1. Posez les bases noir sur blanc

Créer une entreprise avec ses proches ne doit jamais se faire à la légère. Chez Leexi - une startup spécialisée dans la retranscription automatisée de réunions - la famille Lombard a pris le temps de tout cadrer. “Avant de créer l’entreprise, on a eu deux réunions très longues où on a mis sur papier la culture, la mission, la vision et les objectifs des actionnaires. Ce qu’on voulait et ce qu’on ne voulait pas”, explique Xavier Lombard. Résultat : une gouvernance claire, une équipe soudée et un cap partagé. Même exigence chez Anod - une startup spécialisée dans la mobilité urbaine - où Arnaud Malrin a fixé dès le départ le cadre de sa collaboration avec son père. “C’est moi qui prends les décisions même si on n’est pas d’accord. Il est là pour m’aider à réussir.”

2. Bien se connaître, pour mieux se compléter

Entreprendre en famille, c’est miser sur une confiance absolue. Mais c’est aussi confronter des styles, des rythmes, des visions du travail parfois très différents. Pour Xavier Lombard, cette diversité familiale est un atout. “On a des caractères très différents, c’est un plus, une richesse.” Et chacun couvre un pan essentiel de l’entreprise. Pour éviter les tensions, chacun a ses repères. Carole, son épouse et cofondatrice, travaille à distance. Matthieu, l’un de leurs fils, a besoin d’un bureau à part. “Être attentif aux besoins individuels dans une famille, c’est encore plus important”, insiste-t-il. Chez Anod, la complémentarité est moins une affaire de génération que de regard sur l’entreprise. “C’est surtout un sujet de parcours. J’ai un regard très entrepreneurial, lui a dirigé un groupe de 2500 personnes. On a un regard croisé sur notre activité”, affirme Arnaud Malrin.

3. Délimitez les rôles, même à la maison

Si la frontière professionnelle et personnelle est souvent poreuse dans l’entrepreneuriat, elle l’est d’autant plus en famille. “Au départ, c’était compliqué de ne pas parler de travail, en particulier pendant les vacances. On avait imposé une règle : pas un mot sur l’entreprise. Petit à petit, cela a évolué car tout le monde est passionné”, détaille le cofondateur de Leexi. Les Malrin, quant à eux, ont fait le choix de ne pas instaurer de séparation stricte. “Tout se fait naturellement. Mes parents ont toujours parlé de leur travail, on parlait de notre journée. Cela a toujours été quelque chose d’important.”

4. Préparez-vous à la “vallée de la mort”

Aucune entreprise n’échappe aux passages à vide, notamment au début. Mais en famille, la moindre tension peut avoir des répercussions plus profondes. “On est passé par la vallée de la mort pendant environ un an. On a eu assez peu de tensions car l’une de nos règles, c’est l’unanimité. Si on n’a pas, on ne fait pas”, témoigne Xavier Lombard. Cette gouvernance à quatre voix a permis d’éviter des conflits majeurs. Chez Anod, les désaccords existent aussi depuis le début mais la répartition des rôles les rend constructifs. “On n’est clairement pas toujours d’accord. Dans ces cas-là, on discute beaucoup. Mais à la fin, il y en a un qui est responsable. C’est ça qui définit les rôles aussi”, souligne Arnaud Malrin.

5. La famille n’est pas un bouclier, c’est un socle

Entreprendre en famille ne signifie pas se retrancher derrière les liens du sang. Chez Leexi, pas de traitement de faveur ni de logique clanique. “On ne se présente pas en disant “c’est mon père” ou “c’est mon fils”. Chacun est attendu au plus haut niveau dans son domaine”, décrit Xavier Lombard. Une exigence de professionnalisme qui, selon lui, a contribué à la solidité de l’entreprise : 36 salariés, 28 CDI, aucun départ depuis la création. Chez Anod, la posture est similaire, même si elle s’exprime autrement. Arnaud Malrin revendique une confiance totale, nourrie par une culture familiale de l’échange. “On peut se dire tout, on peut s’engueuler, mais pour autant, c’est impossible de se fâcher dans la durée.” 

Associer ses proches n’est donc pas qu’une affaire de transmission ou de confort. C’est un vrai choix stratégique, qui exige rigueur, maturité et sincérité. Xavier Lombard en est convaincu. “On va plus vite. On fonctionne très bien ensemble et on a réussi à rester très alignés au niveau des intérêts.” Et Arnaud Malrin de conclure : “Savoir pourquoi on le fait est essentiel.”