On a longtemps cru qu’un baby-foot ou des canapés colorés suffisaient à prendre soin d’une équipe. Travailler dans un bureau assis sur une chaise toute la journée, cela semble très confortable. C’est d’ailleurs la réalité de 8 millions de personnes en France en 2020. Sachant les risques professionnels graves (exposition à des toxiques, accidents du travail…) associés aux métiers agricoles et industriels, présenter le travail de bureau comme à risque pourrait prêter à sourire.
La science est pourtant formelle. Rester assis toute la journée accélère fortement les risques de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète, de troubles musculo-squelettiques, mais aussi d’anxiété et de dépression. Hier, la maltraitance du corps concernait principalement l’ouvrier dans son usine ; aujourd’hui, elle touche les travailleurs de bureau.
La sédentarité est aujourd’hui l’un des fléaux majeurs de notre époque. Selon l’OMS, elle est la 4ᵉ cause de mortalité dans le monde et la 1ʳᵉ cause évitable. Les données de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sont claires : 95 % de la population adulte française est exposée à un risque de détérioration de sa santé faute d’une activité physique suffisante.
La sédentarité est aussi un coût invisible pour les entreprises : perte de créativité, baisse d’énergie, fatigue chronique. Toutes les études montrent que la marche et l’activité physique favorisent la génération d’idées nouvelles, la résolution de problèmes, la pensée divergente. C’est ce qu’avait compris avec son “Thinking Path” (chemin de pensée), Charles Darwin, le scientifique qui a proposé la théorie de l’évolution par sélection naturelle. Darwin avait spécialement créé un chemin de gravier autour de sa propriété de Down House dans le Kent. Le parcours faisait environ 400 mètres et Darwin y marchait plusieurs fois par jour, généralement cinq tours chaque matin et chaque après-midi. Il plaçait des petits tas de silex au début du chemin et en retirait un à chaque tour, pour pouvoir se concentrer sur ses pensées sans avoir à compter les tours. Il utilisait ce temps pour “expérimenter mentalement” ses théories, se posant des objections et tentant d’y répondre.
Happy at work : ça commence par le mouvement.
Beaucoup de startups pensent pouvoir fidéliser leurs salariés en installant des baby-foot ou en organisant des afterworks. Mais la vraie qualité de vie au travail ne se mesure pas au nombre de bières offertes le jeudi soir : elle se construit dans le rapport quotidien au corps.
Un salarié épuisé par huit heures de travail immobile sur sa chaise, même entouré de gadgets ludiques, reste un salarié en souffrance. Et cette souffrance finit par peser lourd : turn-over, arrêts maladie, perte d’engagement.
Réinventer la qualité de vie au travail passe par une transformation radicale à la fois dans nos bureaux et dans notre culture. Voici quelques idées détaillées dans le livre La Chaise tue (aux éditions Eyrolles) :
- Des bureaux assis-debout pour encourager l’alternance de postures.
- Des réunions en marchant, qui stimulent à la fois l’attention et les idées.
- Des micro-pauses toutes les heures : dix secondes pour se lever et bouger, plutôt qu’un café avalé en vitesse.
- Des espaces de circulation conçus pour favoriser le mouvement, et non pour enfermer chacun dans une chaise.
- Des challenges actifs : notamment via la fonctionnalité Alan Play développée par la mutuelle Alan qui stimule la marche entre collègues
La question n’est pas juste de rendre le bureau plus “fun”. La question est de rendre les équipes plus vivantes. On gagne sur tous les fronts : santé, engagement, créativité, performance !
Bouger n’est pas qu’un enjeu de bien-être individuel, mais un sujet de ressources humaines sur lequel j’invite tous les dirigeants à se pencher… avec agitation !