En France, on perd la guerre de l’attention B2B, non par manque de savoir-faire, mais par peur de s’y exposer pleinement.

Trois chiffres pour comprendre la puissance de LinkedIn :

  • 62 % des CEO du S&P 500 l’utilisent pour l’acquisition et la construction de marque,
  • 80 % des leads B2B mondiaux en proviennent,
  • Et selon Hubspot, LinkedIn est 28 % plus rentable qu’une stratégie Google Ads.

Si les CEO français devenaient silencieux, leurs entreprises perdraient en business, en recrutements qualifiés et en visibilité face à la concurrence. Et à l’échelle macro, ce serait toute l’innovation française qui reculerait : moins d’adoption, moins d’investisseurs, moins de relais à l’international. Pendant ce temps, les Américains ne se contentent pas d’innover, ils le montrent.

De fait, LinkedIn n’est plus le gadget marketing qu’il était, ou un terrain d’ego-trip pour fondateur. C’est devenu un accélérateur de croissance dans le B2B pour la génération de leads, la notoriété, les invitations dans les médias, le recrutement, le branding, et les opportunités commerciales.

Tous les marqueurs d’une stratégie de croissance y sont regroupés. Et pourtant, la France reste timide. Pourquoi ?

Un complexe culturel qui coûte cher

Discrétion valorisée, peur de « trop en dire », amalgame entre influence et communication d’impact, les raisons sont connues. On évoque même un « tempérament latin », comme si notre culture justifiait ce décalage. C’est une erreur stratégique, et certains en profitent :

Zack Deris (Finalcad) génère 95 % de son CA grâce à LinkedIn. En France, June ou Osol sont d’autres exemples qui tournent autour de 20 à 30 %.

Certains estiment que la présence d’un CEO sur LinkedIn n’est pas essentielle. Pourtant, c’est bien à lui que revient la responsabilité de tisser du lien avec l’ensemble de ses parties prenantes : clients, prospects, équipes, partenaires, actionnaires. Ce lien repose sur la visibilité et la prise de parole. Et LinkedIn permet de tout centraliser, à grande échelle.

La question qui nous reste sur les bras : comment font les dirigeants français qui publient et pour qui cela fonctionne ?

Une prise de parole simple et efficace

Ce n’est ni une question de storytelling ni une affaire d’IA. Ce qui fonctionne aujourd’hui est souvent d’une extrême simplicité. Voici le modèle des 5P observé chez les dirigeants les plus pertinents :

  1. Position : partager ses convictions, ses approches, ses méthodes..
  2. Proposition : parler de son expertise, autant de manière concrète que théorique. L’idée ici est de vous faire identifier par votre audience d’expert sur un sujet précis.  
  3. Problème : nommer les irritants du marché, interpeller, challenger. Firmin Zochetto, CEO de Payfit, le fait très bien concernant la fiche de paie en France.
  4. Preuve : documenter le quotidien, montrer les résultats, raconter les obstacles. Antoine Fabre, CEO de Tomorro, l’a brillamment fait avant sa levée de fonds en avril 2025.
  5. Processus interne : montrer la vie de l’entreprise, la culture, le management, la vision. Gilles Bertaux, CEO de Livestorm, l’illustre régulièrement.

Conclusion

Très peu de contenus autocentrés ou autopromotionnels.. Mais beaucoup de valeur, de spontanéité et de rythme. Antoine Fabre (Tomorro), Gilles Bertaux (Livestorm), ou encore Aurélien de Meaux derrière Electra représentent bien ce cas de figure.

Pour avoir des champions en France, il faut qu’ils soient visibles autant que performants. L’ambition est là, mais l’état d’esprit doit suivre.

Voici une dernière conviction : notre prochaine licorne ne brillera pas en silence.

Et qu’en est-il de l’IA générative dans tout ça ?

L'IA générative est une formidable alliée pour structurer une idée, enrichir un propos ou accélérer la rédaction. Mais dans l'ensemble, les IA restent des outils d’assistance, non de substitution. Un bon texte généré par l’IA nécessite presque toujours une réécriture à 70 à 95 %. Ceux qui en tirent le meilleur parti s’en servent pour gagner du temps, non pour déléguer leur pensée.

C’est une aide précieuse pour démarrer, mais c’est la nuance, le vécu et la vision des personnes qui feront la différence.