Changement d’identité pour Yousign. En effet, le spécialiste tricolore de la signature électronique va changer de nom au début de l’année prochaine. En 2026, il ne faudra donc plus appeler l’entreprise dirigée par Alban Sayag sous la dénomination Yousign, mais Youtrust. Un nom équivoque qui ne devrait pas semer trop le trouble auprès des clients de la société, qui passe de l’ère de la simple signature électronique à celle plus large de la confiance numérique.
Si Yousign change de nom, c’est parce que la signature électronique, qui faisait autrefois figure d’élément différenciant pour les entreprises, est devenue une commodité. Les clients de la société tricolore attendent dorénavant d’être accompagnés au-delà de la signature électronique. Cette dernière ne constitue désormais qu’une étape d’un processus plus large, qui inclut la vérification des identités et des documents, la certification et l’archivage.
«On sort d’une phase d’un peu plus de 10 ans où les entreprises se sont digitalisées. Ce qu’on a remarqué de pus de deux ans, c’est qu’elles se sont exposées à de nouvelles escroqueries, comme la falsification de documents digitalisés, la fraude digitale ou encore la contestation d’accords digitalisée. Et tout cela est est exacerbé par la montée de l’IA, qui facilite les fausses notes de frais ou deepkafes pour se faire passer pour quelqu’un d’autre», souligne Alban Sayag, CEO de Yousign.
«Notre nom devenait trop étroit par rapport à ce que nous faisons»
Dans ce contexte, changer de nom est apparu comme une évidence. «Ce qui nous a convaincu de changer, c’est quand le nom commence à être trop étroit par rapport à ce que nous faisons. Mais changer de nom, ce n’est pas simple. C’est comme arrêter de fumer, ce n’est jamais le bon moment !», lâche le patron de Yousign avec le sourire. Avant d’ajouter : «Nous avons tout fait pour réduire les risques liés à ce changement d’identité, cela va se faire de manière progressive. Il y aura une phase de 6 mois pour habituer le marché.»
Si la signature électronique constitue toujours le cœur du réacteur au sein de l’entreprise tricolore, deux autres axes ont pris de l’ampleur au cours des deux dernières années : «Verify» pour la vérification d’identité (KYC / PVID), de documents et de comptes bancaires pour lutter contre la fraude et renforcer la conformité, ainsi que l’offre «eSeal», qui repose sur un cachet électronique garantissant l’authenticité, l’intégrité et la valeur légale des documents au nom d’une organisation. L’appellation Yousign, bien identifiée sur le marché, sera logiquement conservée pour l’offre produit dédiée à la signature électronique.
«Avec l’ère Youtrust, nous faisons évoluer Yousign d’un spécialiste de la signature électronique à une plateforme européenne de confiance digitale.Notre mission est de construire les instruments de la confiance digitale pour les PME et ETI européennes. Concrètement, cela signifie offrir une plateforme souveraine qui permet de signer, vérifier et sceller les documents critiques, sans friction et en conformité avec les normes européennes», explique Alban Sayag, CEO de Yousign. Ce dernier rappelle qu’un salarié européen sur cinq a déjà été confronté à un document falsifié et que les régulations européennes se multiplient et se durcissent (eIDAS 2.0, directives AML, futur portefeuille d’identité numérique…).
Séduire plus d’ETI tout en répondant aux exigences des régulateurs
Avec cette plateforme élargie pour répondre aussi bien aux besoins métiers des entreprises et qu’aux exigences des régulateurs, la société espère séduire davantage d’ETI, notamment dans les secteurs des RH (contrats de travail signés, identités vérifiées et documents scellés), de la finance (mandats SEPA et IBAN vérifiés, processus KYC/KYB sécurisés), de l’immobilier (baux signés, justificatifs d’identité contrôlés, documents scellés électroniquement), de l’assurance (souscriptions et consentements avec vérification d’identité et signature qualifiée) et du juridique (mandats, NDA et contrats protégés par eSeal).
A ce jour, Yousign revendique plus de 30 000 entreprises clientes en Europe, ce qui lui a permis de toucher 280 000 utilisateurs en 2024. Outre la France, la société tricolore est présente en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et au Benelux. Elle espère porter la part de l’international dans le chiffre d’affaires de 20 % à 30 % d’ici 2028.
Pas de levée de fonds au programme, sauf…
Pour accélérer ce virage vers l’identité digitale, domaine qui a décidément le vent en poupe comme en témoigne le lancement du nouveau produit de Ledger il y a deux semaines, une levée de fonds pourrait-elle survenir dans les prochains mois. «Je ne pense pas, sauf pour réaliser des acquisitions. Yousign sera rentable sur la deuxième partie de l’année 2025 et nous avons encore beaucoup de cash de la série A», précise Alban Sayag.
Pour rappel, la société s’est déjà tournée vers la croissance externe, en rachetant en 2022 Canyon, une startup spécialisée dans l’automatisation de la gestion des contrats. Si des pépites européennes peuvent renforcer la nouvelle identité revendiquée par Yousign, le patron de l’entreprise française ne s’interdit pas de s’y intéresser.