“Transformer l’élan en résultats” : telle est l’ambition affichée par la huitième édition du programme d’accompagnement Femmes Entrepreneuses d’Orange, dont les candidatures sont ouvertes jusqu’au 31 décembre 2025. L’occasion de questionner la place des femmes dans l’écosystème tech francilien et d’explorer les leviers concrets pour renforcer leur présence.
Comment attirer davantage de talents féminins vers la création de startups ? Comment les soutenir dans les moments clés, élargir leur réseau et faciliter l’accès aux décideurs ? Quels dispositifs permettent de créer de véritables passerelles vers les marchés visés ? Karine Dussert-Sarthe, Directrice Orange Île-de-France nous livre ses réponses et sa vision.
Maddyness : La 8ème édition du programme Femmes Entrepreneuses d’Orange a été lancée début novembre : pouvez-vous nous rappeler en quelques mots l’ambition et la philosophie de ce dispositif ?
Karine Dussert-Sarthe : L’ambition de ce dispositif lancé en 2018 est de favoriser la croissance de startups dirigées par des femmes dans la tech et la tech for good. Le programme s’adresse à des fondatrices ou cofondatrices de startups déjà établies et soutenues financièrement, qui veulent accélérer leur développement en France et à l’international.
Sa philosophie tient en trois principes. D’abord, un accompagnement opérationnel de proximité sur les métiers d’Orange : marketing, communication, opérations avec du mentoring et l’accès aux experts. Ensuite, une personnalisation grâce à des ateliers sur mesure, parce que chaque startup a son propre rythme de croissance et ses priorités. Enfin, la puissance du collectif : des liens qui se tissent, des retours d’expérience sans détour, un réseau qui ouvre des portes. En tant qu’acteur de l’écosystème de la French Tech, Orange accompagne ces dirigeantes pour changer d’échelle en leur apportant visibilité, connexions business, mentorat et accès aux décideurs.
Comment se démarquer parmi les centaines de candidates attendues ?
Nous privilégions des startups technologiques (réseaux, IT, cloud, cybersécurité, IA/GenIA, IoT…). La maturité commerciale compte. Nous cherchons des entreprises avec un produit ou service déjà commercialisé, des premiers clients et une trajectoire crédible pour passer à l’échelle. Les projets “deeptech” sont les bienvenus lorsqu’ils sont prêts à conquérir leur marché.
L’an dernier, nous avions reçu plus d’une centaine de candidatures pour 17 lauréates. Celles qui émergent allient vision, exécution solide et lucidité sur leurs priorités d’accélération. La diversité des parcours au sein de la promotion est un atout qui nourrit l’intelligence collective du groupe et les échanges.
Au sein du jury francilien, nous cherchons des startups qui incarnent toute la diversité et la mixité sociale de l’Île-de-France. Nous sommes aussi attentifs à leur capacité à adresser des marchés B2B exigeants, à interagir avec les grands comptes et institutions basés en Île-de-France, et à démontrer un ancrage territorial, Paris intra-muros comme petite et grande couronne.
De quel type d’accompagnement bénéficie-t-on avec ce programme ?
L’accompagnement dure un an, avec une communauté d’Alumni qui prolonge la dynamique dans le temps. Concrètement, nous proposons un parcours sur-mesure et en proximité, autour de jalons qui rythment l’année : on-boarding national, masterclass, ateliers en région, participation aux temps forts comme VivaTech et un séminaire en fin de saison. Les lauréates bénéficient d’une forte visibilité, de prises de parole et de mises en relation business.
Elles montent en compétences grâce à des ateliers et des masterclass et un mentorat qui touche autant la stratégie, le financement, le go-to-market et la structuration commerciale que le leadership et le développement personnel. Enfin, nous créons des passerelles avec les équipes Orange (Innovation, RSE…) pour identifier des cas d’usage, des références clients et des leviers clés d’accélération.
En tout, plus de 700 lauréates dont 100 en Ile de France ont été accompagnées : quel bilan en tirez-vous jusqu’à présent ?
Le bilan est très positif et, surtout, concret. Depuis son lancement, le programme au niveau national a déjà généré la création de plus de 200 emplois par an au sein des startups accompagnées. Environ 35 % des lauréates ont levé des fonds et près de 30 % ont changé d’échelle commerciale.
Les profils de 2025 illustrent la richesse des secteurs : cybersécurité et confiance numérique avec Open Sezam et ShareID, IA et data avec Seedext et HEDI, santé digitale avec Gynger et May, legaltech avec Octolo, logistique avec ex9, HRTech avec Destinees, ou encore inclusion, communication et industrie créative avec Heria, NuVoice, LENA IT, LBOO, Neeedco et Ma vie en LIVRE. Cette diversité nourrit l’ambition de chacune et renforce l’impact du collectif.
Pourquoi est-ce important pour Orange de soutenir les femmes entrepreneuses dans le numérique ?
Il s’agit d’un enjeu de compétitivité, d’innovation et d’utilité sociale. Les chiffres sont sans appel : seulement 10 % des startups sont fondées par des femmes en France. Face à cela, nous avons une responsabilité d’agir : c’est ce que nous faisons au travers du programme Femmes Entrepreneuses.
En Île-de-France, où se concentrent de nombreux sièges d’entreprises et institutions, notre rôle est d’ouvrir des portes aux fondatrices : accès aux décideurs et aux cas d’usage. Plus nous créons des passerelles, plus nous raccourcissons le délai entre l’innovation et son adoption à grande échelle.
Quels sont selon vous les défis qu’il reste à relever en la matière ?
Trois défis persistent. Le premier concerne le financement : la part des montants levés par des fondatrices a reculé à 0,5 % en 2024 en Europe. Le second est celui de la sous-représentation dans la création et la direction d’entreprises tech, malgré quelques progrès. La solution passe par des jurys et des comités d’investissement plus mixtes, et des objectifs assumés de diversité. Encourageons l'ambition, l'audace, la créativité chez nos filles et toutes les femmes de la société. Le troisième est opérationnel : accéder aux clients, raccourcir les cycles de vente, gagner en exposition médiatique. D’où l’importance d’un accompagnement qui combine visibilité, connexions business, professionnalisation commerciale et coaching de négociation.
Créer un réseau de femmes entrepreneuses est-il aussi l’une des clés à terme ?
Oui, c’est même un facteur multiplicateur. Un réseau solide accélère l’accès à l’information, renforce la confiance et ouvre des opportunités.
Les rôles modèles ont un impact fondamental : voir des fondatrices réussir en IA, en cyber, en santé digitale ou en industrie permet de se projeter. Le programme Femmes Entrepreneuses est un des piliers de l'ambition d’Orange de mixité dans le numérique autour de l’appellation “Hello Women” : il fait émerger de nouvelles figures inspirantes, consolide la confiance et alimente l’attractivité des carrières tech. La communauté des Alumni des Femmes Entrepreneuses, très active, prolonge cette dynamique et crée un effet d’entraînement qui dépasse largement la saison en cours.
Comment imaginez-vous la place des femmes dans la tech française dans les 10 prochaines années ?
Le déséquilibre dans la représentation des femmes dans la tech nous concerne tous, et chacun a un rôle à jouer, grandes entreprises, institutionnels, acteurs de l’écosystème, car la diversité est un levier essentiel de performance et d’innovation. Cependant, il est important de garder à l’esprit que renforcer la place des femmes dans la tech nécessitera du temps et de la patience.
Chez Orange, nous continuerons à repérer, accompagner, connecter et donner de l’écho aux talents. L’appel à candidatures de la saison 8 est ouvert jusqu’au 31 décembre 2025 pour sélectionner 100 nouvelles cheffes d’entreprise sur l’ensemble des régions.