Pas plus tard que lors du dernier VivaTech, Jensen Huang, le patron de Nvidia, clamait à qui voulait l’entendre qu’il fallait arrêter de considérer l’intelligence artificielle uniquement comme une technologie exceptionnelle, mais plutôt comme une infrastructure de base. D’où l’intérêt aux yeux du puissant dirigeant taïwano-américain de construire des «AI Factories» partout dans le monde, c’est-à-dire des machines à générer des tokens, indispensables pour faire tourner les modèles, et donc capables de générer de la valeur. Mais encore faut-il réussir la connexion entre les agents IA et les services proposés par les entreprises du monde entier.

C’est pour répondre à cette problématique que la startup Alpic a vu le jour cette année. Aujourd’hui, la société annonce une levée de fonds en pré-speed de 6 millions de dollars menée par Partech. D’autres investisseurs, à l’image des fonds Kima Ventures, Galion.exe, Drysdale Ventures, K5 Global, Irregular Expression et Yellow, ou encore de fondateurs de Datadog, Deel, Mistral AI, Dataiku, Alan, Datadome et Botify, ont également participé à l’opération.

«Une nouvelle couche d’infrastructure pour interfacer le business»

Fondée par l’équipe à l’origine de Streamroot, une startup américaine spécialisée dans la diffusion vidéo rachetée par Lumen Technologies qui avait aidé les médias à s’adapter à la transition du broadcast vers le streaming, cette nouvelle jeune pousse s’attaque cette fois à la transition vers l’IA. Dans ce sens, Alpic développe une plateforme cloud dédiée au Model Context Protocol (MCP), un standard ouvert lancé par Anthropic pour offrir un cadre structuré et sécurisé permettant aux agents d’accéder directement à des services tiers. De cette manière, la startup permet de faciliter la tâche aux développeurs pour mettre en ligne des services accessibles aux agents IA. Quelques mois après la création de la société, les développeurs peuvent tester cette approche en accédant dès aujourd’hui à la plateforme en bêta publique.

«Plus les agents IA se développent, plus les entreprises auront besoin d’une nouvelle couche d’infrastructure pour interfacer leur business. Une interface non pas faite de pixel, mais d’outils agentiques», explique la société qui opère entre Paris et San Francisco. Avant de préciser : «Plus besoin de se connecter à un CRM : un agent peut mettre à jour une fiche client et générer une facture en votre nom. Les interfaces pensées pour les humains cèdent la place à des systèmes conçus pour les agents.»

«On commence à peine à comprendre l’ampleur de cette transformation»

Aux yeux de Pierre-Louis Theron, cofondateur et CEO d’Alpic, il est urgent de proposer une nouvelle infrastructure optimisée pour éviter que l’IA ne soit contrainte de naviguer sur des interfaces conçues pour les humains qui peuvent se révéler coûteuses et peu fiables à grande échelle. «Le vrai potentiel des agents réside dans leur capacité à interagir avec le monde digital qui les entoure. Cela suppose une infrastructure pensée dès le départ pour eux, pas simplement adaptée a posteriori», explique-t-il.

«Authentification, expérience utilisateur, paiements, workflows développeur... tout change lorsque l’utilisateur est une IA. On commence à peine à comprendre l’ampleur de cette transformation», ajoute l’entrepreneur tricolore. En effet, la révolution de l’IA n’a pas fini de livrer tout son potentiel, d’où la nécessité de poser les briques technologiques inhérentes à son développement le plus vite possible.