Avec les plateformes de crowdfunding ou encore les clubs deals, l’investissement dans les startups s’est de plus en plus ouvert aux particuliers ces dernières années. En cette rentrée des classes, Wind pousse le curseur encore plus loin en lançant un fonds qui s’adresse aux particuliers.

Centré sur la défense et la souveraineté en Europe, ce nouveau véhicule d’investissement est ainsi accessible avec un ticket minimal de 7 500 euros jusqu'au 31 décembre prochain, donnant droit à 27 % de réduction d’impôt sur le revenu grâce à un dispositif fiscal inédit de la loi de finances 2025. Une mise nettement plus faible que pour les LPs habituels qui alimentent les fonds de capital-risque avec des investissements de plusieurs centaines de milliers, voire de millions d’euros.

Réveil de l'Europe dans la défense 

Avec ce véhicule d’investissement, baptisé «Technologies souveraines», Wind entend mobiliser l’épargne des particuliers français autour d’un produit fiscalement avantageux, dans un contexte géopolitique marqué par une montée des enjeux de défense et de souveraineté, surtout à l'aune de la guerre en Ukraine qui a davantage mis en lumière la menace de la Russie de Poutine pour l'Europe. Et la récente défiance des États-Unis vis-à-vis de l'Europe, en raison du désamour de Donald Trump pour le Vieux Continent, n'a fait que renforcer le sentiment d'urgence à se réarmer dans les pays européens, dont la France.

Dans la défense, l’objectif est de miser sur des projets dans les secteurs des drones et du spatial, du maritime, du renseignement ou encore de la cybersécurité. Pour ce qui est du domaine de la souveraineté, ce sont les secteurs de l’énergie, de la santé, de l’économie circulaire, de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique qui sont ciblés.

«La défense est désormais un domaine audible»

Aux yeux de Thierry Vandewalle, co-fondateur de Wind, les planètes se sont alignées ces derniers mois pour monter un fonds dans le secteur ô combien stratégique de la défense, un domaine qui était jusque-là tabou dans les milieux financiers. «Historiquement, les militaires ont drivé l’innovation. Ça fait longtemps que je pense qu’il y avait des choses à faire sur le sujet, mais jusqu’à il y a peu de temps, on ne pouvait pas créer de fonds dans la défense. Désormais, c’est un domaine audible. C’est un virage à 180 degrés. Surtout, cette thématique résonne chez les particuliers. A leur niveau, ils ont envie de contribuer au développement économique de leur pays. Il y a un vrai sentiment de patriotisme qui remonte», observe l’investisseur.

Wind entend donc profiter de l’engouement patriotique des Français pour mettre sur orbite ce fonds, dont le hard cap est fixé à 25 millions d’euros pour la levée annuelle, ce qui correspond à un fonds institutionnel cumulé de 50 à 60 millions sur plusieurs années. Au total, ce sont une vingtaine de lignes qui sont prévues dans le portefeuille, avec majoritairement des investissements en série A et quelques tickets minoritaires pour les séries B et C de manière ponctuelle quand le potentiel de certaines pépites le justifiera.

«Il n’y aura pas de transition durable sans être souverain»

Au sein de Wind, c’est Anatole Maizières qui s’occupera de ce véhicule d’investissement. Il vient tout juste d’arriver dans le fonds de Thierry Vandewalle et Xavier Gury après plus de sept années passées chez Swen Capital Partners. «La vision que l’on porte est assez simple : il n’y aura pas de transition durable sans être souverain. Par exemple, la transition énergétique repose sur les batteries et donc les terres rares. Or on ne maîtrise pas les terres rares. Même chose pour les données européennes, qui sont très largement hébergées dans des datacenters américains», note le Partner. D’où l’intérêt de lancer ce fonds souverainiste à l’heure où l’indépendance technologique est aujourd’hui considérée comme un enjeu stratégique majeur.

Reste désormais à voir si les Français, connus pour leur aversion au risque sur le plan financier, seront prêts à sauter le pas pour flécher une partie de leur épargne dormante vers des initiatives comme celles de Wind. Mais dans une période où le contexte inflationniste et la dépréciation monétaire rendent les placements sécuritaires classiques (livret A, obligations d’État…) moins attractifs, c’est peut-être une nouvelle fenêtre de tir qui s’ouvre pour les fonds tricolores.