N26 poursuit sa réorganisation alors que la pression de la BaFin s’intensifie. En effet, la banque en ligne berlinoise a annoncé l’arrivée de Mike Dargan au poste de PDG. Il prendra ses fonctions en avril 2026. Néanmoins, cette nomination reste soumise à l’approbation du régulateur allemand, qui ne manquera pas d’accorder une attention particulière à cette proposition pour prendre les manettes d’une entreprise actuellement dans la tourmente.
Pour mener à bien sa mission à la tête de N26, Mike Dargan pourra s’appuyer sur une expérience de près d’une décennie au sein de la banque suisse. Il en était le directeur des opérations et le CTO. La tâche n’est pas aisée pour le dirigeant qui débarque dans la néobanque allemande dans un contexte délicat. «C’est le début d’une nouvelle aventure pour moi : une nouvelle opportunité, une nouvelle banque et un modèle économique refondé», a estimé le futur patron de N26.
Valentin Stalf contrant de lâcher les commandes
Sous la pression des actionnaires, échaudés par les lacunes mises en lumières par la BaFin, Valentin Stalf, co-fondateur et co-CEO de l’entreprise, avait été contraint de se mettre en retrait en août dernier. Marcus Mosen, l’ex-président du conseil de surveillance, assurait l’intérim en attendant l’arrivée d’un nouveau capitaine pour fixer le prochain cap de N26.
Comme Maximilian Tayenthal, l’associé de Valentin Stalf, avait été épargné cet été, c’est donc une large page de l’histoire de N26 qui va se tourner avec l’entrée en fonction de Mike Dargan au printemps 2026. «Valentin Stalf et moi-même avons fondé N26 en 2013 avec l’ambition de transformer le secteur bancaire. Ces dix dernières années, N26 a concrétisé cette vision et s’affirme aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs de la banque numérique en Europe. Pour les dix prochaines années, je suis convaincu que confier N26 aux mains expertes de Mike est une excellente décision», a déclaré Maximilian Tayenthal pour saluer cette nomination.
La BaFin maintient la pression sur N26
Néanmoins, cette dernière n’est pas le choix du cœur pour le co-fondateur de N26. Dans le collimateur de la BaFin, la banque en ligne berlinoise a été sanctionnée à plusieurs reprises. Au-delà de plusieurs amendes (4,3 millions d’euros en 2021 et 9,2 millions d’euros en 2024), elle avait subi des restrictions pour brider sa croissance, le régulateur estimant que la société n’en faisait pas assez en matière de lutte anti-blanchiment et de gestion des risques.
Visiblement, le compte n’y est toujours pas pour la BaFin, qui vient une nouvelle fois de taper du poing sur la table. Ce lundi, elle a annoncé avoir imposé de nouvelles restrictions et la nomination d’un représentant spécial, chargé de surveiller la mise en œuvre de ces mesures et d'en rendre compte au superviseur. De plus, N26 ne peut plus exercer de nouvelles activités de crédit hypothécaire aux Pays-Bas.
Andreas Dombret, nouveau président du conseil de surveillance
Dans ce contexte délicat, la nouvelle gouvernance de N26 sera attendue au tournant. En novembre, c’est Andreas Dombret, un vieux briscard du monde bancaire passé par Deutsche Bank, Rothschild, JP Morgan et Bank of America, qui a pris la présidence du conseil de surveillance de la néobanque allemande. Ce dernier ayant été membre du directoire de la Bundesbank entre 2010 et 2018, son expertise en matière de supervision financière devrait être cruciale pour calmer la colère de la BaFin à l’égard de N26. «Mike Dargan apportera une expertise sectorielle pointue, une solide expérience dans les fonctions de direction exécutive et une vision claire pour conduire l’évolution de l’entreprise, au moment où N26 entame un nouveau chapitre de son histoire», a-t-il déclaré.
Ces dernières années, la néobanque a pris plusieurs longueurs de retard sur Revolut, son principal rival en Europe qui compte 65 millions de clients dans le monde et dont la valorisation (65 milliards d’euros) le place à des hauteurs similaires de celles de géants bancaires du Vieux Continent. A ce jour, N26 revendique plus de 7 millions de clients dans 24 pays européens.