Nouvelle levée de fonds pour Sunday. La fintech, qui permet de payer l’addition au restaurant en scannant un QR code, annonce une série B de 18 millions d’euros. DST Global Partners, investisseur historique, a participé à l’opération. Celle-ci intervient quatre ans après une série A spectaculaire de 85 millions d’euros.
Pour rappel, la société est née en pleine pandémie de Covid-19. Et au départ, il n’était pas question d’en faire un business à part entière. Il s’agissait seulement d’une initiative pour tenter de faciliter le quotidien du personnel alors que les contacts physiques avec la clientèle étaient fortement restreints pour éviter la propagation du virus. Mais contre toute attente, cette idée de QR code, technologie que l’on pensait obsolète, s’est transformée en succès inattendu, qui a poussé Tigrane Seydoux et Victor Lugger, les fondateurs du groupe de restauration Big Mamma, à voir plus loin.
«Atlanta, c’est la capitale de la fintech et de la foodtech»
Et pour cause, avec la solution qui donné lieu à Sunday, les tables tournaient beaucoup plus vite, ce qui permettait au personnel de mieux servir les clients, tandis que ces derniers, qui n’avaient plus à réclamer l’addition, donnaient davantage de pourboires. Comme cette innovation a permis à Big Mamma d’engranger jusqu’à 10 % de chiffre d’affaires supplémentaire, Tigrane Seydoux et Victor Lugger ont décidé d’en faire une véritable startup et se sont donc attachés les services de Christine Wendel, passée par Zalando et ManoMano, pour la faire grandir.
Quatre ans plus tard, et malgré des vents contraires économiques qui ont un temps contraint la société à réduire la voilure (20 % des effectifs licenciés en 2022, selon Les Échos), Sunday a bien grandi et compte désormais plus de 3 000 restaurants partenaires, dont 1 500 en France et 1 000 aux États-Unis. Sur le marché américain, où est basée la société, celle-ci nourrit de fortes ambitions. Pour prendre la mesure du potentiel à exploiter outre-Atlantique, Victor Lugger a d’ailleurs passé une année entière à Atlanta. «Avant de lever mon premier dollar, je me suis dit qu’il fallait que j’aille aux États-Unis. J’avais une compréhension dans les chiffres mais pas dans la chair de l’ampleur de ces marchés», confie-t-il. Avant d’ajouter : «Atlanta, c’est la capitale de la fintech et de la foodtech. La pizzeria au coin de ma rue là-bas faisait 9,5 millions de dollars de chiffre d’affaires. Il y a plus de restaurants qui font 15 millions de revenus à Tampa qu’à Paris. Je n’en avais pas complètement conscience avant d’y aller. Et chacune des villes comme Tampa représente un marché colossal.»
Accélération aux États-Unis et lancement aux Émirats arabes unis
Sunday entend donc mettre à profit sa série B pour continuer à s’étendre aux États-Unis, notamment à Los Angeles, à Austin, Washington, Philadelphie, Las Vegas ou encore Boston. Elle souhaite également se lancer aux Émirats arabes unis, notamment à Dubaï, destination business et touristique qui a le vent en poupe. Si la société a bouclé une levée de fonds, elle n’était pas pour autant en situation d’urgence pour obtenir de l’argent frais. «Nous avons eu une belle croissance sur l’année écoulée. Alors si on peut aller encore plus vite, autant en profiter ! Mais nous sommes très proches de la rentabilité», précise Victor Lugger. La société, qui compte 200 collaborateurs, assure avoir triplé son chiffre d’affaires au cours des douze derniers mois. Dans son portefeuille de clients, elle a notamment Groupe Bertrand, Paris Society et Le Paradis du Fruit.
Sunday entend profiter des prochains mois pour se diversifier davantage, notamment en s’intéressant aux restaurants étoilés ainsi qu’à la restauration rapide. Pour ce dernier segment, la société prévoit de déployer des kiosks dans plus de 300 lieux d’ici l’été prochain. Elle entend aussi lancer des menus dynamiques avec l’IA et intégrer des programmes de fidélité pour les chaînes d’une centaine d’établissements. «Avec ce tour de table, nous ne changeons pas de direction, nous appuyons sur l’accélérateur ! Objectif : doubler notre chiffre d’affaires, notre volume de clients et l’adoption de nos produits d’ici l’été 2026», indique Victor Lugger. Sunday a déjà de la suite dans les idées et vise un milliard d'utilisateurs chaque année dès 2028, contre 80 millions à l’heure actuelle.