Doctrine poursuit ses emplettes. La startup française, considérée comme le «Google du droit», annonce le rachat de Predictice, son principal concurrent dans l’Hexagone. Les modalités financières de l’opération n’ont pas été dévoilées, mais La Lettre évoquait fin juillet une enveloppe de 20 millions d’euros. Dans le cadre de cette acquisition, les équipes de Predictice vont rejoindre celles de Doctrine. Le nouvel ensemble comptera ainsi 230 collaborateurs.
Predictice avait vu le jour en janvier 2016 sous l’impulsion de Thomas Baduel, Alexandre Chéronnet et Louis Larret-Chahine pour bâtir une base de données d’informations juridiques à destination des professionnels du droit. A l’image de Doctrine, le développement de Predictice, qui avait levé 5 millions d'euros en 2019, n’a pas été de tout repos et les deux entreprises s’étaient même écharpées il y a quelques années. La deuxième avait accusé la première d’avoir usurpé son identité dans le cadre d’une affaire de typosquatting (achat d’un nom de domaine fortement ressemblant à celui d’un site existant).
4e acquisition en deux ans
Aujourd’hui, la hache de guerre est enterrée et les deux sociétés ont décidé d’unir leurs forces pour donner naissance à géant européen de l’information juridique. «Cette acquisition est un signal supplémentaire que Doctrine est le leader européen de l’IA juridique. Alors que nous enregistrons notre meilleure année en 2025 en termes de croissance et de rentabilité, ce rachat viendra encore accélérer notre trajectoire», assure Guillaume Carrère, CEO de Doctrine. «Dans un marché en pleine consolidation, il est essentiel que l’Europe propose une alternative crédible, fondée sur l’excellence technologique et la souveraineté des données», ajoute Louis Larret-Chahine, co-fondateur de Predictice.
Depuis son rachat il y a deux ans par le fonds d’investissement américain Summit Partners, Doctrine a mis une place une stratégie de croissance externe pour gagner du terrain en Europe. Predictice constitue ainsi la quatrième acquisition de l’entreprise française depuis 2023 après les rachats de Legaltile, Jobexit et Dejure. De quoi permettre à Doctrine de monter en puissance sur le Vieux Continent pour revendiquer désormais près de 25 000 clients (avocats, juristes…) dans quatre pays (France, Italie, Allemagne et Luxembourg).
Et ce malgré les attaques répétées devant les tribunaux de poids lourds des éditions juridiques et doctrinales comme LexBase, Dalloz, LexisNexis, Lextenso et Lamy Liaisons qui accusent le fleuron français de la legeltech de collectes illégales de données et de pratiques anticoncurrentielles. En mai dernier, en dépit d'une condamnation de la cour d’appel de Paris, Guillaume Carrère s'était dit «soulagé» dans nos colonnes après une feuilleton judiciaire qui aura duré près de dix ans. Ce dernier n'aura pas entamé en tout cas l'appétit de la société française qui nourrit de fortes ambitions en Europe.