22 février 2021
22 février 2021
Temps de lecture : 3 minutes
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La crise amplifie les inégalités entre les femmes et les hommes au travail

Si la crise a affecté les trajectoires professionnelles et le moral de tous les salariés en France, les femmes ont été encore plus profondément touchées par les effets néfastes de la situation sanitaire et économique.
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Plus d’un tiers des salarié·e·s français·e·s estime que l’épidémie de Covid-19 a des conséquences négatives sur leurs perspectives de carrière, selon la dernière enquête de Boston Consullting Group (BCG) et d’Ipsos, intitulée "Crise de la COVID-19 : un retour en arrière pour la parité hommes-femmes au travail ?" . Réalisée auprès de plus de 2000 salarié·e·s, avec une parité parfaite entre femmes et hommes, cette étude révèle également que 70% des personnes sondées se trouvent fréquemment en situation d’anxiété, à cause de la crise en général, mais aussi de la généralisation du travail à distance.

Si ce constat touche l’ensemble de la masse salariale, les effets de la crise sanitaire sur le travail des Français·e·s semble inégalement répartis au sein de la population active. En effet, 60% des femmes dans le secteur privé ont confiance en leur avenir professionnel, soit 15% de moins que les hommes, selon les résultats de l’enquête. Les femmes sont aussi 13% de moins à avoir entretenu leur réseau professionnel depuis le début de la pandémie, et 29% de moins à avoir pris la parole en réunion.

Le principal élément qui accentue les différences et inégalités entre femmes et hommes concernent leur rapport au télétravail. L’enquête mentionne que ces dernières sont 1,3 fois moins nombreuses à disposer d’un espace de travail isolé et qu’elles ont, en moyenne, 1,5 fois plus de risques d’être fréquemment interrompues dans leur travail lorsqu’elles travaillent de chez elles. Un contexte compliqué qui explique que les salariées interrogées aient 1,3 fois plus de chance d’être en situation d’anxiété que les hommes.

L’augmentation des tâches domestiques vient aussi alourdir une charge mentale déjà accrue, qui pèse sur les salariées quand elles font du home office. "Le modèle 100% à distance a ses limites et l’évolution des modes de travail post crise doit tenir compte de l’impact sur la diversité et les talents féminins. La crise a révélé et creusé davantage l’écart entre hommes et femmes dans la vie professionnelle" , déclare Jessica Apotheker, directrice associée au BCG.

Alors comment s'assurer que les femmes cadres entre 25 et 40 ans ne soient pas une génération perdue ? Sans prise de conscience de la part des entreprises et de la société, sans attention particulière portée à l’accompagnement de carrière des femmes, on risque de ne pas sortir par le haut de la crise.

Un manque de suivi pour prévenir les risques

Parmi les 2000 des personnes interrogées, 56% affirment qu’aucune mesure ni programme d’accompagnement n’ont été mis en place pendant la crise sanitaire et les différents confinements pour s’assurer de l’état psychologique et moral des salarié·e·s. Le BCG et Ipsos devoile pour finir une série de recommandations, aussi bien pour les entreprises que pour la société en général. Pour les sociétés, elle recommande vivement de prévenir le risque de décrochages en établissant des initiatives, individuelles et collectives, pour accompagner les collaborateur·rice·s - soutien psychologique, horaires flexibles, coaching, dispositifs pour les parents…-. BCG conseille aussi aux entreprises de prendre en compte l’impact différencié des modes de travail - du télétravail notamment - faisant courir plus de risques aux talents féminins.

L’enquête invite également la société dans son ensemble à se saisir de ces enjeux nouveaux. En terme de santé publique, la recommandation consiste à s’emparer des nouveaux risques psychosociaux qui ont émergé en même temps que l’épidémie de Covid-19. BCG et Ipsos appellent aussi à une prise de conscience du fait que ces dangers pèsent davantage sur les femmes. Une réelle menace qui assombrit les efforts faits en termes de parité avec une persistance voire une aggravation de certains déséquilibres.