Avec une demande qui a grimpé en flèche depuis l’arrivée de ChatGPT fin 2022, l’intelligence artificielle nécessite des quantités d’énergie toujours plus colossales. Comme les ressources énergétiques ne sont pas illimitées et que l’engouement pour l’IA ne risque pas de s’estomper de sitôt, la startup francilienne Arago tente d’adresser cette problématique. Pour cela, elle mise sur la photonique.

Aujourd’hui, la société, fondée en avril 2024 par Nicolas Muller, Ambroise Müller et Eliott Sarrey, annonce un tour de table de 26 millions de dollars mené par les fonds Earlybird, Protagoniste et Visionaries Tomorrow. Generative IQ et C4 Ventures ont également participé à l’opération, tout comme des figures de la tech, à l’image de Bertrand Serlet, ancien vice-président chez Apple et co-fondateur de Fungible, Christophe Frey, directeur général d'ARM, Olivier Pomel, co-fondateur de Datadog, ou encore Thomas Wolf, co-fondateur de Hugging Face.

Une puce 10 fois moins énergivore que les GPU du marché

Ce financement doit permettre à Arago, qui figurait dans la dernière promotion du Future 40 de Station F, de mener à bien sa mission initiale, à savoir mettre sur le marché un processeur photonique baptisé «JEF». Celle-ci repose sur l’utilisation de lasers pour traiter les données avec des photons, des particules de lumière qui génèrent beaucoup moins de chaleur que les électrons présents dans les processeurs traditionnels.

De cette manière, la puce développée par la jeune pousse tricolore est en mesure d’offrir une consommation énergétique dix fois inférieure à celle des GPU actuellement sur le marché. Une aubaine à l’heure où les processeurs classiques basés sur des semi-conducteurs qui sont très gourmands en énergie. Or avec une demande en puissance de calcul toujours plus importante, trouver une voie alternative semble plus jamais nécessaire. Dans ce contexte, miser sur la lumière permet de surmonter les limites de calcul et de mémoire. Avec son approche, Arago se positionne ainsi face aux mastodontes des puces IA comme Nvidia et AMD.

«Pour créer un produit non seulement performant, mais aussi véritablement utilisable, il est essentiel de comprendre en profondeur les contraintes liées à l'intégration d'un composant basé sur un principe de calcul différent dans l'écosystème global. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que l'écosystème s'adapte. Notre technologie doit être compatible avec tous les éléments, des processus de fabrication à la couche logicielle d'IA, dès le premier jour», estime Nicolas Muller, co-fondateur et CEO d’Arago.

«Arago crée un moment DeepSeek pour les puces d'IA»

Pour l’heure, la puce «JEF» est à l’état de prototype. Mais les investisseurs sont d’ores et déjà convaincues qu’elle pourrait bouleverser le marché des puces dédiées à l’IA. «Arago crée un moment DeepSeek pour les puces d'IA. Cette technologie a le potentiel pour défier les lois de l'IA, en utilisant seulement une fraction des ressources», assure Hendrik Brandis, co-fondateur d'Earlybird.

Pour poursuivre le développement de cette technologie et l’imposer comme un nouveau standard sur le marché, Arago entend s’appuyer sur son tour de table. Ce dernier permettra notamment d’étoffer les effectifs de la société en France, en Amérique du Nord et en Israël et de nouer des partenariats en vue de la commercialisation de sa puce photonique novatrice.