formule ainsi aujourd’hui, et pourtant, les cinq symptômes classiques sont là.
 
Plusieurs constats : tout d’abord, nous observons un chômage en hausse, notamment chez les jeunes (+1,5 point en un an selon l’Insee), avec des secteurs comme le bâtiment, la restauration ou l’automobile déjà fragilisés. Puis les faillites d’entreprises sont en augmentation : après une accalmie post-Covid, la Banque de France a recensé plus de 60 000 défaillances sur un an (+30 %), touchant autant les TPE/PME que des ETI stratégiques.
Sans compter une instabilité financière avec des taux d’emprunt qui dépassent 4 % pour les entreprises, ainsi qu'une volatilité des marchés. Et cerise sur le gâteau en matière financière, le coût d’emprunt de la France est désormais supérieur à celui de la Grèce, longtemps symbole de crise budgétaire en Europe. Un signal d’alerte fort, qui devrait pousser à reconsidérer nos équilibres financiers. A cela il faut ajouter une perte de confiance généralisée avec des ménages qui épargnent davantage, investisseurs attentistes, dirigeants qui reportent leurs projets. Enfin, des déficits et une dette publics records : notre dette est au-delà de 110 % du PIB, déficit proche de 6 %, soit des marges de manœuvre budgétaires quasi nulles.
 
Ces éléments c’était avant la crise politique actuelle ! Aujourd’hui, en plus de tout cela, nous devons faire face à une instabilité politique avec le vote de confiance sollicité pour notre Premier ministre, au moment où nous avons tant besoin de stabilité. L’union des partis d’opposition ne devrait pas être une option, sauf à vouloir le chaos. Et, en toile de fond, le retour d’un déséquilibre géopolitique marqué par la politique commerciale américaine, qui impose à l’Europe de réagir. Probablement une bonne nouvelle, car c’est très souvent dos au mur qu’on peut / doit faire de grande chose.
 

Pourquoi rester optimiste malgré tout ?

Nous devons rester optimistes malgré tout parce que nous avons déjà traversé des crises. 1993, 2008, 2020 : à chaque fois, des acteurs se sont réinventés. C’est dans ces moments de turbulence que naissent de nouveaux champions. Mais cela suppose d’adapter nos stratégies, rapidement et lucidement. Je propose quelques pistes concrètes pour les entrepreneurs et dirigeants :
 
- gérer ses coûts avec prudence, mais éviter la paralysie. Dans certains cas, sous-staffer et recourir à des talents externes peut offrir la flexibilité nécessaire. Tout en étant téméraire et ne pas trop couper sur les coûts sales et marketing pour continuer d’aller de l’avant ; 
 
- oser de nouvelles offres adaptées à ce nouveau paradigme : les besoins changent, les consommateurs aussi. Les crises déplacent toujours la demande et créer des opportunités pour prendre des parts de marché à des concurrents quand le marché adressable se tend ;
 
- activer son réseau : les liens tissés dans le passé avec vos partenaires, clients, investisseurs sont déterminants dans ces moments pour faire la différence.
- cibler ses efforts : inutile de tout faire. Mieux vaut concentrer ses ressources sur les fonctions les plus stratégiques (commercial, tech, produit) et les secteurs d’activité moins affectés par la crise ;
 
- s’ouvrir à l’international : diversifier ses opportunités au-delà de la France en sa tournant vers des économies dynamiques (et x: Espagne, Italie, Pologne ou encore Grèce). C’est ce que nous avons fait chez 321 en ouvrant notre bureau à Athènes pour travailler au lancement de notre première startup hellénique ;
 
- explorer l’IA comme levier de productivité immédiat. L’automatisation et l’aide à la décision sont devenues des armes de résilience ;
 
- prendre soin de ses équipes : une entreprise qui communique et qui garde son collectif soudé traverse toujours mieux les tempêtes.
 
Chez 321, nous avons anticipé ces tensions en modifiant il y a 6 mois trois composantes de notre stratégie : nous sortons du modèle startup studio stricto sensus pour aller vers une offre unique de conseil et exécution digne des meilleurs scale up réalisée par des serial-entrepreneurs capables de lancer de nouveaux business tech et IA, avec de grands groupes européens, ouverture à l’étranger (Grèce et Espagne, Pologne à l'étude) et plateformisation de notre organisation. On s’adapte à un monde qui change, avec une ambition et ADN inchangés.
 
Plutôt que de subir cette crise, l’Europe a une opportunité unique : apprendre à se passer de béquilles extérieures, accélérer son autonomie technologique, et favoriser l’émergence de ses propres champions. Mais cela demande une vision claire, du courage entrepreneurial et des choix politiques structurants. La vraie question n’est donc pas : sommes-nous en crise ? C' est plutôt : allons-nous utiliser ce contexte pour bâtir quelque chose de plus solide ? Comme le rappelait Sénèque : « il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». À nous de choisir où nous allons.