Cette année, le concours Digital InPulse organisé par Huawei depuis 2014 avait ouvert non pas une, mais deux catégories : « Tech for Competitivity » et « Women for Innovation ». La seconde vient apporter une réponse concrète à l’inégalité de genre persistante parmi les entrepreneur-e-s : trop peu de femmes fondatrices, trop peu de lauréates… Il s’agissait de faire remonter les statistiques. 

« Nous sommes fiers d’avoir accompagné plus de 100 start-ups depuis le début du programme, mais nous avons réalisé que les femmes ne représentaient que 17 % des lauréats. C’est trop peu, et c’est pourquoi nous avons décidé, cette année, de leur donner un coup de pouce avec cinq lauréates sur les dix », expliquait Anne-Claire Wang (Huawei France) en début d’année 2025.

Les auditions se sont tenues cet été dans cinq grandes régions françaises, et la finale avait lieu mardi à Paris. « Chaque startup présente ce soir incarne une vision et une ambition qui dépassent les murs de Station F », a lancé Myriam Lagarde, directrice des affaires institutionnelles de Huawei.

Une vocation commune : exporter

Ce n’est pas le champion de la catégorie « Tech for Competitivity », Marcel Lautermann, qui dira le contraire. Par nature, son entreprise est vouée à s’internationaliser, de centrale nucléaire en centrale nucléaire ! Il a déjà un pied aux États-Unis (Texas, Californie), au Québec, aux Émirats Arabes Unis, en Suède ou encore en Finlande… Mais pas encore en Chine. Il est monté sur scène avec un sourire (« Vous vous demandez sûrement ce que fait ici ce vieux bonhomme ? ») et une ancienne carte routière entre les mains. Sa startup, baptisée X'Plan Research (Le Creusot), propose une aide au pilotage des projets industriels, fondée sur l’analyse des données. « On n’est pas très efficaces dans le nucléaire, parce qu’on travaille toujours à la façon des cartes papier, alors qu’on a des centaines de millions de données à croiser. Avec mon équipe de 8 personnes, nous avons prouvé par exemple qu’on peut gagner jusqu’à 4 jours de production sur un planning de 30 jours. »

Qui peut le plus peut le moins : l’offre de X'Plan, construite dans le milieu extrêmement contraint du nucléaire, vaut aussi pour les autres industries, sujettes à moins d’enjeux. Autre championne distinguée par le jury Digital InPulse : Fizimed (Strasbourg). Emeline Hahn, sa fondatrice, est montée sur scène pour aborder « un sujet dont on ne parle quasiment jamais : l’incontinence urinaire, qui concerne pourtant une femme sur trois dans le monde. »

La dirigeante poursuit : « C’est un vrai problème de santé publique et il peut être réglé grâce à une rééducation du périnée. » La sonde connectée Emy Trainer remplit cet objectif en permettant aux femmes de reprendre le contrôle sur leur santé, de chez elles. Emeline Hahn a monté une filiale aux États-Unis et obtenu que ses sondes soient remboursées en Allemagne. « Nous avons lancé l’an dernier un second produit : un tire-lait mains libres qui permet notamment de reprendre le travail de façon bien plus sereine. »                           

Les huit autres lauréats offrent un aperçu solide de l’innovation à la française, avec une solution « Plug and Play » pour l’industrie chez Data Lobster : un petit boîtier connecté qui se fixe sur la machine et en réalise le monitoring. Mais aussi une agence qui optimise la prospection commerciale (Scal-IA), une solution de prise de mesures à distance (WeeFizz), pour être certain de commander des vêtements professionnels à la bonne taille, ou encore un fabricant de produits audio connectés, qui exploite tout le potentiel des équipements existants (Octavio).

Frak Labs et Imagine Data se positionnent sur l’acquisition de clients, le premier proposant « un nouveau canal d’acquisition, viral et scalable, avec trois technologies propriétaires : un wallet biométrique, une blockchain pour récompenser en cash instantanément et une IA prédictive utilisant Deep Seek pour anticiper les intentions d’achat », tandis que le second promet de réconcilier les équipes Marketing et Sales, en repérant et en identifiant les acheteurs BtoB qui visitent un site, pour « les convertir en temps réel. »

Enfin, H24 Care s’est lancée sur la problématique de l’engorgement des Urgences, avec une solution de triage médical et de réorientation vers la médecine de ville, quand DT Master Carbon propose une plateforme fédérant tous les indicateurs de l’action climatique et de la protection de la biodiversité - au-delà du seul impact carbone.

Un voyage qui bouscule organisé par Huawei

En vue d’un accompagnement par le Think and Do Tank Marie-Claire - Agir pour l’égalité, les cinq lauréates « Women for Innovation » ont déjà fait sentir durant leurs prises de parole qu’elles étaient prêtes à jouer les Role Models. 

Pour les 10 startuppeurs qui monteront dans l’avion en janvier, ce sera l’occasion de découvrir l'écosystème de la Tech chinoise, grâce à des rendez-vous organisés par Huawei avec l’aide de la CCI France Chine et de la chambre de commerce française à Hong Kong.

Marin Champenois, CEO de Up and Charge (bornes de recharge par induction pour véhicules électriques), lauréat 2021, accompagné par le Comité Richelieu, a rappelé que « c’est un voyage qui nous a transformés, on a vu beaucoup de voitures mais aucun bruit, et on s’est rendu compte qu’on était en retard. »

« Je ne connais pas encore la Chine, conclut Marcel Lautermann (X'Plan Research), mais j’ai travaillé près de 40 ans dans l’industrie nucléaire et je me souviens d’une visite de la délégation chinoise à Gravelines, dans le Nord, à l’époque où ils démarraient leur première centrale : leurs questions étaient très pertinentes. J’apprécie cette volonté d’apprendre et d’innover rapidement, je suis donc très curieux de découvrir à mon tour ce pays, qui recèle déjà sans doute une partie du futur. »