Pour limiter la concurrence des mauvaises herbes, qui réduisent le rendement des récoltes de moitié, dégrade la qualité des productions et favorise la propagation des maladies et ravageurs, le désherbage s’impose comme un geste indispensable pour les agriculteurs. En 2023, la France a ainsi consommé 65 600 tonnes de produits phytosanitaires, dont près de 42% étaient des herbicides. Et malgré les objectifs de réduction portés par le plan Ecophyto, l’usage de ces substances a augmenté de 14% sur la dernière décennie.   

Pourtant de nombreuses études pointent désormais la nocivité de ces produits : contamination des sols, des eaux et de l’air, impacts sanitaires pour les agriculteurs eux-mêmes, et apparition de mauvaises herbes de plus en plus résistantes.

Ingénieur passé par l’industrie des gaz industriels, fils d’un père agriculteur en culture conventionnelle et d’une mère ingénieure agronome, et foncièrement blessé par la perception négative du secteur, Sébastien Gorry a décidé dès 2017 de réfléchir à une alternative concrète aux herbicides chimiques. En 2020, il cofonde Cyclair avec Camille Auger et Quentin Guillemot, réunissant des compétences en robotique, IA, agronomie et gestion opérationnelle.

Des robots herbicides destiné aux coopératives 

Convaincus, ce trio investit plus d’un million d’euros de fonds propres pour proposer des rovers. « Notre pari, c’est de proposer des robots vraiment pensés pour la grande culture : une solution concrète, performante et déployable à grande échelle, capable de remplacer les herbicides chimiques sur le terrain. » Les plateformes autonomes qu’ils conçoivent, se veulent être robustes et intelligentes, capables de désherber mécaniquement, avec une précision au centimètre, sans produit chimique grâce à l’IA et la vision 3D. 

« La solution Cyclair repose sur un robot capable de naviguer intelligemment dans les champs grâce à ce qu’il perçoit. Ses outils mécaniques de très haute précision lui permettent de cibler les mauvaises herbes sans intervention chimique. L’IA développée - et entraînée sur des millions d’images de champs -,le rend capable de reconnaître les structures végétales et de générer en temps réel la trajectoire du robot. La robotique applique ces instructions pour piloter au plus juste les outils sur les nuisibles. Le département mécanique conçoit, quant à lui, les outils robustes, et l’agronomie valide, en collaboration avec des coopératives, pour des modalités d’intervention efficaces pour chaque culture. »

Un premier modèle commercial  

Sa flotte compte aujourd’hui sept robots expérimentaux de 3 mètres et un modèle commercial de 7 mètres, le Rover GW, doté d’une largeur de travail de 5,80 mètres et de fait en mesure de désherber un plus grand nombre d’interrangs simultanément de jour comme de nuit sur toutes les cultures toute l’année. « L’objectif est de produire 10 exemplaires du GW d’ici 18 mois », précise le CEO. Conçu dès l’origine pour répondre aux exigences des vastes parcelles agricoles, ce mastodonte technologique se distingue par sa robustesse et sa polyvalence. Doté d’une autonomie impressionnante—jusqu’à 22 heures par jour—il peut traiter jusqu’à 28 hectares quotidiennement grâce à son débit de chantier optimisé. Le modèle s’adresse en priorité aux coopératives et ETA (entreprises de travaux agricoles) qui proposent ensuite la prestation aux agriculteurs, facilitant ainsi la mutualisation et l’usage à l’échelle.

Depuis sa création, Cyclair structure ses équipes autour de l’IA, la robotique, l’agronomie et la mécanique, réunissant 30 spécialistes. Les robots sont vendus entre 180 000 et 200 000 euros, et Cyclair génère aussi du revenu récurrent via la maintenance et des licences logicielles. « Nous ciblons les exploitations de polyculture de 200 à 1000 hectares qui utiliseront  le robot toute l’année », explique Sébastien.

Une campagne sur Sowefund pour scaler 

Les chiffres parlent  d’eux même. Après un investissement massif en fonds propres, les fondateurs ont levé, en seed, 2,3 millions d’euros en 2023 auprès de business angels, de deux coopératives COC et Cérèsia, mais aussi de la caisse régionale du Crédit Agricole et de fonds régionaux néo-aquitains. Et si aujourd’hui leur chiffre d'affaires s’élève à 400 000 euros, l’ objectif est d’atteindre les 2 millions dans les 18 mois et 13 millions en 2029. Deux contrats clés de distribution viennent d’ailleurs d’être signés en région Nouvelle-Aquitaine et Grand Est.

La levée en cours, qualifiée de « late seed » vise 3 millions d’euros dont 2 millions en capital et non-dilutif à laquelle s’adosse une campagne sur Sowefund. « La moitié des fonds va à l’industrialisation et la production des robots, l’autre à la certification selon la nouvelle réglementation européenne sur les machines autonomes et au déploiement du réseau commercial », détaille le cofondateur. 

La campagne participative, ouverte au grand public, incarne la volonté du trio de partager la valeur : « À l’heure des grands débats sur la Taxe Zucman, il est important 

de rappeler que le grand public a désormais accès à ce genre d’investissement et peut désormais profiter de la revalorisation… Partager la valeur avec ceux qui prennent un risque au début et qui vont pouvoir profiter de cette valorisation, je trouve ça extrêmement intéressant », insiste le CEO. 

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