C'est aujourd'hui le graal recherché par les entrepreneurs de la tech américaine : vivre en bonne santé le plus longtemps possible. Cette tendance de fond, et recherché par de plus en plus de personnes, a permis à plusieurs startups d'éclore, notamment en France, comme celle d'Ismaël Emelien, l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron, avec sa startup Zoi, ou encore la startup Kor qui a levé plusieurs millions d'euros l'année dernière.

Dernière en date : Lucis. Le point de départ de cette dernière part d'un constat simple, mais encore peu adressé à l’échelle européenne. « Aujourd’hui, notre système de santé est très performant pour soigner, beaucoup moins pour prévenir », résume Maxime Berthelot, CEO et cofondateur. « Pourtant, quand on veut avoir une vision globale de son état de santé, la prise de sang reste le meilleur raccourci. Le problème, c’est l’accès, le coût et surtout l’interprétation », poursuit-il.

Fondée en France, passée par Y Combinator, Lucis se positionne sur ce chaînon manquant. La startup ne se présente pas comme un acteur médical et ne délivre ni diagnostic ni prescription. « Nous sommes une plateforme de prévention et d’éducation à la santé », insiste son fondateur. « Notre objectif n’est pas de détecter des maladies, mais de comprendre où en est votre santé aujourd’hui et comment l’améliorer », précise-t-il.

Biomarqueurs, IA et lecture humaine

Le produit repose sur un abonnement annuel, affiché à 490 euros sur le site de Lucis. Il inclut deux bilans biologiques par an : un premier, très complet, avec environ 120 marqueurs, puis un second six mois plus tard pour suivre l’évolution dans le temps. « Ce qui est intéressant en santé, ce n’est pas seulement une photo à un instant T, mais la trajectoire », souligne Maxime Berthelot. « C’est comme ça qu’on identifie des déséquilibres progressifs et qu’on peut agir en amont », ajoute-t-il.

Les prélèvements sont réalisés via un réseau de laboratoires partenaires, complétés par des échantillons salivaires et urinaires. Les données sont ensuite croisées avec des questionnaires, des informations issues d’objets connectés et des bases de connaissances scientifiques. L’IA intervient pour analyser les corrélations et prioriser les signaux, avant une validation systématique par l’équipe médicale.

« L’IA ne remplace pas le médecin, elle le rend plus rapide et plus pertinent », explique le dirigeant. À la clé, un compte rendu structuré et un plan d’action personnalisé, organisé autour de plusieurs piliers comme la nutrition, l’activité physique, le sommeil ou la santé mentale.

Un marché européen en phase d’éveil

Avec cette levée de 8,5 millions de dollars, Lucis franchit un cap stratégique. Le tour est mené par General Catalyst, avec la participation de Y Combinator, Kima Ventures, Motier Ventures, 199 Ventures, Source Ventures, Stake Capital et plusieurs business angels. « Avant Y Combinator, jamais nous n'aurions imaginé réunir un tel tour de table », reconnaît Maxime Berthelot. « Le programme nous a ouvert un réseau, mais nous a aussi aidés à structurer notre vision », poursuit-il.

La startup revendique aujourd’hui environ 3 000 clients et une présence dans quatre pays européens : France, Royaume-Uni, Irlande et Portugal. Son ambition est claire : être présente dans une dizaine de pays d’ici 2026. « L’Europe est notre marché naturel », affirme le fondateur. « On est au début d’une courbe de maturité comparable à celle qu’ont connue les États-Unis il y a quelques années », projette-t-il.

Lucis observe d’ailleurs un élargissement de sa base d’utilisateurs, bien au-delà des profils technophiles. Problèmes digestifs, fatigue chronique, inflammation, sujets hormonaux ou liés à la ménopause, la prévention attire un public plus large, notamment féminin.

Reste la question de l’accessibilité. « 490 euros, c’est un budget, nous en sommes conscients », admet Maxime Berthelot. « Notre objectif, à terme, est de travailler avec des assurances et d’autres acteurs pour rendre ce type de suivi accessible au plus grand nombre », confie-t-il.En toile de fond, Lucis défend une vision complémentaire du système de santé existant. « La prévention ne doit pas s’opposer au modèle actuel, mais venir s’y adosser », conclut le CEO.