Une première en douze ans d’existence ! La mission French Tech, administration qui dépend de Bercy chargée de soutenir les startups françaises, publie sa première étude globale sur l’écosystème tech français. Il s’agit d’établir à l’instant T une cartographie de la réalité économique des startups et scaleups françaises.

Ce que nous retenons d’abord, c’est que notre pays rassemble 18 000 startups. Ces dernières génèrent 450 000 emplois directs, dont 45 000 au sein du classement French Tech 120 / Next 40.  Le logiciel reste la locomotive de la French Tech, regroupant 31% des startups suivi de la greentech (11%) et des startups industrielles (9%). Pour compiler ces données, seules ont été prises en compte les entreprises innovantes et toujours actives, de moins de 1 000 salariés et fondées après 2007.

Sur ces 18 000 startups, plus d’une sur deux se situe en dehors de l’île de France. Ainsi, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Provence-Alpes-Côtes d’Azur (PACA) et Nouvelle-Aquitaine concentrent le plus de jeunes pousses, hors région parisienne. Ces quatre régions constituent des « hub technologiques », regroupés autour de spécialités comme le spatial en Occitanie, la santé en Nouvelle-Aquitaine, ou l’énergie en PACA. Ils permettent de susciter un élan positif pour la constitution et le développement de jeunes pousses dans la région, les unes entrainant les autres.

Disparités entre Paris et les régions

En revanche, les levées de fonds restent fortement concentrées en Île-de-France, avec 47% des opérations. Pire, dans l’intelligence artificielle, « seuls 7% des investissements sont à destination des startups en région (hors Ile-de-France) alors qu’elles représentent 44% des entreprises, Il faut rectifier le tir » déplore Julie Huguet, directrice de la mission French Tech.

Pourtant, des pôles IA existent sur tout le territoire portés par les clusters IA comme SequoIA à Rennes, le MIAI à Grenoble, ANITI à Toulouse, 3IA Côte d’Azur et Enact en Lorraine. Ceux-ci permettent de mélanger recherche, entreprises, infrastructures de pointe et filières de formation d’excellence avec notamment Polytechnique, l’ENS Paris-Saclay, les masters IA de Rennes, Angers ou Bordeaux.

Autre chiffre aussi révélateur de ces disparités entre l’Ile-de-France et les autres régions : il concerne les financements en amorçage. Plus d’une opération sur deux est réalisée dans les territoires. Cependant, les « grosses » levées de fonds, à partir de la série C, se font pour les deux tiers à Paris.

Vers plus de rachats par les grands groupes ?

S’agissant des VC français, l’étude souligne qu’ils ont levé depuis janvier près de 24 milliards d’euros, pour 85 véhicules d’investissement. Ceux-ci sont principalement destinés à être déployés dans l’IA, la greentech, et la santé. Parmi les importants closings de cette année à date, nous retiendrons ceux de Quadrille Capital, EDF Pulse Venture, et Shift4good, à respectivement 500, 300 et 220 millions d’euros.

Enfin, pour continuer à faire grandir l’écosystème, la patronne de la mission French Tech, qui entame sa deuxième année à sa tête, souhaite améliorer les relations entre les startups et les grands groupes. Les liens entre les entreprises du CAC40 et les start-up ont été multipliés par dix en quatre ans, souligne l’étude.

Cependant, les rachats par les grands groupes de startups se font rares. Ils ont été divisés par deux entre 2022 et 2024, selon le dernier baromètre de la banque d'affaires Avolta Partners. Ce qui grippe toute la chaîne de valeur. Les VC, qui ont investi parfois depuis le début de l'aventure entrepreneuriale, ne peuvent pas récupérer leurs mises et investir dans de nouveaux projets. « Il faut qu’il y ait plus d’exits de la part des grandes entreprises. Elles ont eu tendance à intégrer trop tôt les startups. Avec des valorisations qui deviennent plus cohérentes qu'avant, elles sont aujourd’hui plus prêtes à travailler sur ce sujet », constate Julie Huguet.