La promesse était ambitieuse, elle se sera finalement soldée par une immense déception. En effet, Ÿnsect, le spécialiste français de la production de protéines à base d’insectes, ne verra pas 2026. Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise à l’issue d’une audience qui s’est tenue le 1er décembre. Cette décision laisse les 43 derniers salariés d’Ÿnsect sur le carreau. La société avait jusqu'à fin janvier 2026 pour trouver des investisseurs ou des repreneurs.

Alors que sa survie ne tenait plus qu’à un fil, la société s’était placée sous la protection d’une procédure de sauvegarde en septembre 2024. Une décision pour gagner un peu de temps en vue de trouver une solution à ses problèmes financiers en opérant une restructuration de ses activités. Néanmoins, la situation continuait de se dégrader et l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire en début d’année. Mais ni le licenciement de près de 140 salariés au printemps, ni la prolongation de la période d’observation n’auront permis d’inverser la tendance.

Une ferme verticale XXL inaugurée en 2021

A l’entame du calendrier de l’Avent, le tribunal de commerce d’Évry a décidé d’acter ce qui était désormais inéluctable. Ÿnsect avait vu trop grand trop vite. Et les plus de 550 millions d’euros levés depuis sa création en 2011 laissent probablement de sacrés maux de têtes aux investisseurs qui vouloir dans l’entreprise un symbole du renouveau industriel de la France.

La liquidation judiciaire va entraîner de facto la fermeture de sa ferme verticale de Poulainville (Somme) qui s’étale sur 45 000 mètres carrés. Inaugurée en 2021, elle devait permettre d’atteindre à terme une capacité de production de 200 000 tonnes d’ingrédients par an. Il s’agissait de la plus grande ferme verticale au monde dédiée à la production de protéines alternatives pour l'alimentation animale. Quant à l’autre site d’Ÿnsect, dans le Jura, il va être repris par Antoine Hubert, co-fondateur de l’entreprise, via sa nouvelle startup Keprea, révélée par Maddyness.

Forcément, cette décision laisse un goût amer à Emmanuel Pinto, président d’Ÿnsect depuis avril dernier. Il avait remplacé Shankar Krishnamoorthy, nommé à l'été 2023. Arrivé en tant que pompier de service, il n’a pu empêché la chute de la société malgré ses efforts ces derniers mois pour tenter de convaincre des investisseurs de renflouer Ÿnsect. «L’entreprise dispose désormais de technologies et d’un modèle opérationnel solides, même si les financements requis n’ont pu être réunis dans les temps. Nous espérons que les grandes compétences techniques et industrielles développées par les équipes d’Ÿnsect, comme les relations commerciales établies, trouveront un usage productif et pourront contribuer utilement à la fois à l’indépendance protéique de l’Europe et également à la lutte contre le changement climatique», a réagi Emmanuel Pinto. Un discours en forme d’héritage qui poussera peut-être un autre entrepreneur de la French Tech à lancer une nouvelle aventure dans ce secteur gourmand en cash ?