Après avoir bouclé le closing final de son troisième fonds dédié aux PME et ETI profitables de la tech, ISAI revient à ses premiers amours avec la mise sur orbite de son quatrième véhicule d’investissement early-stage. Baptisé «ISAI Venture IV», il est doté d’une enveloppe initiale de 75 millions d’euros. Le closing final est attendu à 100 millions d’euros.
Avec ce nouveau véhicule d’investissement, l’objectif est d’injecter des tickets compris entre 1 et 3 millions d’euros dans des startups qui ont déjà un produit disposant d’une traction commerciale sur le marché. 10 % du fonds sera dédié au pré-seed, avec des tickets allant de 100 000 à 500 000 euros, pour permettre à ISAI d’avoir un rôle de «super angel» auprès de jeunes pousses embryonnaires au potentiel prometteur. Si plus de 80 % des investissements seront réalisés en France, le reste permettra de soutenir des startups fondées par des Français à l’international, surtout aux États-Unis.
Miser sur les «vendeurs de pelles» plutôt que les «chercheurs d’or»
Surtout, ISAI veut s’appuyer sur ce nouveau véhicule d’investissement pour miser davantage sur les «vendeurs de pelles» plutôt que les «chercheurs d’or». «Quand certains misent sur la hype du moment, on préfère les choses pour lesquelles personne ne soupçonne la profondeurs lorsque l’on investit dans celles-ci», résume Jean-David Chamboredon, co-fondateur et président exécutif d’ISAI.
Si le portefeuille du nouveau fonds aura forcément de forts accents autour de l’IA, ISAI veut continuer à investir dans des projets SaaS et marketplaces, deux thématiques historiques de cet acteur tricolore du capital-risque né en 2009. L’investisseur cite notamment Cardiologs comme exemple à suivre au niveau de la thèse d’investissement du fonds. «En 2015, on ne parlait quasiment pas d’IA», lance avec le sourire Jean-Patrice Anciaux, General Partner d’ISAI.
«J’ai le sentiment d’une reprise du business»
Si les vents contraires économiques et politiques se sont multipliées ces derniers mois, Jean-David Chamboredon, qui assure que Gabriel Zucman a refusé de débattre avec lui lors du FDDAY (c’est Philippe Aghion qui avait donné la réplique à l’économiste dont la taxe qui porte son nom a été rejetée par les députés), veut croire à un élan d’optimisme en cette fin d’année. «Le lancement de ce fonds, plutôt en bas de cycle, intervient à un très bon moment pour saisir des opportunités nouvelles qui ne manqueront pas d’être nombreuses notamment du fait de la révolution», assure-t-il. Avant d’ajouter : «J’ai le sentiment d’une reprise du business, avec un deal flow qui revient et des levées de fonds mid-stage qui sont bouclées.»
En tant que figure du mouvement des Pigeons en 2012, l’investisseur français a forcément un regard avisé sur les débats parlementaires autour du budget 2026. Face au spectre de mesures qui pourraient impacter négativement les entrepreneurs, Jean-David Chamboredon ne prévoit de lancer un nouveau mouvement des Pigeons. Mais il formule un vœu en vue de l’élection présidentielle de 2027 : «J’espère que les entrepreneurs pèseront dans la campagne. Peut-être qu’il n’y aura pas forcément un candidat entrepreneur, mais je pese qu’il peut y avoir un mouvement des entrepreneurs pour éviter aux candidats de sombrer dans la démagogie.» En attendant, Jean-Patrice Anciaux estime qu’il serait particulièrement mal venu d’enrayer la dynamique entrepreneuriale de la France dans le contexte actuel. «Ce n’est pas le moment pour la France et l’Europe de tomber dans les oubliettes de l’histoire», juge-t-il.